LA MENACEUSE

Année : 1709

 

P.1054

Huile sur toile
H. 68,5 ; L. 56,5 cm
Aix-en-Provence, musée Granet. Inv. 880-1-20

Sign. v° : « Fait par Hyacinthe Rigaud, 1708 »

Historique :

Paiement inscrit aux livres de comptes en 1709 pour 1400 livres (ms. 624, f° 29 v° : « La menasseuse [rajout : menaceuse] pour le même M[onsieu]r Boucher ») ; collection Nicolas Jacques Boucher ; par héritage à sa veuve, Anne Louise Langlois ; ancienne collection marquise de Gueidan ; legs, famille Gueidan, 1880).

Bibliographie :

Roman, 1919, p. 146 ; ély, 1988, p. 17-18 ; Coquery, 1997, p. 72, n° 90, p. 243 [James] ; Perreau, 2004, p. 174-176 ; Perreau, 2013, cat. P.1054, p. 216 ; James-Sarazin, 2016, II, cat. NP.15, p. 581.

Expositions : 

Nantes-Toulouse, 1999, n°90 ; Toulouse, 2015-2016, cat. 9, p. 110-111.

Œuvres en rapport :

  • 1. Huile sur toile, suiveur de Rigaud, H. 73 ; L. 59 cm. Loc. inc. (vente Versailles, Palais des Congrès, 7 avril 1974, lot 29).
  • 2. Huile sur toile, suiveur de Rigaud, H. 50 ; L. 41 cm. Loc. inc. (vente Philipps, Londres, 27 février 1990, lot 37).
  • 3. Huile sur toile, suiveur de Rigaud (var.), H. 63 ; L. 51 cm. Collection particulière (vente Paris, hôtel Drouot, Beaussant Lefevre, 6 juillet 2012, s.n.).

Descriptif :

Tout à fait unique dans l’œuvre de Rigaud par son sujet et son prix élevé pour un petit format, La Menaçeuse appartient à ces figures de fantaisie héritées de Gérit Dou et dont Jean-Baptiste de Santerre se fera le spécialiste.

À la fois portrait et sujet anonyme, cette jolie femme à demi dénudée, toise le spectateur. L'épaule généreuse et le sein découvert jusqu'au mamelon, elle lève sa main gracile, tendant un doigt avertisseur qui pourrait également être interprété comme une invitation. Les cheveux relevés en un chignon savamment ordonné, garni d'un collier de perle, d'une étoffe lie de vin et d'un plumet, elle semble comme surprise à son déshabillé, laissant sa chemise tomber au bas d'un de ses coudes et voler le savant drapé de soie qui la sceint. 

Payée la somme tout à fait inhabituelle de 1400 livres pour un moyen format, la toile justifie sa valeur par l'originalité du thème et sa totale invention. On peut alors se demander ce qui motiva son commanditaire, Nicolas-Jacques Boucher, receveur des tailles du Mans, qui venait lui-même de commander à Rigaud son propre portrait, beaucoup plus modeste celui-là. Passée dans la collection des Gueidan, l'œuvre passait, selon une ancienne tradition non vérifiable, comme le portrait de Charlotte-Geneviève Le Ferron, troisième épouse de Cardin Lebret.

L’anonymat plus probable du modèle, sous-entend peut-être la fixation d’un souvenir galant. La grande finesse des étoffes, la précision de la touche et l’originalité même de la pose, prouvent que Rigaud s’est fait plaisir et qu’il eut sans doute toute latitude pour donner libre cours à son imagination. Femme sortant d’un bal, arborant perles et plume délicatement arrangée dans un chignon, ou simple courtisane imaginaire, elle exhibe sans pudeur sa gorge opulente qu’une dentelle extrêmement fine vient mettre en valeur. Le regard plein de sous-entendus de cette « Menasseuse », soutenu par la position légèrement renversé en arrière du visage, renforce le côté ambigu de la composition. 

Localisation de l´œuvre :

Aix-en-Provence, musée Granet, France

Autoportrait de Hyacinthe Rigaud. Coll. musée d’art Hyacinthe Rigaud / Ville de Perpignan © Pascale Marchesan / Service photo ville de Perpignan