SAINTE MADELEINE PÉNITENTE

Catégorie: Peinture d'histoire
Année : 1710

 

P.1119

Huile sur toile
H. 72 ; L. 56 cm
Perpignan, Collection particulière.

Historique :

Peint vers 1710 ; coll. Rigaud ; IAD Rigaud, n° 401 ; vente Paris, hôtel Drouot, Drouot estimations, 4 mars 2008, n° 164 [=Sainte, éc. fr. XVIIIe] ; Paris, galerie Ratton-Ladrière, 2009 ; acquis dans la galerie par Monsieur M. à Perpignan ; sa vente, Paris, Fraysse svv, 25 mai 2023, lot. 4.

Bibliographie :

Perreau, 2009, p. 64 [inédit] ; James-Sarazin, 2009/1 p. 53, note 34, p. 84, p. 116, note 198, p. 135, p. 57 ; Perreau, « La Madeleine pénitente par Hyacinthe Rigaud », [en ligne], 28 juin 2010, www.hyacinthe-rigaud.over-blog.com ; Perreau, 2013, cat. P.1119, p. 226 ; James-Sarazin, 2016, II, cat. NP.9, p. 577.

Descriptif :

La Madeleine pénitente de Rigaud a été une véritable découverte, venue étoffer de manière inespérée le corpus malheureusement trop restreint des œuvres de l’artiste appartenant au « Grand Genre ». Récente découverte[1], l'œuvre était jusqu’ici simplement connue par la référence de son inventaire après décès[2]. Datable des années 1710, par l’aspect caractéristique du grand drapé gris qui enserre le buste de la Sainte, l’image de la Madeleine en pénitence, première femme de l’Evangile après la Vierge, n’était pas inconnue de l’artiste. L’inventaire de sa collection en 1703, mentionnait « une Magdelaine, d’après Le Guide », estimée 200 livres[3], également présente dans le catalogue de la vente Collin de Vermont, en 1761, sous le numéro 20 (p. 5). Guido Reni en avait peint plusieurs prototypes, illustrant les axes picturaux dictés par la Contre-Réforme et le décret publié dans la dernière session du Concile de Trente le 3 décembre 1563 (« sur les saintes images ») : les choix iconographiques devaient être intimement liés au culte rendu aux saints. Stephen Pepper, dans son ouvrage consacré à l’artiste, ne recense pas moins de neuf modèles différents de la sainte[4] peints entre 1614 et 1640-1642. Mentionnée dans son propre Inventaire après décès, sous le n°401 du chapitre des « Tableaux estants dans le Petit Cabinet ayant veuë sur la ruë de Louis le Grand », la Madeleine Pénitente de Rigaud semble avoir occupé une place de choix dans son intérieur.

La composition doit beaucoup aux œuvres de Reni : Marie Madeleine, comme image du repentir (Speculum poenitentiae), nous apparaît auréolée d’une longue chevelure blonde lui couvrant les épaules et descendant jusque sur sa poitrine. Le visage tourné vers la gauche de la composition, aux yeux dont la douce béatitude correspondant mieux aux mouvements mondains du XVIIIe siècle dont Reni avait initié la vogue, elle a les mains jointes sur l’un des accessoires indispensable à sa représentation, un crâne ici renversé, symbolisant la vanité de toute vie terrestre. Rigaud rejoint donc son prédécesseur dans la version que conserve le Walters Art museum de Baltimore[5], avec quelques variantes dans la position des mains et par l’absence de croix. Plus sage que Reni, le catalan n’en est pas moins tendre. Relativement sage dans son imposant drapé, il s’impose dans les reflets moirés des tons de gris, puissamment brossés. La pâleur des carnations du bras est ravivée, plus haut, par l’émoi de la Sainte, matérialisé par le rouge de ses pommettes et de ses lèvres. Face à cette image extatique, mais sophistiquée, comment ne pas être tenté de faire un parallèle avec la célèbre « Sainte Cécile » ou « musicienne » que Jean-Baptiste Santerre expose au Salon de 1704 et dont une belle version se retrouve aujourd’hui sur les mêmes murs que le portrait suivant (fig. 8)[6] ?

Mentionné dans l’Inventaire après décès de Rigaud, sous le n°401 du chapitre des Tableaux estants dans le Petit Cabinet ayant veuë sur la ruë de Louis le Grand : « Item un tableau peint sur toile représentant une madeleine Pénitente dans sa bordure dorée numéroté cent quarante trois prisé la somme de vingt livres, cy » ; vente Paris, hôtel Drouot (Drouot estimations), 4 mars 2008, n°164 ; Galerie Ratton-Ladrière en 2009 ; acquis dans cette galerie par l’actuel collectionneur.

 


[1] Huile sur toile. H. 70 ; L. 56 cm. Vente Paris, hôtel Drouot (Drouot estimations), 4 mars 2008, n°164.

[2]« Item un tableau peint sur toile représentant une madeleine Pénitente dans sa bordure dorée numéroté cent quarante trois prisé la somme de vingt livres, cy ». Ariane James-Sarazin, « L'inventaire après décès de Hyacinthe Rigaud », dans Bulletin de la Société de l'histoire de l'art français, 2009. L'auteur cite un cliché en noir et blanc qui aurait été conservé dans les années 1990 dans les cartons de la documentation des peintures du Louvre mais il n'y existe aucune trace de ce cliché aujourd'hui.

[3] « Etat des tableaux que j’ay des grands Maîtres » annexé au contrat de mariage entre Rigaud et Catherine de Chatillon. ET/XCV/31, op. cit.

[4]Pepper, Guido Reni, A Complete Catalogue of His Works With an Introductory Text, Phaidon, Oxford, 1984, n°41, 49, 118, 120, 126, 137, 177, 152, 240.

[5] Vers 1635. Huile sur toile. H. 90,8 ; L. 74,3. Inv. 37.2631.

[6] Acquis par l’actuel propriétaire en vente Drouot (Millon) du 8 novembre 2007, lot. 28.

Autoportrait de Hyacinthe Rigaud. Coll. musée d’art Hyacinthe Rigaud / Ville de Perpignan © Pascale Marchesan / Service photo ville de Perpignan