P.1183
Âge du modèle : 61 ans
Huile sur toile
H. 90 ; L. 73,5 cm
Toulouse, musée des Augustins
Signature apocryphe au dos rapportée après rentoilage : « Hyacinthe Rigaud / 1719 ».
Étiquette : André Cheneau et fils « 12 »
Sur la traverse : « 54, rue de verneuil / Rentoilé et retouché en 1895 / H. Calineau »
Historique :
Absent des livres de comptes ; vente Paris, Drouot rive gauche, Libert, 18 janvier 1977, n° 28 ; Londres, coll. Mrs Camilla Blaffer ; vente Paris, hôtel Drouot, Piasa, 29 mars 1999, lot 98 ; vente Paris, hôtel Drouot, Boscher-Studer-Fromentin, 7 décembre 2007, lot 18 [« entourage de Rigaud, portrait de clerc », invendu] ; vente Paris, hôtel Drouot, Boscher-Studer-Fromentin, 30 janvier 2008, lot 101 [« portrait de clerc »] ; Collection Stéphan Perreau ; Toulouse, musée des Augustins (don Perreau en 2020).
Bibliographie :
Hulst/3, p. 192 ; Mantion, 1991, p. 433-448 ; Perreau, 2009, p. 65 ; James-Sarazin, 2009/1, partie du n° 80, p. 146 ; Perreau, 2013, cat. P.1183, p. 236-237 ; James-Sarazin, 2016, II, cat. P.1256, p. 413.
Œuvres en rapport :
- 1. Gravé par Charles Simonneau, en 1717 selon Hulst « demi-figure avec une main. Estampe de grandeur d’un volume in-octavo. Il n’y a point d’inscription sous ce portrait, mais un passage de l’Ecclésiaste » qui situe la confection de la toile en 1713. La lettre suivante à l’estampe de Simonneau : « Dedit mihi Dominus linguam mer= / cedem meam et in ipsa laudabo eum. Eccli 5t.30. » Sous le trait carré : « H. Rigaud pinx. / Ch. Simonneau maj. Sculp. C.P.R. ».
Descriptif :
Célèbre prêcheur, Antoine Anselme (13 janvier 1652 – 8 août 1737), né à l’Isle-Jourdain en Armagnac, est très tôt surnommé « le petit prophète » tant il possédait le don de répéter à la perfection, avec force gestes, les sermons qu’il venait d’entendre. Il fit ses études à Toulouse avant d’y devenir prêtre. Remarqué par le marquis de Montespan, qui le choisit comme précepteur de son fils, le marquis d’Antin, ses sermons lui apportent rapidement une solide réputation d’orateur religieux dans la capitale. En 1681, l’Académie française le choisit pour rédiger l’introduction d’un Panégyrique de Saint-Louis. Deux ans plus tard, il prèche à la cour. Dans une de ses lettres (8 avril 1689), Madame de Sévigné remarque avec feu son intelligence, son éloquence, son charme et sa dévotion[1]. Membre de l’Académie des Inscriptions (1710), il décèdera dans son abbaye de Saint-Sever que lui avait donné Louis XIV en 1699.
Le fait que le portrait de Rigaud ne soit pas mentionné aux livres de comptes n'est pas un hasard. Il se peut que l'artiste ait offert le tableau à son modèle ou qu'il ait été oublié du recensement. La main d’Anselme très similaire à celle de l’autoportrait de Rigaud dit « au porte mine » ce qui accréditerait la thèse selon laquelle le rentoileur Henri Calineau prit le chiffre 3 pour un 9. Le tableau passa directement de l’héritier de l’abbé au commerce d’art en 1977, vendu avec l’autre œuvre qu’Anselme possédait, une copie du portrait du duc d’Antin, dont l’abbé avait été précepteur.
L’abbé Anselme fit notamment publier en 1701 un Recueil d’oraisons funèbres prononcées Par Messire Antoine Anselme, Abbé de S. Sever Cap de Gascogne, Prédicateur ordinaire du Roy, A Paris, chez louis Josse, 1701, contenant les oraisons funèbres de Madame de Rohan, abbesse de Malnoue, de Marie-Thérèse d’Autriche, de Charles de Sainte-Maure, duc de Montausier, de milord Richard Talbot, duc de Tyrconnel, vice-roi d’Irlande, d’Anne-Marie Louise d’Orléans, duchesse de Montpensier, de Gaspard de Fieubet, conseiller ordinaire du roi en son conseil d’Etat, chancelier de la reine… Ses autres ouvrages connaîtront un succès significatif : quelques odes dans le Recueil de l'Académie des Jeux Floraux de Toulouse, des Panégyriques des Saints (dont Rigaud possédait un exemplaire) et Oraisons funèbres à Paris en 1718 (3 vols. 8°., orné de son portrait), des Sermons de l’Avent, le Carême et divers sujets (Paris, 1731, 4 vols. 8°., et 6 vols. 12°.), diverses dissertations publiées dans les Memoires de l'Académie des Inscriptions entre 1724 à 1729.
Son testament olographe est conservé au archives départementales des Landes (3E53/37)[2]. « Déjà amateur honoraire de l’Académie de Peinture et membre associé de celle des inscriptions et Belles-lettres, Anselme devient pensionnaire de cette Académie en 1716, quand son ancien élève, désormais duc d’Antin, obtient du Régent la Surintendance des Bâtiments et rétablit pour l’abbé la fonction d’historiographe. Vétéran de l’Académie en 1724, il semble se retirer dans sa maison abbatiale de Souprosse, à proximité de Saint-Sever, emportant quelques objets, dont le détail est donné dans son testament, rare document autographe connu de lui. La patrimoine pictural de l’abbé fait exception dans un territoire tel que les Landes ; si les Boulogne (une Madeleine et une Sainte Cécile) et le Raphaël (une Vierge à l’enfant) se « perdent » en 1745 et 1791, les deux Rigaud (son portrait et celui du duc d’Antin), ressurgissent le 18 février 1877 lors d’une vacation à Drouot-Rive Gauche pour être dispersés sous le marteau de Me Etienne Libert. Faute de détail de composition, l’identification du Raphaël reste pratiquement impossible ; en revanche, on sait que Bon Boulogne expose au Salon une Madeleine, en 1699, et une Sainte Cécile, en 1704. Quant aux portraits, vraisemblablement exécutés en 1713, l’œuvre gravé de Rigaud (par Simonneau pour l’abbé en 1717, et par Tardieu, pour le duc, en 1720), garde encore la trace des originaux à la localisation pour l’instant inconnue » (selon les notes de Mantion en 1993).
Extrait du testament olographe de l'Abbé Anselme, f°3, où donne les disposition sur son portrait par Rigaud. Archives départementales des Landes. Inv. 3E53-37-1
[1] Lettres de Madame de Sévigné, de sa famille et de ses amis, recueillies et annotées par Louis Monmerqué, Nouvelle édition, Paris, 1862, tome IX, p. 10.
[2] La Mémoire de la France : quarante ans d’enreichissement des archives de France. Exposition organisée par la Direction des Archives de France. Paris, achives nationales, fev.-avr. 1994, Paris, ed. Archives nationales, 1993, n°130, p. 166. Testament olographe d’Antoine Anselme, abbé commandataire de l’abbaye de Saint-Sever, retenu par Jacques Baffoigne, notaire et greffier royal des conventions. Tartas, 4 septembre 1736. Ms. Autographe, cachets de cire rouge aux armes de l’abbé, § f., in 4°. Bibliographie : Michel Mantion, « Le cabinet d’amateur de l’abbé de Saint-Sever Antoine Anselme, à la lueur de ses ultimes volontés », dans Bulletin de la Société de Borda, Dax, 423/1991, p. 432-448.