ROHAN SOUBISE Armand Gaston Maximilien de

Catégorie: Portraits
Année : 1710

 

*P.1066

Âge du modèle : 36 ans

Huile sur toile
Dimensions inconnues [à mi-corps]
Localisation actuelle inconnue.

Historique :

Paiement inscrit aux livres de comptes en 1710 pour 1000 livres (ms. 624, f° 30 v° : « M[onsieu]r le cardinal de Rohan ») ; commandé par le cardinal Albano, neveu du pape Innocent XIII. 

Bibliographie :

Du Pradel, 1692 (1878), II, p. 300 ; Rigaud, 1716, p. 121 ; Hulst/3, p. 189-190, 200 ; Mariette, 1740-1770, III, f° 45 v°, n° 5, VII, f° 16 ; Almanach Royal, 1776, p. 208 ; Portalis et Béraldi, 1880-1882, I, p. 318 (n° 48) ; ibid. II, p. 22, n° 58, p. 73 ; Bellier de La Chavignerie et Auvray, 1882, I, p. 446 ; cat. Colmar, 1891, p. 28, n° 200 ; Soulange-Bodin, 1914, p. 6-49 ; Roman, 1919, p. 150, 165, 166, 170, 179 ; Audin et Vial, 1919, p. 288 ; Lossky, 1946, p. 39 ; cat. Chantilly, Portraits dessinés, V, p. 525 ; Ludmann, 1982, XXV, p. 123-127 ; Heck et Moench-Scherer, 1990 ; Constans, 1995, II, p. 766 (n° 4321), p. 768 (n° 4329) ; Perreau, 2004, p. 219-221 ; Widauer, 2004, F. 980, p. 196 ; Levallois-Clavel, 2005, I, p. 169, 201, 256 ; ibid. II, p. 116-117, cat. P. Dr. n° 52 ; Rosenberg et Mandrella, 2005, n° 971, p. 166-7 ; James-Sarazin, 2011/1, n° 465, p. 56 ; Perreau, 2013, cat. *P.1066, p. 218-219 ; James-Sarazin, 2016, II, cat. *P.1159, p. 385-387 (2003/4, cat. I, n°915).

Œuvres en rapport :

  • 1. Huile sur toile d’après Rigaud (à mi-corps). huile sur toile,  H.147,8 ; L. 115,2 cm. Besançon, musée des Beaux-arts. Inv. D.909.1.9. Provenance : Dépôt de l'État, 1909 (anciennes collections de l'Archevêché de Besançon). 
  • 2. Huile sur toile d’après Rigaud (à mi-corps). H. 128 ; L. 102 cm. Château de Josselin. Collections de la duchesse de Rohan. 
  • 3. Huile sur toile d’après Rigaud (à mi-corps). H. 128 ; L. 102 cm. Versailles, musée national du château (en dépôt aux Archives Nationales). Inv. 7568, MV4329, LP 3668, Achat (1838). Voir Constans, 1995, II, p. 768, n°4329. Une version est notée dès 1776 à l’hôtel de Soubise : « Dans les autres prèces on voit d’excellens tableaux, entre’autres le portrait en grand du Cardinal de Rohan, de M. Rigaud » (Almanach parisien, en faveur des étrangers et des personnes curieuses, p. 208).
  • 4. Huile sur toile d’après Rigaud (à mi-corps). H. 168 ; L. 121 cm. Brühl, Schloss Augustusburg. Scloss Falkenlust. Anciennement exposé dans la grande garderobe des appartements bleus d’hiver du château. Voir Hansmann & Kno, 1977 ; Rosenberg & Mandrella, 2005, n°971, p. 166-7, repr. 
  • 5. Huile sur toile d’après Rigaud (à mi-corps) par A. Schultis. H. 144 ; L. 112 cm. Saverne, Château. Inv. CNMHS, IM67006993. Vente Monaco, Kapandji Morange, 24 juin 2022, lot. 25**.
  • 6. Huile sur toile d’après Rigaud (en buste). H. 55 ; L. 45 cm. Ancienne collection Monbrison. Sa vente, Paris, 13 mai 1904. 
  • 7. Huile sur toile d’après Rigaud. H. 82 ; L. 65 cm. Vente Paris, hôtel Drouot (Tajan), 27 janvier 1995, lot. 46, repr. p. 20 du catalogue. Vente du château de L… avec l’inscription suivante au dos : « Donné par le cardinal de Rohan à Monseigneur d’Estaing, évêque de Saint-Flour, propriétaire du château de L… ».
  • 8. Huile sur toile d’après Rigaud. H. 65 ; L. 52 cm. Versailles, musée national du château. Inv. 7567, MV2949, LP 4025. Collection Académie française ; don Académie Française (1839) ; en dépôt à l’Institut de France. Voir Constans, 1995, II, p. 766, n°4321. 
  • 9. Huile sur toile d’après Rigaud [buste]. Strasbourg, musée des Arts décoratifs.
  • 10. Huile sur toile d’après Rigaud (en buste). H. 81 ; L. 66 cm. Colmar, musée Unterlinden. Inv. 88, RP. 417.  Don M. Fuchs en 1848. Cat. 1860, p. 83, n°250 ; Cat. 1866, p. 80, n°239 ; Cat. 1891, p. 28, n°200. 
  • 11. Huile sur toile d’après Rigaud [buste]. Loc. Inc. (vente Fontainebleau, Osenat, 17-26 avril 1985).
  • 12. Pierre noire et sanguine d’après Rigaud (la tête seulement). H. 25,5 ; L. 21,3 cm. Chantilly, musée Condé. Inv. DE PD 478. Donation sous réserve d’usufruit (acquis en 1886 ; entrée matérielle en 1897). Ancienne collection Alexandre Lenoir ; Henri d’Orléans, duc d’Aumale (L.2779, sa marque en bas à droite). Voir Gower 1874, f°127 (comme Melchior de Polignac par Rigaud) & Inv. Portraits dessinés, V, p. 525. 
  • 13. Pierre noire, estompe, rehauts de craie et de gouache blanches, papier bleu, traces de mise au carreau. H. 37 ; L. 28, 9 cm. Vienne, Graphische Sammulgen Albertina. Inv. 11919. Ancienne collection Albert von Sachsen-Teschen (Lugt 174). Cf H. Widauer, Die französischen Zeichnungen der Albertina. Vom Barok bis zum beginnenden Rokoko, Vienne/Cologne,/Weimar, 2004, F. 980, p. 196 ; A. James-Sarazin, « Nouvel éclairage sur Hyacinthe Rigaud dessinateur », L’estampille l’objet d’art, février 2011, n°465, p. 56. 
  • 14. Huile sur toile, suiveur de Rigaud (cintr.). Strasbourg, Palais Rohan.
  • 15a. Gravé par Pierre Drevet (en ovale) en 1716 selon Hulst : « buste sans mains, tiré sans aucun changement d’un portrait jusqu’aux genoux. Estampe grandeur de thèse pour celle de Charles Pigné ». H. 45,4 ; L. 34,4 cm. Sur le pourtour de l’ovale, de part et d’autre d’un cartouche armorié, la lettre suivante : « ser. pr. arm. gasto. de rohan. s.r.e. card. ep. et pr. arg. alsa landg. s.r.i. pr. ætat. 37. » Au bas de la bordure du cadre : « Offerebat humillimus - servus Carolus Pigné. » Sur le dessus de la corniche, à gauche : « Hyac.9 Rigaud pinxit. » ; à droite, « P. Dr.evet sculpsit. » Sur la face du socle : « serenissimo principi, armando gastoni de rohan, / s.e.r. Cardinali, Episcopo et Principi Argentoratensi, Alsatiae Landgravio, / Sacri Romani Imperii Principi. » Cinq états connus d’après Levallois-Clavel dont une « avec cette seule différence que l’on y a ajouté après coup le ruban et la croix du Saint-Esprit ». La thèse de Charles Pigné le daterait de 1716. 
  • 15b. Gravé par Marie-Madeleine Hortemels (entre 1705 et 1725). « Serenissimus princeps Armandus / Gasto De Rohan de Soubise / S. R. E. Cardinalis episcopus et princeps Argentinus, Alsaciae / Lantgravius, S. R. J. princeps, Magnus Franciae Elemosynarius. » Sur le plat du socle : « Hyac. Rigaud pinx. - Maria Horthemels sculp. « H. 32,3 ; L. 22,3 cm.
  • 15c. Gravé par Laurent Cars en buste, en contrepartie, en 1732 selon Hulst : « buste pris dans le même tableau qui a produit les trois estampes précédentes, mais exécuté de meilleur goût. Les accompagnements d’architecture et attributs qui l’entourent d’une autre main que celle de Rigaud, ce qui se connoît aisément. Estampe de grandeur de thèse pour celle de Jean-Georges Anselme ». Dans la bordure de l’ovale, la lettre suivante : « SER. PR. ARM. GASTO. DE ROHAN S.R.E. CARD. F.P.T. ET PR. ARG. ALSAT. LANDG. S.R.I.P.R. » A gauche, sur une corniche : « Rigaud Pinx. » A droite, de même : « L. Cars fil.us sculp. » De part et d’autre de l’imposante composition architecturée : « Offerebat Joannes - Georgius Anselmes Cde / Serpinis Nab. - Patrilias Mediolonensis. »
  • 15d. Gravé par Pierre Dupin sans date, en buste à gauche dans un ovale de pierre. Dans le socle, de part et d’autre d’une composition aux armes, la lettre suivante : « ARMAND - GASTON / CARDINAL - DE ROHAN. » Sur le haut du socle : « Hiacinte Rigaud pinxit - P. Dupin Sculp. » 
  • 16. Huile sur toile d’après Rigaud (buste). H. 100 ; L. ?. Bordeaux, archevêché. Inscription en haut à droite : « MGR ARMAND-GASTON DE / ROHAN COADJUTEUR / DE STRASBOURG EN 1701. TITULAIRE / EN 1704 / CARDINAL / ET GRAND AUMONI/ER EN 1712 MORT EN 1749. » Copie partielle et assez médiocre de l'original, elle fut eut-être apportée à Bordeaux par l’archevêque Ferdinand-Maximilien-Mériadec de Rohan-Guéménée, cousin du modèle. Déposée au château de Cadillac puis à l’église du Sacré-Cœur à Bordeaux enfin à l'archevêché. 
  • 17. Huile sur toile d'après Rigaud (en pied). H. 53 ; L. 44 cm. Vente Paris, Hôtel Drouot (Collin du Boccage), 15 décembre 2021, lot. 29 (« Portrait d’un ecclésiastique, école française vers 1720, ancienne attribution à Rigaud »)*.

Copies et travaux :

  • 1712 : « Deux [copies] de M[onsieu]r le card[ina]l de Rohan » pour 160 livres (ms. 624 f°34).
  • 1712 : Bailleul reçoit 24 livres pour « deux testes du cardinal de Rohan », sans doute les copies de l'année (ms. 625, f°30).
  • 1712 : « Une [copie] de M[onsieu]r le cardinal de Roüen [sic] p[ou]r m[onsieu]r le c[ardina]l Albano » pour 80 livres (ms. 624 f° 34 v°). Selon nous, il faut comprendre ici Rohan plutôt que Rouen, le commanditaire étant le cardinal Albano qui avait été initiateur de l'original.
  • 1712 : « Une [copie] de M[onsieu]r le card[ina]l de Roüen [sic] p[ou]r Versailles » pour 80 livres (ms. 624 f° 34 v°). Même réflexion que ci-dessus.
  • 1713 : Bailleul reçoit 24 livres pour « un buste du cardinal de Rohan » et 24 autres pour le même travail (ms. 625, f°30).
  • 1715 : La Penaye reçoit 3 livres pour avoir rajouté « un cordon bleu et le rabat à un buste du cardinal de Rohan » (ms. 625, f°37).

Descriptif :

« Le cardinal de Rohan était né avec de l’esprit naturel, qui paraissait au triple par les grâces de sa personne, de son expression, du monde le plus choisi dont le commerce l’avait formé, par les intrigues et les liaisons où Mme de Soubise l’avait mis de bonne heure. Son naturel était bon, doux, facile et sans l’ambition et la nécessité qu’elle impose, il était né honnête homme et homme d’honneur ; d’ailleurs, un accès charmant, obligeant, d’une politesse générale et parfaite, mais avec mesure et distinction ; d’une conversation aidée, douce, agréable. Il était assez grand, un peu trop gros, le visage du fils de l’Amour, et outre sa beauté singulière, son visage avait toutes les grâces possibles, mais les plus naturelles, avec quelque chose d’imposant, et encore plus d’intéressant ; une facilité de parler admirable, et un désinvolte merveilleux pour conserver tous les avantages qu’il pouvait tirer de sa princerie et de sa pourpre, sans montrer ni affectation ni orgueil, et n’embarrasser ni lui-même, ni les autres ; attentif surtout à se mettre bien avec les évêques, à se les attirer, et à se conserver l’attachement de toute la gent doctrinale, qu’il s’était fait un capital de s’acquérir sur les bancs, et à quoi il avait parfaitement su réussir. » Ainsi Saint-Simon brossait-il le portrait littéraire d’Armand-Gaston-Maximilien de Rohan-Soubise (1674-1749), cinquième fils de François de Rohan (1630-1712), comte de Rochefort, Prince de Soubise (de la branche de Guémené), gouverneur de Champagne, Berry et Brie et de sa seconde épouse Anne-Julie de Rohan-Chabot (1648-1709), dame de Soubise.

Chanoine de Strasbourg (1690), abbé commandataire de Foigny, La Chaise-Dieu et Saint-Waast d’Arras, évêque titulaire de Tibérias, coadjuteur du prince-évêque Egon de Furstenberg (1701), évêque de Strasbourg (1704), cardinal (1712) et grand aumônier de France (1713). Il ajoutera à ses prestigieuses fonctions les titres de Commandeur de l’ordre du Saint-Esprit (1713), membre du conseil de Régence (1722), proviseur de La Sorbonne et enfin membre de l’Académie française (1704). Il eut en outre l’insigne honneur de bénir l’union de Louis XV et de Maria Leczinska le 15 août 1725 et d’administrer à Louis XIV les derniers sacrements.

À l’intar du mémorialiste, Rigaud semble avoir parfaitement saisi la ressemblance de ce fils de l'Amour. Le cardinal de Rohan fut donc avant tout un homme de cour, « le plus beau prélat du monde » selon le marquis d’Argenson (voir ses Mémoires, I, p. 43). « M. le cardinal Albano, neveu du pape, ayant demandé à M. le cardinal de Rohan, grand aumônier de France, son portrait, il choisit Rigaud pour le peindre en 1714 [sic]. Cette altesse éminentissime est peinte avec la chape herminée ». Outre une visible erreur de date, ce passage extrait de la biographie de Rigaud (1716) décrit le cardinal avec l’habillement caractéristique de cardinal ; distinction qu’il avait probablement reçue du roi avant de l’obtenir de manière officielle des mains du légat pontifical, deux ans plus tard. De même, il porte autour du cou le cordon bleu et la croix de l’ordre du Saint-Esprit qu’il n’obtiendra qu’en 1713. S’il n’est pas impossible que la croix ait été rajoutée par la suite à la demande du modèle, la pourpre du cardinalat n’a pas pu être peinte en anticipation de la charge. Les 1000 livres exigées pour ce portrait attestent de l’importance de la toile originale et semblent exclure l’hypothèse selon laquelle un simple buste à l’origine aurait été prolongé à mi-corps par un artiste ultérieur. De très nombreuses répliques, le plus souvent en buste, furent dès lors réalisées dont une pour le comte de Sinzendorf, et certaines répertoriées Loosky. L'attitude eut un certain succès et fut reprise dens le même esprit (avec variantes) pour le portrait de de Jean Aymar de Nicolay. Un important « portrait de noble » vendu en 2024 sur le marché de l'art luxembourgeois témoignait s'il était besoin des capacités de certains artistes à l'approprier sous diverses formes les créations de Rigaud ***.[2]

Le neuvième testament du peintre a également prévu le leg à son filleul, Hyacinthe Collin de Vermont, d’une « tabatière d’or que Monsieur le prince de Rohan a donnée aud sieur testateur ornée d’ornements bizarres »[1], cadeau probable du cardinal en remerciement des services de Rigaud et de la modicité de l’œuvre (compte tenu de sa taille). Cette tabatière se retrouve dans l’Inventaire après décès de Rigaud sous le numéro 236 : « Item une tabatière d’or quarrée à bouton et ornemens bizarres pezant conq onces deux gros et demy, prisée la somme de cinq cent livres » (fol. 31).

mises à jour : *30 novembre 2021 ; ** 10 juin 2022 ; *** 2 novembre 2024.


[1] Arch. Nat., Minutier Central, ET/LXXIX/32 du 9 avril 1741.

[2] Huile sur toile, H. 135 ; L. 103 cm. Vente weiswampach, Luxembourg, GoldField Auction, 23 novembre 2024, lot. 218.

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Autoportrait de Hyacinthe Rigaud. Coll. musée d’art Hyacinthe Rigaud / Ville de Perpignan © Pascale Marchesan / Service photo ville de Perpignan