P.821
Âge du modèle : 50 ans
Huile sur toile ovale
H. 82,8 ; L. 65,4.
Château de Thoiry, collection vicomte de La Panouse
Inscription à même la toile sur le pourtour haut de l’ovale : « M[onsieu]r. Milon grand père de Monseigneur de Machault d’Arnouville garde des sceaux sous Louis XV ».
Rentoilé au XIXe siècle, comme la plupart des tableaux de Thoiry par la galerie Edmond Picard, sise rue du Faubourg Saint-Germain à Paris.
Historique :
Paiement inscrit aux livres de comptes en 1703 pour 150 livres (ms. 624, f° 21 v° : « M[onsieur Milon, m[aîtr]e des requestes. Alexandre Milon s[ei]g[neu]r d’Aranon ») ; idem en 1706 pour 150 livres (ms. 624, f° 24 v° : « [rajout :] M[onsieu]r Milon. Hab[illement]. rép[été]. ») ; coll. Françoise Milon ; coll. Machault d’Arnouville ; coll. La Panouse.
Bibliographie :
Roman, 1919, p. 103, 122, 127, 129, 133 ; Perreau, 2013, cat. P.821, p. 180 ; James-Sarazin, 2016, II, cat. P.860, p. 289-290 (2003/2, cat. I, n°712 et 792 : discociation de l'original de 1703 et des copies de 1706-1707 qui correspondraient à un nouveau portrait).
Copies et travaux :
- 1706 : Monmorency reçoit 5 livres pour avoir fait « L’habit de M[onsieu]r Milon », sans doute sur la copie de Bailleul (ms. 625, f°20 v°).
- 1706 : Bailleul réalise « un buste de M[onsieu]r Milon » pour 20 livres (ms. 625, f°21).
- 1707 : « Une [copie] de M[onsieu]r Milon » pour 75 livres (ms. 624, f°26 v°).
Descriptif :
Le portrait en ovale d’Alexandre II Milon (1653-1735), chevalier, seigneur de la Borde-Varenne, Amnon, Alloigny et La Grois, maître des requêtes puis garde des Sceaux est toujours précieusement conservé dans la descendance du modèle. Accroché en manière de dessus de porte d'un des salons du rez-de-chaussée du château de Thoiry, nous avons toutefois pu l'examiner à la faveur de sa descente par son propriétaire. Le tableau a malheureusement assez souffert mais il conserve de belles parties qui en font bien une œuvre de Rigaud. Le modèle est représenté tourné presque de trois quart vers le spectateur, vêtu de sa robe de magistrat simplement rehaussée d'une ceinture de buste. Le report par Hendrick Van Hulst d'un second portrait de Milon en 1706, motivé par les copies qui en furent réalisées à l'époque fait, selon nous, double emploi avec la mention de 1706.
Alexandre Milon fut un client fidèle du Catalan. Son épouse depuis 1677, Marie-Thérèse-Madeleine de Coycault de Chérigny, s’était également fait portraiturée dès 1691 puis, en 1699, en compagnie de son frère, René Coycault, seigneur de Chérigny. Ce dernier avait d'ailleurs offert à sa femme, Élisabeth Carré, un portrait par Rigaud également en 1699. Alexandre Milon avait lui-même commandé dès 1697 une copie, probablement en buste, du portrait du prince de Conti valant 150 livres. Son neveu, Alexandre Milon de Mesme (1688-1771), futur évêque de Valence, passera dans l'atelier de Rigaud en 1735.
Milon était fort riche. On sait, par un contrat de mariage daté du 28 janvier 1648 entre Alexandre I Milon et Françoise Pallu, que le père de notre modèle fit l’achat d’une charge de trésorier de France à Bourges, le 14 février 1663 et donna à son fils celle de conseiller au Grand Conseil dès le 15 décembre 1677. Cette gratification sera suivie d’une autre donation en nue-propriété du quart de tous les biens des parents (outre les 300 000 livres obtenues le 10 juillet 1680). Milon pouvait ainsi solliciter sans contrainte un portrait qu’il voulut cependant modeste. L’ovale de 1703 fut probablement légué à sa fille, Françoise Milon (morte en 1720) qui épousa en 1700 Louis Charles, seigneur d’Arnouville (1667-1750), conseiller au Grand-Conseil (1690), maître des requêtes de 1694 à 1718 puis lieutenant général de police à cette date. Ce dernier couple eut notamment le futur garde des sceaux Jean-Baptiste d’Arnouville (1701-1794), ce qui explique l’inscription postérieure apposée sur l’ovale. Grand-père par alliance de celui qui devait terminer sa carrière comme secrétaire d’État à la marine de 1754 à 1757, Milon resta donc par son effigie au château de Thoiry par le jeu des descendances et des héritages. Le tableau, comme la plupart des portraits de famille, ne figure pas dans l’inventaire après décès de son épouse établi le 19 avril 1700 ni dans le testament du magistrat, enregistré dès le 5 juillet 1732.