P.613
Âge du modèle : 43 ans
Huile sur toile
H. 136 ; L. 104,2.
Cambridge, St-John’s College.
Inscription en bas à droite : « Earl of Jersey »
Historique :
Paiement inscrit aux livres de comptes en 1699 pour 845 livres (ms. 624, f° 16 : « Milord Gersey, deux portraits en grand »). La version de Cambridge semble avoir été destinée à Matthiew Prior. L’inscription qui apparaît sur le tableau de Jersey se lit ainsi : « Sir Edward Villiers Knt / Jr. Earl of Jersey ». Celle de Cambridge fut donnée par Prior entre 1718 et 1721 et fut celle exposée à Saint-Germain-en-Laye.
Bibliographie :
Roman, 1919, p. 71, 84, 90 ; Bunker Wright, 1945, p. 195-202 ; Gallenkamp, 1956, p. 342-344 ; Goodison, 1957, p. 231-6 ; O’Neill 1984, p. 187 ; Perreau, 2004, p. 203 ; Boorsch et Marciari, 2008, n° 59, p. 180 ; Wickham Legg, 1921 (2010), p. 101, 294, 304, 306-307, 310, 313, 318 ; Perreau, 2013, cat. P.613, p. 146 ; James-Sarazin, 2016, II, cat. P.640, p. 218 [2003/2, cat. I, n°545 (pour la version Jersay manor)].
Œuvres en rapport :
- 1. Huile sur toile, 1699, H. 136 ; L. 104,2. Inscr. : « Sir Edward Villiers Knt / Jr. Earl of Jersey ». Jersey, Radier Manor, coll. duchesse de Jersey (anc. Lord Jersey, Middleton Park).
- 2. Pierre noire, estompe et rehauts de blanc sur papier bleu. H. 37,4 ; L. 28,7. New Haven, Yale University Gallery. Inv. 1937. 329. Elaboré vers 1699 ; Collections d’Edward B. Greene, Cleveland ; don au musée en 1937. Bibl. : Roman, 1919, p. 84 ; O’Neill 1984, p. 187, n°2, repr. pl. 26. Exp. : Yale, 1970, p. 18, n°27, repr. (article de Gallenkamp) ; Toronto, Ottawa, San Francisco, 1971, n°122 (article de Rosenberg). Rosenberg et Gallenkamp optent pour une œuvre de Viénot, peut-être retouchée par Rigaud. Catalogué en 1942 par Alice Wolf comme de la main du catalan, le dessin fut réattribué à Viénot dans le catalogue du musée de 1970, suivit par Haverkamp-Gehermann & Logan ; Suzanne Boorsch, John Marciari, Master drawings from the Yale University Art Gallery, Yale University, 12 février – 8 juin 2008, n°59, p. 180.
Copies et travaux :
- 1700 : Viennot est chargé d’exécuter « un dessein de milord Jersey » (ms. 625, f° 10).
- 1701 : Leprieur reçoit 50 livres pour « une copie de milord Jersey » (ms. 625, f°10 v°).
Descriptif :
Sir Edward III Villiers, 1rst Lord of Jersey (1656-1711), sollicita de Rigaud deux portraits identiques qui ont été tous deux conservés, l'une au Saint John College de Cambridge, l'autre dans la descendance du modèle. Neveu du duc de Buckingham, grand écuyer de la reine d’Angleterre (1688), pair (1690), plénipotentiaire pour la paix de Ryswick, secrétaire d’État et comte (1698), Jersey fut également grand chambellan (1700), maréchal et membre du conseil privé. Fils de Sir Edward II Villiers (1620-1689) of Richmond et de Lady Frances Howard (morte en 1677), notre modèle s’était marié le 17 décembre 1681 à Barbara Chaffinch (1663-1735). Baron et vicomte de Villiers (1691), chevalier-maréchal de la Maison royale en succession de son père, maître des chevaux de la reine Mary et chambellan de William III, il est nommé ambassadeur à La Haye, puis à Paris entre septembre 1698 et mai 1699, ce qui nous aide à dater avec précision ses deux portraits par Rigaud.
C’est donc au printemps de cette année 1699 que le peintre choisit d’utiliser une posture qui sera empruntée en 1710 pour l’effigie de Michel III Larcher… C’est le diplomate Matthiew Prior [P.559] qui fut chargé de mener les négociations auprès du peintre et d’en obtenir plus tard des copies, auréolé qu’il était de sa mission d’intermédiaire entre le comte de Portland [PC.557] et Rigaud depuis 1698. À la fin de l’année 1699, notre modèle devient secrétaire d’État au département des États du Sud et trois fois l’un des lords de justice d’Angleterre. En 1704, il est cependant congédié par la reine Anne et se voit impliqué dans une machination Jacobite. Lors de son passage à Paris comme ambassadeur, Lord Jersey en profite pour abandonner au peintre catalan 280 livres supplémentaires destinées à payer deux copies des portraits de Louis XIV et de son fils, le Grand Dauphin. Voir un premier portrait en 1695 [*P.397].