PC.1374
Âge du modèle : 36 ans
Huile sur toile
H. 131 ; L. 99.
Collection particulière
Historique :
Absent des livres de comptes ; peint vers 1732 ; Anciennement au château des Ormes jusqu’en 1900 ; collection de la Marquise d’Argenson ; par héritage au marquis de Goulaine, son petit-fils ; vente Paris, Hôtel Drouot, Daguerre, 28 mars 2023, lot. 32 (notice de Stéphan Perreau ; retiré de la vente) ; Ibid, 22 mars 2024, lot. 41.
Bibliographie :
Brême, 2000, repr. p. 58 (pour la version de Versailles) ; Perreau, 2013, cat. P.1374, p. 285 [original au château de Goulaine] ; James-Sarazin, 2016, II, cat. P.1468, p. 514 [daté de 1724 ; original au château de Goulaine (2003/2; cat. I, n°1287=original non localisé)].
Œuvres en rapport :
- 1. Huile sur toile d’après Rigaud. H. 137 ; L. 116. Versailles, musée national du château. Inv. 7563, MV3830, LP 2261. Voir Constans, 1995, II, p. 761, n°4294. Achat du chevalier de Langeac pour Versailles en 1836.
- 2. Pierre noire, sanguine, lavis gris, gouache de couleur sur papier gris, collé en plein. H. 42 ; L. 33. Montpellier, Faculté de médecine - musée Atger Inv. MA 364.
- 3. Pierre noire, estompe, encre noire, rehauts de craie et de gouache blanches, papier bistre, mise au carreau. H. 38 ; L. 29,2. Vienne, Graphische Sammlung Albertina.
- 4. Gravé en buste dans un ovale par Gilles-Edme Petit sans date.
- 5. Crayon noir, estompe et rehauts de craie blanche (atelier de Rigaud ?). H. 33 ; L. 26 cm. Anciennement au château des Ormes jusqu'en 1900 ; collection de la marquise d'Argenson ; par héritage aumarquis de Goulaine, son petit-fils, puis par descendance, château de Goulaine ; vente Paris, Hôtel Drouot, Daguerre, 22 mars 2024, lot. 42.
Descriptif :
Né à Paris le 16 août 1696, Marc-Pierre Voyer de Paulmy, comte d’Argenson est le fils cadet du lieutenant de police, Marc-René de Voyer d’Argenson (1652-1721) et connu surtout comme ministre de la Guerre. Son frère, René-Louis de Voyer, marquis d’Argenson (1694-1757) dit « Argenson la Bête » fut maître des requêtes, membre du Conseil et secrétaire d’État aux affaires étrangères après la mort de Fleury. Notre modèle remplira successivement la charge d’avocat, avocat du roi au Châtelet, conseiller au Parlement (29 août 1719), maître des requêtes (17 novembre 1719). Mais plus encore, il franchit aisément toutes les étapes du cursus honorum. Viennent ensuite les grands postes : la lieutenance de police de Paris (1720 & 1722-1724) ainsi que l’intendance de Tours (18 février 1721) et de Paris (1741), chancelier, garde des sceaux de l’Ordre de Saint-Louis en 1721, à nouveau lieutenant de police le 26 avril 1722, chancelier du duc d’Orléans (1723), conseiller d’État le 28 janvier 1724, honoraire de l’Académie des sciences (31 août 1726), il devient premier président du Grand Conseil (1739). Le 28 août 1742 d’Argenson entre au conseil d’État d’en haut et, le 1er janvier 1743, est nommé secrétaire d’Etat à la Guerre. Il exercera cette dernière charge pendant quinze ans et ajoute à celle-ci la surintendance des Postes en novembre 1744. Ayant dans ses attributions, depuis 1749, le département de Paris, il se préoccupe de l’embellissement de la capitale et forme le premier projet de la future place Louis XV. Sa disgrâce, survenue le 1er février 1757 (en même temps que celle de Machault, son ennemi juré), est sans doute le fait de l’antipathie de la marquise de Pompadour. Mme du Deffand disait de lui que « […] personne n’est plus prudent, n’a l’air moins mystérieux et n’est plus exempt de fausseté […]. L’élévation de ses sentiments, les lumières de son esprit répondent assez de sa droiture et de sa probité, indépendamment de tout autre principe ».
Exilé dans sa terre des Ormes (acquise en 1729), il meurt le 28 août 1764 à Paris. Il s’était marié, le 24 mai 1719, avec Anne Larcher, fille d’Anne-Thérèse Hébert du Buc et de Pierre Larcher, riche conseiller au Parlement de Paris, seigneur de Pocancy et membre de l’une des plus anciennes et des plus distinguées familles de la noblesse de robe. Par son union, notre modèle avait rejoint une famille déjà cliente de Rigaud par plusieurs branches. En effet, Pierre Larcher était le frère de Michel III, peint vers 1710. Quant à Anne-Thérèse Hébert, elle était la fille d'André Pierre, maître des requêtes et d'Anne Françoise Legendre de Lormoy, passés dans l'atelier de l'artiste en 1702.
D’Argenson était membre honoraire de l’Académie des Inscriptions depuis 1749 et, depuis, 1721, chancelier et garde des sceaux de l’ordre militaire de Saint-Louis dont il porte en sautoir le cordon rouge sur son portrait peint par Rigaud. Malgré son absence de notation dans les livres de comptes de l'artiste, l'effigie devait avoisiner les 3000 livres et avoir été réalisé aux alentours de 1732. La manière de positionner le corps, assis dans un large fauteuil à dossier mouvementé et aux accotoirs décorés de rinceaux de feuilles d'acanthe plaident en cette faveur.
Les dessins sont, quant à eux, en tout point identiques aux deux versions peintes. Brême suppose que la feuille de Montpellier aurait pu servir partiellement à Petit pour sa gravure mais rien n'est moins sûr. Rigaud y aurait introduit de la gouache jaune destinée à rehausser le mobilier ou du pastel rouge pour le cordon de l’ordre de Saint-Louis, ce qui n'est pas une technique d'ordinaire attestée dans son corpus.
Compte tenu de sa lignée directe avec le modèle, nous pensons que l’original (peut-être rogné à une époque inconnue) est l’exemplaire conservé au château de Goulaine. Longtemps ignoré des chercheurs et des spécialistes de l'artiste, ce tableau nous a été très tôt signalé au château où nous avons pu l'examiner et photographier avant l'ouverture des salons de Goulaine au public. Malgré quelques faiblesses dans les décors, quelques repeints dans les fonds et des carnations un peu lourdes (qui trahissent sinon l'intervention d'une tierce main sur une oeuvre peut-être inachevée, du moins celle de plusieurs artistes ultérieurs), il s'agissait selon nous de la meilleure version ancienne connue à ce jour*.
mises à jour : *10 mars 2023