P.1246
Âge du modèle : 54 ans
Huile sur toile
H. 141 ; L. 111 cm.
Paris, musée du Louvre. M.I.1102
Sign. (apocryphe) : « Le Cardinal de Polignac. H. Rigaud pinxit ».
Historique :
Paiement inscrit aux livres de comptes en 1715 pour 1000 livres (ms. 624, f° 37 v° : « M[onsieu]r le cardinal de Polignac ») ; commandé par le cardinal Albani ; Collection Louis La Caze ; don au Louvre en 1869.
Bibliographie :
Rigaud, 1716, p. 121 ; Hulst/3, p. 193 ; Delignières, 1872, n°62 & 63, p. 44, 45 ; Portalis et Béraldi, 1880-1882, I, p. 302, 379, 384 (n° 31), 660, 676 (n° 99 et 100) ; ibid. II, p. 73 ; Guiffrey, 1899, p. 252-97 ; Roman, 1919, p. 178, 179, 180 ; Polignac, 1992, p. 19-30 ; Brugerolles et Polignac, 1993, p. 59-76 (65-76) ; Constans, 1995, II, p. 767, n° 4322 ; Maral, 2006, p. 16-17 ; Perreau, 2013, cat. P.1246, p. 249 ; James-Sarazin, 2016, II, cat. P.1310, p. 438-440.
Œuvres en rapport :
- 1. Huile sur toile d’après Rigaud, Château de La Voulte-Polignac (Paris, coll. duc de Polignac en 1919). Sans doute la version signalée par Roman en 1919 chez le comte de Polignac à Paris.
- 2. Huile sur toile d’après Rigaud, H. 149 ; L. 115 cm. Collection particulière (ancienne collection Polignac au château de Kerbastic ; vente Paris, hôtel Drouot, Libert, 8 décembre 2008, lot 6).
- 3. Huile sur toile d’après Rigaud, H. 145 ; L. 112 cm. Rome, ambassade de France près le Saint Siège (villa Bonaparte).
- 4. Huile sur toile d’après Rigaud [buste], H. 93 ; L. 73 cm. Le Puy-en-Velay, musée Crozatier. Inv. 833.9 (acq. v. 1833).
- 5. Huile sur toile d’après Rigaud [buste], H. 81 ; L. 65 cm. Loc. Inc. (vente Paris, hôtel Drouot, Ader-Picard-Tajan, 30 juin 1989, lot 194).
- 6. Huile sur toile d’après Rigaud [buste], H. 80 ; L. 64 cm. Loc. Inc. (vente Paris, 30 avril 1898).
- 7. Huile sur toile d’après Rigaud [buste], H. 63 ; L. 52 cm. Versailles, musée national du château. MV2950 (acq. 1839). . Anc. Fond de l’Académie Française. Don à Versailles en 1839. En dépôt à l’Institut de France. Inscription au bas de la toile, dans un bandeau : « M. Cl. De Polignac. 1704 ». Voir Soulié 1880, n°2950 ; Constans, 1980, n°5841 ; Constans, 1995, II, p. 767, n°4322.
- 8a. Gravé en buste à gauche par Jean-François Cars en 1720, « buste sans mains [dans un ovale], tiré d’un portrait de M. Rigaud de plus grande composition représenté en entier par l’estampe qui suit [Chéreau]. Celle-ci grandeur de thèse ». La lettre suivante dans le pourtour de l’ovale de pierre : « Melch. De Polinac, S. R. E. Diac. Cardinalis canoum hospum de S. Spir. Magnus citra montes mager designatus ». Sur le plat du socle à gauche et à droite : « Hyacinthe Rigaud pinx. – J. F. Cars sculp. ».
- 8b. Gravé par François Chéreau en 1729 selon Roman et Hulst. H. 47,5 ; L. 34,2. Deux états connus. Figure jusqu’aux genoux avec la lettre suivante, sous le trait carré, de part et d’autre d’une composition aux armes : « Melchior S. R. E. Presbyter, tituli Stae Mariae – de Angelis ad terminos Cardinalis de Polignac, / Archiepiscopus Auscitanus, Abbas & Comes – Cordeiae, Aquiscincti, Boniportus, Mausonii et Begarii, / Regiorum Ordinum Commendator, Regiis apud – sanctam Sedem negotiis Praefectus ; antea Ludovici / Magni Legatus in Poloniam et Bataviam, – Sacrae Rotae Auditor, et Regii Sacelli Magister ». Autre état avec adjonction du cordon de l’ordre du Saint-Esprit. Dans la bordure inférieure du trait carré : « Peint par Hyacinthe Rigaud. Chevalier de l’Ordre de Saint-Michel – Gravé par François Chéreau. Graveur du Cabinet du Roi. 1729 ». Portalis juge l’estampe égale en qualité aux œuvres de Drevet mais regrette l’aspect « un peu terne » de la tête.
- 8c. Gravé en buste à droite par Jean Daullé sans date pour orner l’édition de l’Anti-Lucretius sive de Deo et Natura (1747). H. 19 ; L. 13 cm. Dans le socle, sous l'ovale : « Pondera quot rerum Europa gerentemr / Et magni latuit pars tamon ingenii. / Ecce patet : crescit post funera : quoque recedet / Longiùs ; hôc famâ judice, major erit ». Sous le trait carré, respectivement à gauche et à droite : « Peint par Hyacinthe Rigaud - Gravé par J. Daullé Gr du R. ». Trois états connus.
- 8d. Gravé par Pierre Dupin, 1786. Dans un ovale, buste avec une main tenant le livre, tourné à droite. Sur le plat du socle, respectivement à gauche et à droite : « Hiacinte Rigaud pinxit - P. Dupin Sculp. ». Dans le socle au dessous, de part et d'autre d'une composition aux armes : « MELCHIOR CARDINAL / DE POLIGNAC ». Sous le trait carré : « à Paris chez Odieuvre Md destamp au Quay de l'Ecole vis à vis le côté de la Samaritaine à la Belle Image / A.P.D.R. ».
- 8e. gr. N.-J. Voyez l’Aîné.
- 8f. Gravé par Johan Christoph Syzang en 1753. H. 14,3 ; H. 8,5 cm. Dans un ovale tourné à droite. Dans le socle de l'ovale : « Melchior, Cardinal / De Polignac ». Sous le trait carré : « f. sc ».
- 8g. Gravé par Jean Daullé à mi-corps tourné à gauche. H. 26 ; L. 18,6 cm. Assis dans un fauteuil, presque de face, la tête tournée un peu à droite. Il tient sur ses genoux un grand livre ouvert. Armes à la marge, surmontées d'un chapeau de cardinal. Selon Delignières : « Bonne gravure ; la figure el les mains sont finement burinées; les yeux sont moins réussis, comme cela arrive souvent au maître même dans ses bonnes pièces; détails admirables du surplis en dentelle; on peut admirer surtout la délicatesse merveilleuse avec laquelle est fouillée la dentelle dn surplis ». En bas de l'image, de part et d'autre d'une composition aux armes : « Melchior S. R. E. presbyter tituli S'œ Mariœ de angelis ad termas cardinalis de Polignac, archiepiscopus auscitanus abbas et cornes Corbeiœ, &c. » Sous le trait de l'image : « peint par Hyacinthe Rigaud, — gravé par J. Daullé, graveur du roy. » Sous les armes : « A Paris, chez la veuve Daullé ». Etat avant toute lettre.
- 9. Huile sur toile d'après Rigaud. H. 82 ; L. 65 cm. Vente Paris, Villanfray Pommery, 22 juin 2023, lot. 200.
Copies et travaux :
- 1715 : « Une [copie] de M[onsieu]r le Ca[rdina]l de Pollignac » pour 200 livres (ms. 624 f°37 v°).
- 1715 : La Penaye reçoit 4 livres pour « une teste du Cardinal de polignac » (ms. 625, f°31 v°).
Descriptif :
Nommé cardinal en 1713. Il tient dans la main le poème latin, l’Anti-Lucretius (1745), œuvre de sa vie. Voir les effigies de son frère en 1688 [*P.148] et en 1693 [*P.324].
Abbé de Corbie, membre de l’Académie française, Melchior de Polignac (1661-1741), fut archevêque d’Auch de 1725 à 1741, abbé commendataire d’Anchin et de Corbie puis cardinal (1713). Il fit une importante carrière diplomatique qui le mena en Pologne (1693) comme ambassadeur extraordinaire, alors qu’il était un simple abbé. En 1704, il succède à Bossuet à l’Académie Française et devient également membre de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres & de l’Académie des Sciences. Nommé plénipotentiaire à Utrecht (1712), il est soupçonné d’avoir trempé dans la conspiration de Cellamare et se trouve momentanément exilé dans son abbaye d’Anchin. Il reprend du service sous le duc de Bourbon. Alors qu’il est ambassadeur de France à Rome de 1724 à 1730, il s’adonne à l’archéologie, dirige des fouilles et découvre près de Frascati les vestiges de la maison de campagne de Marius, le vainqueur des Cimbres. Il rapatrie ainsi en France une importante Vigna Giustiniani (Berlin, Pergamonmus). Polignac fut un protecteur des arts, commanditaire du Christ chassant les marchands du temple de Natoire (Paris, église Saint-Médard) ou son propre portrait par Rigaud… Bouchardon (1731, Meaux, musée Bossuet) et Antoine Coyzevox (1718, priv. col., voir Jouchol, 1977-93, II, fig. 102) ont également reproduit les traits du cardinal. L’inventaire posthume de sa collection montre qu’il possédait également des œuvres de maîtres anciens comme Paolo Veronese, Guido Reni, Valentin de Boulogne, Guercino et Carlo Maratti. La majeure partie de sa collection, à sa mort, fut acquise par Frédéric II de Prusse, sur les conseils de Voltaire. Rappelé sur sa demande, Polignac rentre en France en avril 1732. En tant qu’archevêque, il résida peu à Auch, occupant la plus grande partie de son temps à l’achèvement de son poème latin, L’Anti-Lucretius, qui a été l’œuvre de toute sa vie, dans le calme de son Hôtel de Mézière, rue de Varennes à Paris. C’est d’ailleurs cet ouvrage qu’il tient dans ses mains alors qu’il pose pour Rigaud. Avant de mourir, il en confie le manuscrit à son ami l’abbé de Rotholin qui le publiera finalement en 1745.
Saint Simon en fit un portrait qui semblait plutôt flatteur mais qui s'avéra plus nuancé : « C'était un grand homme très bien fait avec un beau visage, beaucoup d'esprit, surtout de grâces et de manières, toute sorte de savoir, avec le débit le plus agréable, la voix touchante, une éloquence douce, insinuante, mâle, des termes justes, des tours charmants, une expression particulière ; tout coulait de source, tout persuadait. Personne n'avait plus de belles-lettres ; ravissant à mettre les choses les plus abstraites à la portée commune, amusant en récits, et possédant l'écorce de tous les arts, de toutes les fabriques, de tous les métiers. Ce qui appartenait au sien, au savoir et à la profession ecclésiastique, c'était où il était le moins versé. Il voulait plaire au valet, à la servante, comme au maître et à la maîtresse. Il butait toujours à toucher le cœur, l'esprit et les yeux. On se croyait aisément de l'esprit et des connaissances dans sa conversation; elle était en la proportion des personnes avec qui il s'entretenait, et sa douceur et sa complaisance faisaient aimer sa personne et admirer ses talents ; d'ailleurs tout occupé de son ambition, sans amitié, sans reconnaissance, sans aucun sentiment que pour soi ; faux, dissipateur, sans choix sur les moyens d'arriver, sans retenue ni pour Dieu ni pour les hommes, mais avec des voiles et de la délicatesse qui lui faisaient des dupes; galant surtout, plus par facilité, par coquetterie, par ambition que par débauche ; et si le coeur était faux et l'âme peu correcte, le jugement était nul, les mesures erronées et nulle justesse dans l'esprit, ce qui, avec les dehors les plus gracieux et les plus trompeurs, a toujours fait périr entre ses mains toutes les affaires qui lui ont été commises. »