Si la carrière du frère cadet de Rigaud fut brève et discrète, celle de Jean (1674-1735), fils d’Antoine (1634-1716) fut plus éclatante, débouchant par sa nomination comme portraitiste du roi d’Espagne en 1722[1]. Ses débuts à Paris furent prédestinés par le passage des deux frères à Montpellier, et l’on sait qu’en 1696 son talent avait déjà motivé Hyacinthe à lui confier la duplication du premier portrait de Louis XIV[2]. Deux ans plus tôt, Antoine Ranc, son père, avait d’ailleurs commandé une réduction en buste de cette effigie originellement « en pied »[3].
À gauche : Jean Ranc, portrait du prince de Vaudémont, v. 1697, coll. priv © photo. d.r.
À droite : Jean Ranc, portrait de Jean-Louis de Roll-Montpellier, v. 1713, coll. priv. © photo Christie's images LTD
Quoiqu’aucun contrat d’apprentissage n’ait été retrouvé, le jeune « élève » travailla très régulièrement dans l’atelier parisien jusqu’en 1699, ébauchant, habillant, copiant les modèles les plus prestigieux, tout en se spécialisant la plupart du temps dans les visages ou les vêtures. Ranc partagea parfois sa clientèle avec son professeur, tel le prince de Vaudémont [*PC.981] ou Jean-Louis de Roll-Montpellier [P.1201]. Il semble cependant avoir rapidement acquis une certaine autonomie grâce à un savoir-faire dont la qualité dépassait le commun des aides, mais aussi, très certainement, par des prix plus bas, du moins dans un premier temps car on se plaignit vite que son temps « étoit fort cher »[4].
À gauche : Jean Ranc, portrait de Nicolas de Plattemontage, 1700, Versailles, musée national du château © photo. Stéphan Perreau
À droite : Jean Ranc, portrait de François Verdier, 1700, Versailles, musée national du château © photo. Stéphan Perreau
Le 30 mars 1697, sur les conseils de son maître, il tenta le prix de Rome avec un sujet figurant Les Frères de Joseph retenus à la cours de Pharaon et soupçonnés d’être des espions. Il dut pourtant s’incliner face au talent de Dullin et de Cornical, mais se présenta à l’Académie le 30 décembre 1700. Trois ans plus tard, il remettait à ses pairs les effigies de Nicolas de Plattemontagne (1631-1706) et de François Verdier (1651-1730), deux morceaux de réception sur le talent du portrait dans lesquels la main de Rigaud est flagrante[5]. Si l’auguste institution reconnut qu’il « avoit aussy beaucoup de talent pour l’Histoire par un grand tableau du Portement de croix qu’il a faict voir », et souhaita lui en commander un nouveau, le peintre n’obtint jamais le titre convoité, sans cesse retardé à satisfaire ses pairs.
Jean Ranc, portrait d'Antoine Houdart de La Motte, 1704, Coll. part. © photo Stéphan Perreau
Sa présence au Salon de 1704 fut néanmoins significative avec treize tableaux dont une Vierge et un Portement de croix. Mais ce sont surtout les onze portraits qui le firent remarquer et qui attestèrent des liens qu'il avait déjà tissé avec les milieux d'artistes et de bourgeois parisiens. Son amitié avec poète Antoine Houdart de La Motte (1672-1731), qui dura jusqu'en 1719, date à laquelle Ranc participa à l'édition des Fables Nouvelles du compositeur, fut particulièrement mise à l'honneur. Son portrait, jusqu'ici perdu et que nous avons retrouvé à l'occasion de la rétrospective Jean Ranc, un Montpellierain à la cour des rois qui s'est tenue au musée Fabre, devint l'iconographie officielle d'Houdart.
Si le peintre fut sans conteste le meilleur héritier de Rigaud pour le style, l’acuité psychologique des modèles et l’opulence des drapés, mais il n’en fut pas qu’un simple affidé. Continuateur in fine et repreneur de modèles de son professeur, il développa son propre style, réussissant dans toutes les parties de la peinture, plus particulièrement dans les accessoires (oiseaux, chiens, fleurs) et dans les carnations que l’on jugea « porcelainées ».
À gauche : Jean Ranc, portrait de François Xavier Bon de Saint Hilaire, v.1713, Coll. part. © photo d.r.
À droite : Jean Ranc, portrait de femme, huile sur toile, H. 80 ; L. 65 cm. v. 1710, coll. part. © photo d.r.
Ses productions se ressentent d’un air mélancolique caractéristique, faisant la part belle à un contraste vibrant entre ombre et lumière crue et à l’usage paroxystique et frénétique de drapés « froissés » aux angles déjà vifs. C'est notamment le cas du portrait de François-Xavier Bon de Saint Hilaire (1678-1761), premier président de la chambre des comptes de Montpellier qui constitue une intéressante alternative masculine aux grands portraits féminins dont Ranc s’était fait une spécialité. Commandé à l’artiste pour marquer l’accession du parlementaire au titre de marquis (1712), il marqua probablement aussi la récente union de ce dernier avec Françoise-Élisabeth de Pujols (1713). C’est sous le vocable de magistrat anonyme de l’entourage de Nicolas de Largillierre que le tableau fut vendu au Dorotheum de Vienne le 7 juin 2000[6].
À peu près au même moment d'ailleurs, Ranc faisait preuve d'un grand mimétisme d'avec son professeur et futur parent en peignant un très élégant portrait ovale de jeune femme dont la main, tenant des fleurs, aurait pu offrir pour les méconnaisseurs du « style Ranc », une entière paternité à Rigaud. C'était sans compter sur le traitement caractéristique de l'artiste à ordonner ses drapés dits « cassants » et à les animer de reflets crus de lumière. On reconnaissait également sa manière si caractéristique de rosir à l'extrême les joues de ses modèles, autant que l'accentuation géométrique du décolté de la robe, précisément là où Rigaud aurait introduit une légère courbe. Passé en vente à Cannes le 8 novembre 2003 (lot. 28), l'ovale fut fort prudemment donné par des commissaires priseurs) à l'« entourage de Rigaud », tant dans le catalogue de la vente que dans la Gazette Drouot.
Mais, au-delà des œuvres qui parlent aujourd’hui d’elles-mêmes, le compte rendu de 1729 d’un consul de France à Lisbonne, Monsieur de Montagnac, résumait à lui seul le lien stylistique qui existait entre le maître et son ancien élève :
« Il arriva ces jours derniers à ce peintre une aventure fort singulière au sujet d’un portrait du feu marquis de Gascaes qu’on disoit avoir été peint par Rigault lorsque ledit marquis étoit ambassadeur en France. Le roy de Portugal se l’estant fait apporter dans le temps que le sieur Ranc étoit le peindre de Majesté, et après avoir fort aplaudy ce portrait, que ledit sieur Ranc avoit déjà été voir chez le marquis de Cascaes, il luy demanda sy cela étoit peint par Rigault, que tous les peintres qui l’avoient veu l’avoient dit ainsi : sur quoy ledit Ranc, qui reconnut ce portrait pour l’avoir fait luy-mesme, étant élève du sieur Rigault, dit au roy de Portugal que comme il falloit parler vray aux testes couronnées, qu’il devoit dire à Sa Majesté que c’étoit un portrait qu’il avoit fait à luy-mesme, et que s’il n’avoit point détrompé d’abord le marquis de Cascaes fils[7] de ce qu’il croyoit qu’il avoit été fait par Rigault, ç’avoit été par modestie, mais qu’il ne pouvoit désavouer à Sa Majesté que c’estoit luy qui l’avoit fait. Le roy de Portugal et le marquis, qui étoit présent, le gracieusèrent fort sur ce portrait[8] . »
À gauche : Jean Ranc, portrait de femme, v.1710, Coll. part. © photo d.r.
À droite : Jean Ranc, portrait du Marie-Anne de Bourbon, 1725, Madrid, musée du Prado © photo Museo del Prado
On aurait peine à reprocher à Ranc la complaisance du subterfuge car, encore aujourd’hui, nombreuses sont les œuvres jusqu’ici attribuées à Rigaud dans les ventes publiques et qui, lorsqu’on entre plus précisément dans leur « pâte », laissent éclater leur parenté avec le peintre d’origine montpelliéraine. Aux œuvres que nous avons récemment publiées, on ajoutera cette élégante femme au loup de bal, parfois même attribuée à Santerre, qui applique ici toutes les leçons acquises sous le Catalan[9], et qui annonce le portrait de Marie-Anne Victoire de Bourbon peint par Ranc en 1725 pour la cour d’Espagne (Madrid, musée du Prado. Inv. P.2336).
À la torsion de la main tenant le masque, l’agencement juste des drapés du lourd manteau et le traitement parfait des moirés, s’ajoute l’infinie délicatesse du regard propre à la manière du Montpelliérain. C’est encore plus vrai dans la célèbre Vertumne et Pomone dont on pensa longtemps qu'elle avait été peinte en Espagne à cause d'une lumière « typiquement madrilène »[10]. Enfin, le portrait du Régent à cheval, seulement connu par la superbe estampe du graveur attitré de Ranc, Nicolas Édelinck, semble dépasser le maître, s’inspirant franchement de Mignard et fixant dès 1719 par son décor et la frénésie des drapés, l’ordonnance future de l’effigie équestre de Philippe V d’Espagne livrée en 1723[11].
Jean Ranc, Vertumne et Pomone, v. 1710. Montpellier, musée Fabre © musée Fabre
Logeant probablement chez Rigaud à ses débuts, nous avons découvert que Ranc avait déménagé dès 1704 pour s’installer rue Coquillère, entre les rue de Grenelle et du Boulois[12], précisément là où le Catalan s’était établi à son arrivée à Paris[13]. De 1707 à 1721, soit un an avant son départ définitif pour Madrid, il renouvellera deux fois le bail d’une « petite maison » à l’entrée de la rue des Fossés-Montmartre, vis-à-vis l’hôtel de Pomponne donnant sur la place des Victoires. Comme l’avait décrit Wildenstein, Ranc loua la maison au commis de Colbert et secrétaire de Pontchartrain, Michel I Ancel Desgranges (1649-1731), dont le fils sera d’ailleurs l’un des nombreux modèles du Catalan [*P.874][14].
La relation entre Rigaud et Ranc fut unique par sa longévité et sa ferveur car, n’ayant pas de descendance directe, le Catalan avait reporté principalement son affection sur sa nièce, Marguerite Élisabeth, devenue depuis le 13 juin 1715 l’épouse de son parrain, Jean Ranc, et seule rescapée de la progéniture de Gaspard Rigaud[15]. Dès le 28 juillet, il avait fait rédiger un troisième testament dans lequel il donnait et léguait « à la damoiselle Rigaud, sa nièce et à présent femme du sieur Ranc, peintre de ladite Académie, qui pourra les achever pour son compte ainsy qu’il le jugera à propos et les débiter à son proffit […] plusieurs desseins de différents maistres et de luy, un portefeuil contenant un grand nombre d’attitudes dessinées d’après ses ouvrages, par luy retouchées, plusieurs ouvrages parfaits et à parfaire avec des toiles, des couleurs, et des ustanciles de l’art de peinture, lesquels conviendront à un maistre dudit art[16] ».
Jean Ranc, portrait présumé de Marguerite-Élisabeth Ranc en Pomone. Stockholm, National Museum © NM
Mais l’occasion plus concrète encore d’aider le couple Ranc se présenta bientôt. Le 14 octobre 1721, le marquis de Maulévrier, ambassadeur du roi de France dans la péninsule Ibérique, écrivit au cardinal Dubois [P.1309] pour l’informer que le petit-fils de Louis XIV, l’ancien duc d’Anjou devenu roi d’Espagne sous le nom de Philippe V [P.697] se désespérait des artistes espagnols qu’il avait trouvés à son avènement en 1701. Le monarque souhaita impérativement qu’on lui envoyât un portraitiste digne de ce nom, évoquant expressément ceux dont il avait gouté l’art à Versailles : Largillierre, de Troy ou Rigaud. Le 18 novembre, Dubois répondit que « les trois peintres que vous nommés sont si âgés et si infirmes qu’aucun d’entr’eux n’est en état d’entreprendre le voiage de Madrid, mais il en sera incessamment choisi un qui pourra satisfaire leurs Maj[es]tés Cath[oliqu]es et que l’on croit aussy bon, qu’aucun des trois autres[17] ». Rigaud intrigua donc assez rapidement pour que Jean Ranc fût choisi, ce qui fut entériné, le 30 août 1722, par une missive de Dubois à Maulévrier dans laquelle l’artiste est décrit comme « le plus habile que nous ayons après Mrs Rigault, M. Troyes et Largilière[18] ».
Le 5 octobre, Ranc prenait ses fonctions à Madrid, non sans avoir laissé à Paris, aux bons soins de sa belle-mère, Marie-Marguerite Caillot, ses trois enfants vivants[19]. L’inventaire après décès de cette dernière, que nous avons retrouvé de manière inédite aux archives nationales à Paris dès 2004[20], décrivait un certains nombres d’objets, notamment quelques tableaux anonymes, peut-être de maigres vestiges de l’art de son époux, Gaspard Rigaud : sept portraits de famille, un Christ, des portraits de femmes, une composition avec des anges… Mais il signalait dans une chambre au quatrième étage quelques toiles vraisemblablement dues au pinceau de Jean Ranc à l’instar du portrait du président de Jassaud, dont l’original avait été exposé au Salon de 1704 par son auteur. « Un autre tableau représentant un portrait d’homme aussy dans bordure, une estampe représentant le feu Roy Louis quatorze dans sa bordure ovalle de bois doré, et deux toille à tableau » complétaient cet ensemble avec « deux cuillers et une fourchette d’argent armoiriées des armes de deffunt M. Ranc » (ordre de Malte[21]), une « basse de violle avec son étuy couvert de cuir doublé de flanelle verte » et un clavecin « à ravalement dans sa boiste et sur son pied de bois de noyer garny de cuivre » fait par Honoré Rastoin (v.1675-1721)[22].
Jean Ranc, la famille de Philippe V, 1723. Madrid, museo del Prado © MDP
Au fil de ses testaments, Hyacinthe Rigaud compléta son legs initial à Ranc. En 1726, il lui destinait « toutes les mains moulées en plastre d’après nature, avec l’armoire dans laquelle elles sont enfermées », précisant que le tout serait remis à sa belle-mère, Marie-Marguerite Caillot, pour qu’elle les remette à son gendre[23]. Cinq ans plus tard, il ajouta « toute l’œuvre en estampe de feu M. Le Brun », un livre renfermant l’ensemble des portraits « qui ont été gravés d’après le sieur testateur, relié à l’ordinaire », un portefeuille composé de dessins d’après ses portraits « et qu’il a retouchés » ainsi qu’un autre « d’académies de différents maîtres avec les autres dessins de différents maîtres »[24] .
Au lendemain du quatrième testament qu’il rédigea le 16 novembre 1724[25], la disparition de son légataire initial, son filleul homonyme et frère aîné de madame Ranc[26], obligea Rigaud à transférer, dans un cinquième acte du 16 juin 1726, l’ensemble de la disposition initiale à la sœur du défunt, « qui se nomme Rigaud de son nom de famille et batesme de laquelle il ne se souvient pas[27] ». À l’exception des legs particuliers, Marguerite Élisabeth devenait donc la détentrice en usufruit des biens potentiels de son parent, et ses enfants détenteurs en nue-propriété. Quelques mois après la mort de son oncle, et plus de neuf ans après la disparition brutale de son époux (survenue à Madrid le 1er juillet 1735), madame Ranc rentra enfin à Paris pour toucher un héritage de plusieurs dizaines de milliers de livres. Elle vécu ainsi assez « confortablement » jusqu’en 1772[28], se contentant du simple ordinaire, dans un petit appartement en entresol de la rue du faubourg-Saint Honoré. Notre redécouverte de son inventaire après décès, oublié dans les liasses du notaire Lenoir, livra quelques clés sur les dernières années de sa vie[29]. Morte le 9 mars 1772, celle qui signait parfois d’une encre dorée « Marguerite Elisabeth Rigaud-Ranc » fut inhumée en l’église Saint-Roch, le 13 suivant (Annonces, affiches et avis divers, Paris, 1772, p. 240). L’inventaire de ses biens fut réalisé le 14 mars en présence de deux de ses trois enfants vivants : Marguerite Antoine et Hyacinthe Joseph (1719-1792), ancien cornette de dragons au régiment de Numance de l’armée d’Espagne en Italie. Claude (1720-v.1780), capitaine du régiment de Brabant du roi d’Espagne, était alors à Ceuta, une enclave espagnole sur la côte marocaine. Soldini, le gendre de la défunte, était également présent, quoique « époux séparé quant aux biens » de Marguerite Antoine.
Grâce à l’héritage qu’elle fit de Rigaud, Madame Ranc avait notamment acquis un riche mobilier pour remplir son appartement du cloître Saint-Benoît ainsi que ses deux propriétés de Suresnes et de Rueil, respectivement acquises en 1754 et 1756. Tous les biens relatifs à la peinture furent légués par un nouveau testament, du 29 septembre 1735, à Hyacinthe Collin de Vermont (1693-1761), autre filleul de Rigaud « qui avait embrassé la carrière de la peinture »[30].
Si l'œuvre de Jean Ranc fut longtemps réduite à ses seules productions espagnoles, on redécouvre aujourd'hui à peine l'étendue de son talent. Sans cesse comparé à son illustre parent et professeur, l'homme cultiva une réelle clientèle qui prisa sans discontinuer ses productions jusqu'à son départ pour Madrid. En témoignent de nombreux tableaux d'une grande sensibilité à l'instar de ceux de l'horloger Pierre Gaudron (v.1677-1745) et de son épouse Jeanne Catillon (v. 1685-1706), que nous avons récemment découverts et qui furent signalés dans l'inventaire après décès des modèles.
Jean Ranc, portrait de Monsieur et Madame Gaudron, 1706. France, collection particulière © photo Stéphan Perreau
Peu à peu on redécouvre sa manière, celle d'un coloriste accompli, audacieux et particulièrement sensible qui fit le lien entre le faste du pinceau de son professeur et le génie presque impressionniste de Largillierre.
Travaux réalisés par Jean Ranc pour Hyacinthe Rigaud :
Année | Nature du travail | Rémunération (en livres) |
1696 | Ebauché une grande Copie du Roy | 28 (et 16 sols) |
1697 | Pour une copie du Roy en pied Pour une copie de Mr de Ravelinguant Pour deux copies du Roy en buste Pour deux copies de Mr Le Comte de verdun Pour une copie de Mr le prince de Conty Pour trois tetes de Mr le prince de Conty ébauchées Deux en buste du même prince Une copie de Mr le prince de Conty en petit en pied Fini deux tetes de Mr larchevecque de Rouen Plus une copie du Roy armé Plus finy deux autres copies du Roy Plus deux de Mr le prince de Conty |
100 16 36 32 35 24 15 30 18 30 40 60 |
1699 |
L’habit de Mr Le grand prevost |
3 14 18 25 40 12 100 50 80 |
[1] Pour la période espagnole de Ranc, on se rapportera aux nombreux travaux de Yves Bottineau et de Juan J. Luna, dont le catalogue El arte en la corte de Felipe V (Fondation Caja Madrid, 2002, p. 157-172) offre un bon résumé.
[2] Voir Stéphan Perreau, « Les années parisiennes de Jean Ranc », L’Estampille l’objet d’art, janvier 2012, p. 66-74
[3] Ms. 624, f° 10 v°, 1694 (« une du Roy pour mr Rancq le père », 40 L).
[4] Perreau, 2012, op. cit., p. 71. Xavier Dejean, dans le catalogue d’une exposition au musée Fabre de Montpellier en 1979, a prêté, à tort selon nous, un retour de Jean Ranc dans sa ville natale en 1702-1703. La démonstration, qui ne repose sur aucune source précise, fut faite pour corroborer la datation d’un portrait attribué au peintre de l’intendant de Languedoc, Lamoignon de Basville (Montpellier, musée Fabre. Inv. 828-3-2). Mais cette légende a été reprise longtemps après lui. D’ailleurs, en 1994, Antoine Schnapper rejoignait l’hypothèse en voyant Jean Ranc dans l’un des peintres nommés le 5 juillet 1703, pour l’expertise de la collection de tableaux léguée par le peintre Samuel Boissière à l’hôpital général de la ville de Montpellier (Curieux du Grand Siècle, p. 422). Le document d’archive cité, qui n’est qu’une copie d’un original perdu, ne cite pourtant que le nom de Ranc, sans aucun prénom ni titre (AH, 3HDT B49). Selon nous, il s’agit bien plus probablement du père, Antoine (qui ne meurt qu’en 1716), sans doute le plus qualifié pour mener une telle expertise (Guillaume Ranc, le fils cadet, étant pour sa part trop jeune).
[5] Montaiglon, 1875-1892, III, 306.
[6] Huile sur toile, H. 130 ; L. 98,5 cm, lot. 50. Voir Stéphan Perreau, « Jean Ranc, œuvres méconnues ou retrouvées », Les Cahiers d'Histoire de l'art, Paris, 2016, p. 16-25.
[7] Manuel José de Castro Noronha Sousa e Ataíde, 8e comte de Monsanto (1666-1742).
[8] Correspondance de Portugal, vol. LXIV, fol. 71, 22 mars 1729 ; fol. 110, 131. Cité dans Roland Francisque Michel, Les Portugais en France, les Français en Portugal, Paris, Guillard, 1882, p. 50.
[9] Huile sur toile, H. 94 ; L. 75. Ancienne collection de S.A.I. la princesse Mathilde en son hôtel de la rue de Berry à Paris ; sa vente, Paris, hôtel Drouot, 17-21 mai 1905, lot. 45.
[10] Montpellier, musée Fabre.
[11] Huile sur toile, H. 335 ; L. 270. Madrid, musée du Prado. Inv. P.2326.
[12] Liste des noms et adresses de Messieurs les Officiers de l’Académie Royale de Peinture et Sculpture, Paris, École nationale supérieure des beaux-arts, ms. 21. Il en est de même jusqu’en 1708.
[13] « Rigaud étoit venu loger dans la rue Coquillière, au coin de la rue des vieux Augustins, chez un Notaire » (Nougaret, op. cit.). Il s’agissait de l’adresse du notaire Nicolas-Charles de Beauvais (1664-1724), qui possédait deux maisons à portes cochères (n° 11 et 12 de la rue). Rigaud testa justement dans son étude de 1707 à 1724. Voir Stéphan Perreau, « Hyacinthe Rigaud et Marie Grisy ou l’art de l’aumône », 15 août 2011, www.hyacinthe-rigaud.over-blog.com.
[14] Paris, archives nationales, ét. XCVI, liasse 200 (cité par Daniel Wildenstein, 1966, p. 127).
[15] Huile sur toile, H. 94 ; L. 83. Stockholm, National Museum. NM 2770. Les neveux et nièces de Perpignan et de Collioure, enfants de sa sœur Clara Rigaud-Lafita, ne furent pas oubliés, mais leur éloignement ne permit pas à Hyacinthe de leur témoigner son attachement autrement que par différents legs particuliers.
[16] Paris, arch. nat, MC, ET/XCV/63. Furent exclus de ce legs les tableaux « en bordure ».
[17] Paris, archives du ministère des Affaires étrangères, section Espagne, Correspondance politique, t. 307, f° 93.
[18] Ibid., f° 159.
[19] Rigaud mit l’aîné des enfants Ranc, Antoine Jean-Baptiste (1717-1756), en pension chez Joseph François Maitrot, prêtre, docteur en Sorbonne et chanoine de l’église royale et collégiale de Sainte-Croix d’Étampes. Le peintre souhaita lui léguer ses ouvrages de piété « propres à former un parfait chrétien », mais le jeune homme rejoignit ses parents à Madrid et devint garçon de la chambre du roi en 1747 (et non pas ingénieur, contrairement à ce qu’a fait penser une inversion éditoriale, survenue dans la note 8 de notre article de 2012). Antoine Jean-Baptiste se fera néanmoins enterrer dans la capitale madrilène, en habit de moine séraphique de Saint-François (Paris, archives nationales, ét. CXII, liasse 714). Rigaud fut également le parrain de Hyacinthe (1718-1720) et de Hyacinthe Joseph qui, avec Antoine Jean-Baptiste et Claude, restèrent à Paris au départ de leurs parents pour Madrid (la petite Marguerite Élisabeth (1719-av.1722) était probablement déjà décédée). Jean-Baptiste Madeleine (1727-1757), naquit à Madrid et revint en France où il fut ingénieur du roi, comme son oncle Jean-Baptiste Ranc (1685-1757), établi à Saint-Quentin dans l’Aisne. Il mourut à Privat, en Ardèche. Marguerite Antoine (1729-1803), qui devait épouser à Paris Benoît Antoine Soldini (v.1714-v.1784), commis du secrétaire général des postes, naquit aussi à Madrid, suivie quelques années plus tard, à Séville cette fois, de Hyacinthe Guillaume (1732-v.1740), dernier rejeton de la famille. L’existence de cet enfant était restée inédite en France jusqu'à notre découverte en 2011 du testament inédit de Jean Ranc dans les archives de Madrid (Stéphan Perreau, Hyacinthe Rigaud, catalogue concis de l'œuvre, 2013, p. 53, note 69).
[20] Inventaire après décès de Marie-Marguerite Caillot, veuve de Gaspard Rigaud (Paris, Arch. nat., MC, ET/XIII/259, 17 décembre 1737).
[21] Des lettres données à Perpignan le 25 septembre 1724 par les consuls de la ville accordèrent aux descendants de Hyacinthe Rigaud la possibilité d’être reçus chevaliers de Malte et de jouir des privilèges de nobles et gentilshommes, conformément à un article des recteurs de la religion de Malte du 14 juin 1721. Un exemplaire de ces lettres était d’ailleurs inventorié dans les biens de Marie-Marguerite Caillot.
[22] L’abbé Maitrot, qui assista à l’inventaire déclara que les instruments de musique « font partye de la réclamation par luy faitte comme le clavecin appartenant à ladite Dame Ranque et la basse de violle à ses deux enfans ». Rastoin, et non pas « Rastont » (James-Sarazin, 2009/2, p. 88), demeurait rue Saint-Martin à Paris. Il fut juré de la communauté des « faiseur d’instruments » dès le 23 juillet 1692 (Paris, Arch. nat. Y 9322). Son fils, Jacques, fut également facteur et fut reçu maître en 1747 (ibid., Y9326). Voir Colombe Verlet, « Les facteurs de clavecins parisiens », Société française de musicologie, 1966, p. 62.
[23] Cinquième testament, op. cit. Les autres figures en plâtre, notamment d’après l’Antique, devaient revenir à son filleul Collin de Vermont.
[24] Sixième testament du 11 février 1731 (Paris, Arch. nat., MC, ET/LIII, 256).
[25] Paris, Arch. nat., MC, ET/XCV/79.
[26] Jusqu’à notre publication de 2012, on estimait la mort de Hyacinthe Rigaud, fils de Gaspard, avant 1738, date à laquelle son oncle réglait par testament les dettes du défunt Antoine Hanique (m. 1721), marchand rue Saint-Honoré (8e testament, Paris, Arch. nat. MC., ET/LXXIX/21, 21 avril 1738). Une lettre de Jean Ranc, écrite à Madrid le 23 juillet 1725, prouve que le jeune homme, « bourgeois de Paris » sur la paroisse Saint-Germain-l’Auxerrois, qui était encore vivant à l’automne 1724, disparut avant l’été de l’année suivante : « Ranc, prend la liberté d’Informer vos Majestez que les copies des Portraits de Monseigneur le Prince et de Madame l’Infante ne peuvent estre achevées avant leur départ, il les a mis en estat de pouvoir se passer des originaux. Il supplie très humblement Vos Majestez qu’il puisse les emporter à Madrid où il les achevera, et ou des affaires de famille, par la mort du frère de sa femme, demanderoit qu’il s’y rendit. Il prend aussi a liberté de remontrer à Vos Majestez, que le voyage de sa femme dans ce païs, et la dépense de se meubler, luy ont consommé entièrement ce qui luy restoit d’argent. » (Madrid, Archives du Palais royal, dossier personnel de Jean Ranc, carton 868, dossier 18).
[27] Paris, Arch. nat., MC, ET/LIII, 237. Comme le montrent le catalogue de de la rétrospective perpignanaise « Rigaud intime », organisée au musée Rigaud (2009) ainsi que l'édition de l'inventaire après décès de Rigaud (Bulletin de l'histoire de l'art français, 2009, p. 140), la date du décès de Marguerite Élisabeth et celle de son inventaire après décès étaient restées inédites jusqu'à leur publication par nos soins en 2012 et 2013. On regrettera donc que la source de ces informations n'apparaisse pas dans le récent catalogue raisonné de l'œuvre de Hyacinthe Rigaud, publié aux éditions Faton en 2016.
[28] Décès de Marguerite Élisabeth Rigaud, veuve de Jean Ranc, au couvent des filles de L’assomption, rue Saint Honoré, 9 mars 1772 (Archives nationales : S 4623 à 4638. Filles de l’Assomption, rue Saint-Honoré. 1293-1791). Avis d’enterrement le 13 mars « De Mad. Marguerite Elisabeth Rigaud, pensionnaire du Roy d’Espagne, veuve de M. J. Ranc, 1er peintre du roi d’Espagne, de l’Académie Royale de Peinture & de Sculpture, décédée à l’Assomption. A S. Roch. Annonces, affiches et avis divers, Paris, 1772, p. 240.
[29] Paris, archives nationales, ét., CXVI, 453.
[30] Paris, Arch. nat. MC, ET/LIII/275.