ENFANT SOUS LES TRAITS DU SALVATOR MUNDI

Catégorie: Portraits
Année : 1716

 

P.1248

Huile sur toile
H. 56 ; L. 43 cm.
Amiens, collection particulière.

Historique :

Peint vers 1710-1716 ; Collection Jules Burat, sa vente à Paris, Galerie Georges Petit, 28 et 29 avril 1885, n°157 ; Ancienne collection Raymond Guest (1907-1991), ambassadeur des États-Unis en Irlande et de son épouse, née princesse Caroline Cécile Alexandrine Jeanne Murat (1924-2012). Leur appartement à Paris, boulevard de Courcelles au parc Monceau ; vente Christie’s Paris, 22 avril 2013, lot 49 [entourage de Rigaud] ; Amiens, galerie Stéphane Grodée.

Bibliographie :

Leroy, 1938, p. 283-287, 325 [=Louis XV] ; Gallenkamp, 1956, p. 279, 297 ; Perreau, 2013, cat. P.1248, p. 251 [enfant, localisation inconnue] ; Perreau, « Le Salvator Mundi vu par Hyacinthe Rigaud », 5 juin 2013, http://hyacinthe-rigaud.over-blog.com ; James-Sarazin, 2016, II, cat. NP.10, p. 577.

Expositions :

« L’art français du XVIIIème siècle », Paris, Galerie Georges Petit, décembre 1883-janvier 1884.

Œuvres en rapport : 

  • 1. Antoine Ferrand de Montholon (1686-1752) d'après Rigaud. Portrait d'enfant sous les traits du Salvator Mundi. Pierre noire, sanguine et craie brune, H. 55,5 ; L. 47,5 cm. Reims, musée des Beaux-arts. Inv. 795.1.3891. En haut à droite, sur une étiquette ronde à la plume et encre brune 16 et sur un rectangle de papier collé en plein 123. Historique : 795.1 saisie révolutionnaire en 1795. Bibliographie : Marie-Catherine Massé, Collection de dessins au musée des Beaux-Arts de Reims : une école de dessin du XVIIIe siècle en Champagne (mémoire de l'École du Louvre), Paris, 1978, n°127, p. 758 ; Charles Loriquet, Catalogue historique & descriptif du musée de Reims. Peinture, sculpture, dessins & toiles peintes précédés d'une introduction, Reims, 1881, n°148, p. 298*.

Descriptif :

Lorsqu’il quitta la célèbre collection Burat lors d’une vente mémorable en avril 1885, ce charmant portrait d’enfant avait déjà connu une certaine célébrité par la description qu’en fit Théophile Gautier à l’occasion d’une grande exposition qui se tint en 1860 au boulevard des Italiens à Paris. S’il avouait sa nette préférence pour la fougue des œuvres de Largillière, il concédait : « C’est pourtant une charmante chose que le portait de Louis XV enfant ; il a la mine éveillée et joyeuse, de grands yeux limpides et lustrés de lumière, une bouche de cerise et un petit nez retroussé qui n’a pas encore la courbe bourbonnienne (sic) ; une veste de satin blanc, un manteau bleu de roi composent son costume, et sa main mignonne posée sur une boule du monde surmontée d'une croix indique que ce gentil espiègle est un des maîtres de la terre. » (Le Moniteur Universel, 30 août 1860).

Figuré en buste tourné vers la droite de la composition, légèrement penché en arrière en un mouvement précieux, ce charmant portrait d’enfant passa longtemps pour une représentation du jeune Louis XV. L’une des mains du modèle, froissant un pli de sa veste crème, retient sur le devant de sa poitrine un ample manteau de velours bleu, laissant le reste du tissu, disposé en drapés virtuoses, prolonger la perspective derrière lui. Il pose son autre main, tapie dans l’ombre, sur ce qui semblait être un attribut : un globe surmonté d’une croix. Malgré l’énigme que pouvait susciter un tel portrait, tous les éléments étaient pourtant présents pour indiquer qu’il s’agissait d’une probable représentation du Jesu Christo salvator mundi, autrement dit la figure du « Jésus sauveur du monde », vêtu de sa tunique bleue caractéristique. Pour une certaine iconographie, le globus cruciger sera également associé à l’un des insignes royaux dans la plupart des monarchies européennes, symbolisant la domination temporelle mais aussi spirituelle du Christ sur le monde (la croix ayant remplacé la statue de la Victoire dans l’imagerie de la Rome antique).

C’est sans doute pour cela qu’Alfred Leroy, qui publia le tableau de Rigaud en décembre 1938 dans la revue The Connoisseur, crut également y reconnaître un jeune Louis XV d’à peine 5 ans (« The portraits of Louis XV as a child », dans The Connoisseur, décembre 1938, p. 283-287, 325), thèse reprise par le professeur Georges Van Derveer Gallenkamp. Le catalogue de la vente de la collection Burat, en 1885, avouait pourtant en préambule et sous la plume de Paul Mantz : « M. Burat ne pouvait ignorer Rigaud. On retrouvera dans on cabinet le beau portrait d’un petit prince appuyant la main sur un globe crucifère, peinture qui a figuré à l’Exposition de l’Art du XVIIIe siècle. On voulait alors voir dans ce jeune garçon à la chevelure blonde, Louis XV lui-même ; mais le roi n’y est pas facilement reconnu ».


mises à jour : *31 décembre 2021

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Autoportrait de Hyacinthe Rigaud. Coll. musée d’art Hyacinthe Rigaud / Ville de Perpignan © Pascale Marchesan / Service photo ville de Perpignan