PC.1180
Âge du modèle : 37 ans
Huile sur toile
H. 131 ; L. 106 cm
Montréal, Collection particulière
Sign. (apocryphe) : « H. Rigaud 1741».
Historique :
pour 1600 livres [prix pour deux portraits] (ms. 624, f° 33 v° : « M[onsieu]r le Bret p[remi]er president de Provence / Mad[adam]e la p[remiè]re presidente le Bret sa fe[m]me ») ; coll. Le Bret-Miromesnil, 1810 ; Château de la Potardière, 1889 ; toujours resté dans la famille ; vente Cheverny, Rouillac, 1er juin 2003, lot 48 ; Racheté après la Vente Rouillac-Cheverny 1er & 2 juin 2003, lot 47, par une branche de la même famille.
Bibliographie :
Mariette, 1770, fol. 116v ; Hulst/3, p. 190 ; Le Bret, 1889, p. 60-77 ; Roman, 1919, p. 164, 173, 179, 183 ; Constans, 1980, n° 5714 ; Constans, 1995, II, p. 1081, n° 6104 ; James-Sarazin, 2003, p. 250-255 ; Perreau, 2004, p. 125-126 ; James-Sarazin, 2009/1, n° 48, p. 122, 131 ; Perreau, 2013, cat. PC.1180, p. 235-236 ; James-Sarazin, 2016, II, cat. P.1250, p. 411-412.
Œuvres en rapport :
- 1. Huile sur toile d’après Rigaud. H. 83 ; L. 67 cm. Versailles, musée national du château. MV4335. Toile de faible qualité, avec variantes, sans les mains. Voir Constans, 1995, II, p. 1081, n°6104. Ce portrait pourrait tout à fait correspondre au tableau peint en 1710, montrant une version simplifiée de celui de 1712.
- 2. Huile sur toile d’après Rigaud. H. 86,5 ; L. 64. Paris, Musée Carnavalet. Inv. P. 510 [comme Portrait d'un président à mortier au parlement de Paris par un anonyme]. Au revers, sur une étiquette collée sur le châssis: « au marché rue d'Antin [accolade] Portrait du 1er President du Parlement / de Paris. / par Jean François de Troy fils. » Achat coll. Baur, n°107, 1890 : la version du musée Carnavalet semble de meilleure facture. On y aperçoit la main gauche tenant le couvre chef.
- 3. Huile sur toile d’après Rigaud. H. 137 ; L. 106 cm. Aix-en-Provence, musée Granet. Inv. 999-0-2884. Mentionné par l’amateur berlinois Jean Bernouilli en 1775 puis par Fauris de Saint-Vincens en janvier 1790 à l’hôtel de Ville d’Aix-en-Provence. Cat. Exp. Rigaud intime, Ed. La Célestina, 2009, n°48, p. 122, ill. p. 131.
- 3a. Huile sur toile, H. 138 ; L. 106 cm. Anciennement dans la galerie Charpentier le 15 décembre 1950.
- 4a. Gravé par Jacques Cundier en 1724 dans Portraits des Premiers Présidents du Parlement de Provence, dédié à Mgr Lebret, comte de Selles, Sgr de Pantin et autres, Premier Président, Intendant et Commandant en Provence, par son très humble serviteur Jacques Cundier, graveur à Aix (Aix. Bibl. Méjanes). H. 25 ; L. 19 cm. Buste dans un cadre ovale, la tête presque de face, le corps de profil vers la droite, en habit de magistrat ; sur le pourtour extérieur de l’ovale : « H. Rigaud pinxit - J. Cundier Sculpsit – 1724 ». Sur la tablette, de part et d’autre d’un médaillon aux armes : « Cardin Lebret Comte de Selles, - Seigr. de Pantin et aut. Lieux Coner. / au Parlement de Provance [sic] En 1693... Commandant En - Chef au dt. Paÿs En 1716, 1717 et 1718 ».
- 4b. Gravé par Jacques Cundier en 1727, « buste sans mains, pris sans aucun changement dans un portrait jusqu’aux genoux. L’estampe grandeur de thèse. » H. 37 ; L. 28 cm. Sur le rebord du socle, de part et d’aute d’un médaillon aux armes : « Peint par H. Rigaud - Gravé par J.Cundier 1727 ». Sur le socle : « CARDINUS LEBRET / constitutus / PRINCEPS SENATUS AQUENSIS GALLO-PROVINCIAE / RAEFECTUS ET PROREX / eo quod Dilexerit Dominus populum Suum. En marge : D. I. I. ROBAVD EIVSDEM PRAEFECTI IN GALLO PROVINCIA DELEGATVS VENERANDAM / HANC IMAGINEM IAM DIV CORDI ALTE IMPRESSAM IN AERE CONSIGNAVIT QVO ILLI PUBLICUM SUAE / GRATITUDINIS ET REVERENTIAE MONU-MENTUM PERENNIUS CONSECRARET ».
Copies et travaux :
- 1714 : Bailleul reçoit 12 livres pour avoir « Habillé M[onsieu]r Le Bret » (ms. 625, f°30 v°).
- 1715 : « Une [copie] de M[onsieu]r et Mad[am]e Le Bret » pour 200 livres (ms. 624 f°37 v°).
- 1716 : Bennevaux reçoit 24 livres pour « un buste de M[onsieu]r Le Bret » (ms. 625, f°32).
Descriptif :
Cardin Le Bret naît le 16 octobre 1675. Il est le fils de Pierre-Cardin (v.1639-1710), premier président du parlement et Intendant en Provence et de Marie-Françoise Veydeau de Grandmont. Saint Just, son précepteur, lui donne une solide érudition et dès 17 ans, il est nommé Maître des requêtes honoraires au parlement d’Aix. Dès lors, sa carrière connaît une brillante ascension. Commissaire du roi de France (1701), il reçoit les pleins pouvoirs pour délimiter les frontières entre la France et l’Espagne. En 1704, il est nommé au poste d’Intendant à la place de son père. Fidèle à la couronne, Cardin vend sa vaisselle d’argent afin de faire un emprunt pour payer l’armée et repousser l’invasion du duc de Savoie en Provence. Son mérite est récompensé en 1710 par sa nomination à la première présidence du parlement d’Aix puis en 1724 par le poste de Commandant de la force armée. En 1727, il devient comte de Selles et s’éteint paisiblement dans la nuit du 14 octobre 1734. Le Comte de Selles a su se faire aimer du peuple, admirer et respecter par ses pairs : ce magistrat réunissait les postes qui donnent de l’autorité en Province écrit son neveu, le Marquis d’Argenson. Il a su garder la faveur des deux grands rois : « J’ai connaissance de votre zèle pour mon service » (lettre de Louis XIV) ; « Ne doutez pas que je sois toujours très content de vos services » (lettre de Louis XV). Quatre portraits de Le Bret sont mentionnés dans les livres de comptes. Le premier en 1697 avec son père, conservé à la National Gallery of Victoria en Australie, le second en 1708, peint à l'occasion de son mariage, le troisième en 1710, peint à l'occasion de sa nomination comme premier président et le dernier, en 1712, commandé à l’occasion de son remariage avec Marguerite Henriette de Labriffe prétexte à son portrait la même année : « Le comte est représenté debout, en grand costume de premier président, robe rouge, manteau d’hermine ; la main droite levée, la gauche appuyée sur son mortier […] tout est admirable dans ce tableau qui est un chef d’œuvre du maître » (Cardin Le Bret, 1889).
On retrouve en contrepartie la même expression du visage dans la gravure de Cundier, que Henri Van Hulst et Pierre-Jean Mariette disaient « inspiré sans aucun changement [d’un] portrait jusqu’aux genoux ». On sait par divers témoignages qu’au moins deux portraits de Cardin étaient encore conservés, à la fin du XVIIIe siècle, en Provence. En 1790, Fauris de Saint-Vincens mentionnait également, « à l’hôtel de ville d’Aix, dans une salle à côté de celle ditte du conseil [...] le portrait de M. Lebret peint par Rigaud ». Ce dernier portrait semblait avoir été détruit en 1792 mais il s'agit en réalité de l'exemplaire aujourd'hui conservé au musée Granet.