PC.1078
Âge du modèle : 56 ans
Huile sur toile
Dimensions inconnues [buste]
Collection particulière.
Historique :
Paiement inscrit aux livres de comptes en 1710 pour 150 livres (ms. 624, f° 30 v° : « M[onsieu]r Du Mesnil, ch[evali]er de S[ain]t Louis [rajout :] hab[illement] répété ») puis en 1711 pour la même somme [doublon] (ms. 624, f° 32 : « M[onsieu]r Duménil [rajout :] h[abillement] r[épété] ») ; collection Etienne Frère, apoux de Noémi Tardieu, descendante en ligne féminine de François du Mesnil, neveu du modèle ; par descendance.
Bibliographie :
Roman, 1919, p. 151 [Pierre du mesnil], 153, 158 [f], 160 ; Frère, 1953, p. 47-52, ill. p. 46 ; Perreau, 2013, cat. *PC.1078, p. 220 [François III du Mesnil, tableau non localisé] ; James-Sarazin, 2016, II, cat. P.1170, p. 390 [Laurent du Mesnil (2003/4, I, n° 925 et 958)].
Copies et travaux :
- 1710 : « Une [copie] de M[onsieu]r du Mesnil p[ou]r m[onsieu]r Boët » pour 75 livres (1710).
- 1711 : Leprieur reçoit 12 livres pour avoir « habillé l’original de M[onsieu]r Du Ménil » et 24 autres pour « un buste de M[onsieur] Du Menil » (ms. 625, f° 27 v°).
Descriptif :
La famille du Mesnil, originaire de Normandie, était divisée en trois branches : celle du Mesnil de Fienne, établie en Picardie ; celle du Mesnil de Saint-Valéry, en Normandie, et celle du Mesnil de Maricourt (ou de Meharicourt), établie en Brie[1].
Roman proposait le portrait de Pierre du Mesnil (1692-1710), seigneur d’Ardoncelle, capitaine, maître de camp de cavalerie, mais qui ne fut visiblement jamais chevalier de Saint-Louis, ce qui l'exclue du modèle potentiel. Roman précisait : « c’est peut-être lui qui est représenté dans un petit portrait gravé par Duflos sans date d'après Rigaud et portant pour toute légende un monogramme composé des lettres P et M placé dans un écusson au-dessous du personnage representé », mais il s'agit dans le cas de la gravure du portrait de Matthew Prior.
De notre côté, nous avions pensé initialement à son père, François III du Mesnil (1654-1734), chevalier d’Escles, seigneur de Brétencourt, Escles et Saint-Valery, uni depuis le 12 décembre 1695 à Marie-Anne de Dampierre. En effet, chevalier de Saint-Louis depuis 1694[2], mousquetaire du roi, il fit toutes les campagnes de la fin du règne de Louis XIV comme capitainte de cavalerie. François III avait eu plusieurs enfants de son premier mariage avec Louise de Crény (morte en 1695), dont le personnage proposé par Roman. L’un de ses demi-frères, fera une belle carrière militaire : François-Pascal du Mesnil (Escles-Saint-Pierre, 9 avril 1703 – Escles-Saint-Pierre, 13 juillet 1735), chevalier, seigneur de Maricourt, baron de Lizines, lieutenant-colonel de Royal Etranger et lieutenant de cavalerie dans le Régiment de Clermont-Tonnerre, également chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis. Il épousera, le 17 octobre 1732, Jeanne de Crécy.
L'article d'Étienne Frère[3], que nous n'avions pas consulté, lève cependant le doute pour la première fois en établissant que le modèle est Laurent du Mesnil (Ry, v. 1650 - ap. 1713). Né près d'Argentan, engagé volontaire dans l'armée dès 1667, présent à l'expédition de Candie (1669), il était dans la compagnie écossaire. « Premier homme d'armes de France » (1691), il obtint ses lettres de noblesse en 1688 et fut fait chevalier de Saint Louis en 1697. Au service du duc de Villeroi et de Villars, respectivement en 1691 et 1704-1705, il servit avec Philippe V dans les campagnes du Portugal avant d'être nommé aux côtés de Nicolas Mesnager pour participer aux négociations du traité d'Utrecht.
L'attitude choisie par Rigaud ici dérive de certains prototypes anciens mais actualisés au tournant des années 1710, montrant un buste armé tourné à l'opposé de la tête du modèle. Un grand manteau de velours est jeté sur les épaules, retenu par une broche en épingle. On retrouve cette vêture dans plusieurs autres portraits à la même époque, dont la vertion en buste P.1108-6 du portrait du duc d'Antin.
[1] Guitton de Saint-Alais, Nobiliaire universel de France ou Recueil général des généalogies historiques des maisons nobles de ce royaume […], Paris, 1815, vol. 3, p. 359.
[2] D’Hozier, 1817, I, p. 118.
[3] Étienne frère, « Le Chevalier Laurent du Mesnil peint par Rigaud », Bulletin principal de la Société historique et archéologique de l'Orne. T. 71, 1953, 46-52.