BOILEAU DESPREAUX Nicolas

Catégorie: Portraits
Année : 1704

 

P.834

Âge du modèle : 68 ans

Huile sur toile.
Dimensions inconnues [à mi-corps]
Collection particulière.

Historique :

Paiement inscrit aux livres de comptes en 1704 pour 400 livres (ms. 624, f° 22 v° : « M[onsieu]r Despréaux Boileau p[ou]r m[onsieu]r Coustard ») ; collection Coutard ; par descendance à sa fille, la marquise d'Anjorrant ; collection marquis d'Anjorrant ; par descendance.

Bibliographie :

Rigaud, 1716, p. 116 ; Hulst/3, p. 184 ; Titon du Tillet, 1734, p. 447 ; Mariette, 1740-1770, III, f° 48 v°, n° 91, VII, f° 13 ; Moreri, 1759, II, p. 20 ; Despreaux et Brossette, 1770, p. 82, 188, 195 ; Lelong, 1775, p. 150, n° 5 ; Fontenai, 1776, I, 527 ; Delignières, 1872, n° 10, p. 7 ; Portalis et Béraldi, 1880-1882, I, p. 380, 382 (n° 4) ; ibid. II, p. 17 (n° 5), 155, 173 (n° 73), 456, 458 (n° 32) ; ibid. III, p. 415 ; Faucheux, 1884, p. 36 ; Roman, 1919, p. 107 ; Audin et Vial, 1919, p. 287 ; Roux, VII, 1951, n° 78, p. 149 ; Roux, 1955, VIII, n° 70, p. 106 ; Constans, 1995, II, p. 762, n° 4295 ; Perreau, 2004, p. 213-214 [original en collection particulière ; copie à Versailles] ; Levallois-Clavel, 2005, I, p. 76, 181, 202 ; ibid. II, p. 212-214, cat. P. Dr. n° 102 ; James-Sarazin, 2009/2, partie du n° 76 (gr.), p. 144, 151 ; Perreau, 2013, cat. P.834, p. 182-183 ; James-Sarazin, 2016, II, cat. P.884, p. 294 (2003/2, cat. I, n°720).

Œuvres en rapport :

  • 1. Huile sur toile d’après Rigaud. H. 116 ; L. 87. Versailles, musée national du château. MV4276, inv. 7507, LP 4289. Voir Constans, 1995, II, p. 762, n°4295. Achat de 1840. 
  • 2. Huile sur toile d’après Rigaud (?). H. 65 ; L. 50. Anciennes collections du château d'Azay le rideau ; Vente Paris, 13-14 mai 1901. 
  • 3a. Gravé aux frais de Jean-Jacques Coustard par Pierre Drevet en 1706 dans le même sens que la toile originale, « figure jusqu’aux genoux. Estampe de grandeur ordinaire. Ce portrait peint et gravé aux dépens de J. J. Coustard, conseiller au parlement. » H. 41,5 ; L. 30,1. Dans l’image, sur le socle à gauche : « Amicissimi viri imaginem / quam amicis suis / dono daret / æri incidi curavit / I. I. Coustard in S.G.C. Senator. » En bas, sous le trait carré à gauche, « Hyacinthe Rigaud pinxit » ; et à droite, « Petr. Drevet sculp. 1706 ». Au centre : « Nicolavs Boileav Despreavx, / morum lenitate, et versvvm dicacitate, / Æque insignis. /  Natus Kal. Nov. M.DC.XXXVII. Pictus III. Non. Mart. M.DCC.IV. » Dans l’angle, en haut à droite, les initiales « Bcf » ou « Bcg ». Trois états connus. 
  • 3b. Gravé par François Chéreau « l’ancien » en 1719 selon Hulst, « buste sans mains, pris dans le grand tableau sans aucun changement. L’estampe de la forme d’un in-4° pour l’édition des œuvres de cet auteur [par Brossette]. » H. 26,9 ; L. 19,8. Sur le muret de pierre du cadre : « Boileau sut remplacer Horace / Seul il sut remplacer et Petr et Juvenal ; / Mais de cet auteur sans égal, / Qui remplira jamais la place. » En bas de l’estampe : « H. Rigaud p. - F. Chereau f. » Portalis date la gravure vers 1716. 
  • 3c. Gravé par Étienne Jehandiers Desrochers (sans date) « buste sans mains. La tête d’après le grand tableau. Le buste et la draperie accomodés par Rigaud lui-même pour l’encadrement. Estampe de même grandeur de la précédente pour l’édition des mêmes œuvres […]. » 
  • 3d. Gravé en taille douce par Simon François Ravenet « le vieux » en 1740, « buste sans mains, format d’un in-4° pour l’édition des œuvres susdites fait à Paris en 1740 [réed. Paris, La Veuve Alix, 1764]. L’attitude drapée et ajustée pour ce format par Rigaud lui-même. » Pris dans un ovale de pierre d’où sort un drapé du manteau de Boileau. Dans le cartouche au bas de l’estampe : « NICOLAS BOILEAU DESPREAUX / De l’Académie Françoise / Né à Paris le 1. Novembre 1636. / Mort le 13. Mars 1711. » Sous le trait carré : « Hyacinthe Rigaud pinx. - Ravenet Sculpsit 1740. » 
  • 3e. Gravé par Savart en ovale en 1769. H. 12,5 ; L. 8,5. Buste dans un ovale figurant une bordure surmontée d’un ruban. L’ovale est pris dans un cadre agrémenté d’un socle à sa base, présentant une chouette, les attributs de la poésie et des arts. Dans un cartouche sous le groupe : « NICOLAS BOILEAU DESPREAUX / Hya. Rigaud pinx. – P. Savart Sculp 1769 / A Paris chés l’Auteur, Barrière du Fond-Taraby ». 
  • 3f. Gravé par Bernard Picart en 1717 selon Hulst, « petit buste, d’après le précédent [Desrochers], placé dans le frontispice de la magnifique édition faite desdites œuvres en 1718 par David Mortier à Amsterdam. Ce frontispice représente le Parnasse. Le portrait en question y est apporté par la Poésie satyrique. » 
  • 3g. Gravé par François Robert Ingouf « le jeune » sans date. Buste tourné à gauche dans un ovale, d'après Ravenet. Dans le socle, en dessous : « N[ICOL]AS BOILEAU DESPREAUX / de l'Académie Françoise / Né en 1636, Mort en 1711 ». Sous l'image : « H. Rigaud P. - Ingouf Junior Sc. ».
  • 3h. Gravé par Pierre Duflos.
  • 3i. Gravé par Gilles Edme Petit. H. 15 ; L. 10,5. Buste tourné à gauche dans un ovale. Dans sa bordure : « NICOLAS BOILEAU DES PREAUX POËTE FRANCOIS DE L'ACADEMIE DES BEAUX ESPRITS MORT LE 15 MARS 1711, âgé de 76 ans ». Dessous, sur la tablette : « H Rigaud pinx. ». Sur la corniche : « Gravé par G. E. Petit et se vend chez lui à Paris rue St Jacques près des Mathurins ». Au bas de l'estampe, dans le socle : « Boileau sçut remplacer Horace, / Seil il sçut remplacer et Perse et Juvenal ; Mais de cet auteur sans égal, / Qui remplira jamais la place. » 
  • 3j. Gravé vers 1778 par Étienne Ficquet. Inachevé selon Béraldi qui ajoute : « Très rare portrait qui n’a pas été terminé et dont il n’existe que quelques épreuves d’essai. Ficquet ayant plusieurs fois retouché son travail, il existe quatre états différents de ces épreuves ; nous avons pu les voir dans la collection de M. Roth : 1° Les livres ouverts sans aucune inscription ; 2° les livres couverts d’écriture, la plume qui est dans l’encrier toute blanche, la figure très avancée ; 3° la plume couverte de tailles, tous les accessoires sont plus travaillés ; la tête au contraire, est moins avancée que dans l’état précédent, parce qu’elle a été effacée pour être refaite ; 4° la tête et le fond de l’ovale plus avancés. »
  • 3k. Gravé par Pierre Savart, en buste tourné vers la gauche, dans une fenêtre. H. 15,3 ; L. 9,7. Dans le socle, au dessous : « NICOLAS BOILEAU DESPREAUX / de l'Académie Françoise, né à Paris le 1er / Novembre 1636 mort le 13 mars 1711 ». En bas de l'image : « A Paris, chez Basan et Poignant, M[archa]nds d'Estampes rue et Hotel Serpente ».
  • 3l. Gravé par Claude Roy pour le fonds Odieuvre. H. 15,3 ; L. 11,7. En buste tourné à gauche dans un ovale. Sur le côté droit de la corniche : « C. Roy Sculp. ». Dans le socle : « NICOLAS BOILEAU / DESPREAUX ». Sous le trait carré : « A Paris chez Odieuvre, M[archan]d destampe Quay de l'Ecole vis à vis le côté de la Samaritaine à la belle image ». 

Descriptif :

Le très élégant portrait du poète Nicolas Boileau (1636-1711) dit Despréaux, ne nous est connu que par la copie de Versailles et les différentes gravures qui en furent issues. Comme le prouve la mention des livres de comptes, cette effigie fut peinte aux frais de Gabriel Coustard, contrôleur général à la Grande Chancellerie et son fils, Jean-Jacques, conseiller au parlement de Paris. Cette information fut d’ailleurs reprise par Titon du Tillet[1] :

« La générosité de M. Coustard, contrôleur général à la grande chancellerie, et celle de M. son fils, conseiller au parlement de Paris, doit avoir ici sa place. Ils ont fait peindre, par le fameux Rigaud, les portraits de la Fontaine, de Santeul et de Despréaux. Le portrait de ce dernier a été gravé à leurs frais par Drevet et distribué gratuitement à toutes les personnes de distinction et de Belles-Lettres qui le leur ont demandé ».

Les estampes furent également financées par les Coustard. Celle de Drevet, dans le même sens que la toile originale, est décrite par Hulst comme « figure jusqu’aux genoux. Estampe de grandeur ordinaire. Ce portrait peint et gravé aux dépens de J. J. Coustard, conseiller au parlement. » Celle de Chéreau est un « buste sans mains, pris dans le grand tableau sans aucun changement. L’estampe de la forme d’un in-4° » pour l’édition des œuvres de Claude Brossette (1671-1743), seigneur de Varennes d’Appetour, avocat au Parlement de Lyon et échevin, ami de Boileau. Rigaud accommoda la draperie et le buste original pour l’estampe de Desrochers et « ajusta » l’attitude drapée pour celle de Ravenet. On note d’autres gravures de Roy, Daullé, Dupin et Ficquet, v. 1778.

Les quelques lettres adressées à Boileau par son ami Brossette, attestent du succès du portrait et de l’impatience à voir se réaliser les gravures correspondantes. Dans une première missive datée du 19 mars 1705 Brossette demande : « Est-il vrai, comme je l’ai appris, que vous avez été peint, depuis peu, par le fameux Rigaud ? Ce seroit, en vérité, une chose à faire, si cela n’est pas fait ». Le 20 juin 1707, il pose à nouveau la question au poète : « On m’a dit depuis peu que l’on avoit gravé votre portrait en grand d’après celui qui a été peint par Rigaud, pour M. Coustard, Conseiller au Parlement. Si cela est, Monsieur, je vous prie de me le faire savoir : vous voyez mes intentions, sans qu’il est besoin de vous les expliquer ». Enfin, le 10 août de la même année, il insiste : « Vous ne m’avez pas mandé, Monsieur, s’il est vrai qu’on a gravé votre portrait en grand d’après Rigaud. Si cela est, je vous prie de me le faire savoir ».

La formidable étude psychologique réalisée ici par Rigaud trouvera sans peine son équivalent dans le buste virtuose réalisé en marbre par François Girardon à la même époque (Paris, musée du Louvre), et anciennement dans la collection de Titon du Tillet.


[1] Essais sur les honneurs et sur les monuments accordés aux illustres savants pendant la suite des siècles, Paris, 1634, p. 447.

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Autoportrait de Hyacinthe Rigaud. Coll. musée d’art Hyacinthe Rigaud / Ville de Perpignan © Pascale Marchesan / Service photo ville de Perpignan