*P.186 & *P.206
Âge du modèle : 37 ans
Huile sur toile
Dimensions inconnues [buste]
Localisation actuelle inconnue.
Historique :
Paiement inscrit aux livres de comptes en 1690 pour 115 livres (ms. 624, f° 5 v° : « Mons[ieu]r Labbé Delasalle ») ; réinscrit inscrit aux livres de comptes en 1690 pour 115 livres (ms. 624, f° 6, rajout de Hulst : « Mons[ieu]r l’Evesque de Tournay »).
Bibliographie :
Baillet, 1693, p. 306 ; Hulst/2, p. 151 [f] ; Roman, 1919, p. 21 [François de La Salle de Caillebot (1692-1705), aumônier du roi, évêque de Tournai de 1693 à 1705], 23 [Gibert de Choiseul], 24 ; Perreau, 2013, cat. *P.186, p. 84 [pour l'abbé Delasalle], cat. *P.206, p. 87 [pour l'évêque de Tournai] ; James-Sarazin, 2016, II, cat. *P.190, p. 68 [pour l'abbé François de la Salle] et *P.211, p. 76 [pour Gilbert de Choiseul, évêque de Tournai].
Copies et travaux :
- 1690 : « Une [copie] de Mons[ieu]r. Levesque de Tournay » pour 57 livres et 10 sols (ms. 624, f°6).
Œuvres en rapport :
- 1. Huile sur toile (atelier de Rigaud. H. 130 ; L. 97,5 cm. Signature apochryphe sur le bras du fauteuil : « Rigaud p.x ». Ancienne collection d'Alain Fouquet Abrial (1941-2019) en son château charentais de Chabreville ; sa vente, château de Chabreville, Lynda Trouvé, 13 octobre 2019, lot. 18 (entourge de Rigaud, « Portrait d’un évêque ») ; France, collection privée de Provence* ; vente Paris, Artcurial, 25 mars 2022, lot. 29 (Hyacinthe Rigaud et atelier, portrait de François de La Salle de Caillebot). Bibl. : Stéphan Perreau, « Quand je passais chez Rigaud récupérer mon portrait ou lévêque Caillebot à Tournai », 13 mai 2021, https://hyacinthe-rigaud.over-blog.com. Dans un décorum habituellement réservé aux grands ministres de l'église le buste ovale de l'évêque a été adapté dans une composition à mi-corps où on le voit assis dans un fauteuil aux larges acotoirs à bec de corbin et au dossier typique des années 1680-1700. Inconnu sous le vocable de Caillebot, ce portrait a été rendu à l'iconographie du prélât par nos soins en 2021.
- 2. Gravé par Pierre Guiffart d'après Rigaud. Deux états. Buste, de trois-quart à droite, dans un ovale reposant sur une tablette, avec la lettre : « Illustrissimus Ecclesiae Princeps Franciscus De Caillebot - De La Salle episcopus Tornacensis Abbas Resbacensis ». Fond rectangulaire. Aux angles, cartouche avec monogrammes. Sur la tablette et le bas de l'ovale, cartouche aux armes. Au bas, sous les armes : « Ecce vides vulgum ac Titulos… » À gauche : « à Paris chez P. Giffart rüe S. Jaq. a l’Image Ste Therese ». Dimensions prises du coup de planche. 38 x 27 cm. Paris, Bibliothèque nationale, l'état décrit N2. Bibl.: Inventaire du fonds français, graveurs du XVIIe siècle, tome IV, n°386, p. 597-598.
Descriptif :
Bien que le portrait de l'évêque de Tournay n'ait pas été inscrit comme tel dans la liste des originaux de Rigaud, le correcteur des comptes de l'artiste, Hendrick van Hulst, en déduisit l'existence grâce à la production d'une copie par l'atelier, en 1690. Roman, proposa de voir dans le modèle Gilbert de Choiseul du Plessis-Praslin (1613-1689), en poste à Tournay depuis 1671, pourtant mort en décembre 1689 et que Rigaud auraint peint post mortem ou dans les derniers moments de sa vie. Roman rejetait la possibilité d'un portrait de son successeur, François de La Salle Caillebot (1653-1736), puisque selon lui, « il ne fut nommé qu’en 1693 ». En réalité, La Salle avait été nommé à Tournai dès le 21 mai 1690. Les Mémoires de Sourches s'en firent l'écho [1].
Après s'être démis de son abbaye de La Châtre (15 juillet 1690), le prélât fut confirmé à l'évêché le 5 mai 1692 et ordonné le 31 août. Il s'y installera le 1er janvier 1693. Cette nomnination est relayée par le Mercure Galant de mai 1690 : «Monsieur l'Abbé de la Salle, Fils de feu Mopfieur de la Salle, Lieutenant des Gendarmes & Frere de Monsieur de la Salle, Maistre de la Garderobe du Roy, a este nommé à l'eveché de Tournay. Il regne une certaine honneteté dans cette Famille qui la fait aimer, & les services ont toujours esté agreables. M. de la Salle a esté un des premiers à qui Sa Majesté ait donné une Charge d'Aumônier, depuis qu'elles ne se vendent plus, ce qui est une preuve tres-certaine de la bonté de ses moeurs. Un autre Abbé de ce mesme nom a été pourveu de l'Abbaye de Bonnevant dans l'Exesché de Poitiers. Il est Fils de M. de la Salle de Saillant, de la Maison de Baglioni, l'une des meilleures d'Italie, établie depuis [2].»
Avec la réapparition du portrait de l'évêque par un élève de Rigaud, nous pensons aujourd'hui que le modèle se fit peindre en tant qu'abbé en 1690 avant de revenir dans l'atelier pour adapter son portrait en une effigie d'évêque n'est autre que François Caillebot de La Salle en tant qu'abbé puis en tant qu'évêque.
Comme le précisait le Mercure de France de Janvier 1690, Caillebot, né en 1652, était le quatrième fils de Louis, seigneur de la Salle en Beauce et d’Anne Martel, dame de Montpinchon en Normandie Il fut reçu docteur en théologie en 1684, devint aumônier du roi, abbé de Pleinpied (Bourges) et de Rebais (Meaux). avant d'être nommé évêque de Tournai. « Ce Prélat, fort connu depuis par son opposition à la Bulle Unigentius, abdiqua en 1705, & fit place à Louis-Marcel de Coetlogon, Evêque de St Brieu, qui étoit dans des sentimens tout diffèrens, & qui publia en 1716, un Maniement pour la réception de la Bulle Vineam Dimini. Ce dernier étant mort au printems de l'année fuivante, Louis XIV lui donna pour successeur M. de Beauveau »[3].
Aumônier du roi depuis le 14 avril 1686, lié à Colbert de Seignelay, Abbé commendataire de l'Abbaye Saint-Pierre de Rebais et baron et seigneur de La Chapelle, Caillebot accepta en quittant Tournai une nouvelle abbaye, la Couture du Mans, puis se retira dans son abbaye de Rebais, où il remuait encore en faveur du jansénisme en 1722 et 1727. Il mourut à Rebais le 21 décembre 1736, âgé de 84 ans et 45 jours [le 22 selon la Gazette de France].
Selon René Cerveau, Caillebot fut un « prélat recommandable par la pureté de ses meurs, son zèle pour tous ses devoirs, son austérité, et son attachement à la Vérité ». Il rappelle qu'il avait succédé « en 1690 à M. de Choiseul, & il [qu'il] n'eut rien de plus à cœur que de perpétuer le bien que ce grand Evêque avoit établi dans son Diocèse, soit en y maintenant la saine doctrine, soit en réformant le Clergé & en supprimant les abus. Se croyant pulmonique, il prit le parti de se démettre de son évêché en 1704 ; ce dont il fut bien fâché après, lorsqu'il se vit remplacé par M. de Coëtlogon, qui étoit livré aux Jésuites. Il se retira dans l'Abbaye de Rebais qu’il avoit conservée, après avoir remis en 1729 celle de la Couture. Ce Prélat a toujours été opposé au Formulaire & à la Bulle, dont il étoit Appellant. On voit par les Lettres, soit au Pape, soit au Roi, qu'il a signées en commun avec les Evêques Défenseurs de la Cause des Appellans, quel étoit son attachement à la Vérité : il étoit intimement uni à M. de Sénez. Dans sa dernière maladie les deux Vicaires de Rebais firent tous leurs efforts pour lui faire rétracter son Appel ; mais il n’étoit plus à lui depuis une attaque d’apoplexie, qui ne permit que de lui donner l’Extrême-Onction, Il mourut le 21 Décembre 1736, âgé de 84 ans. [4] »
La sœur de notre modèle, Marie-Fernande (v. 1660-1707), fut elle aussi une modèle de Rigaud en 1694, en compagnie de son époux, le comte de Roussillon.
Dans notre catalogue de 2013, pour la mention de l'abbé de La Salle, nous avions également émis l'hypothèse, en complément d'un possible portrait de François de La Salle de Caillebot, de celui de l'ecclésiatique et pédagogue Jean-Baptiste de La Salle (1651-1719).
[1] Mémoires du marquis de Sourches sur le règne de Louis XIV, 1690, Volumes 3-4, p. 241 : « Le 21, le Roi fit ses dévotions et toucha les malades écrouelles ; et le même jour au sortir du salut, il donna l'évêché deTournay a M L’abbé de la Salle, l'un de ses aumoniers, ecclésiastique fort vertueux, et qui, ayant depuis longtemps la grosse abbaye de Rebais étoit en état de subsister dans cet évêché, dont la guerre anéantissoit les revenus. ».
[2] Jean-Noël Paquot, Mémoires pour servir à l’histoire littéraire des dix-sept provinces des Pays-Bas de a principauté de Liège, et de quelques contrées voisines, tome XV, Louvain, 1769, p. 236.
[3] Les évêques et archevêques de France, depuis 1682 jusqu’à 1801, Paris, Mamers, 1891, p. 182
[4] René Cerveau, Nécrologe des plus célèbres défenseurs et confesseurs de la vérité au 18e siècle contenant les principales circonstances de la vie et de la mort des personnes de l'un et de l'autre sexe, qui ont été recommandables par leur piété, leur science et attachement à la vérité, et surtout par les persécutions qu'elles ont essuyées au sujet du formulaire, et de la part des Jésuites, sans éditeur, 1760, partie 1, p. 292-293).
* Nous tenons à remercier le propriétaire du tableau pour nous avoir fournir des détails et une photo haute définition du tableau.