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Triple portrait de Claire-Marie-Madeleine-Géronime Rigaud (1663-1700), de Jean Lafita (v. 1690-1737) et leur fille Marie (v. 1688-v. 1730)
Huile sur toile
H. 83 ; L. 103 cm
Paris, musée du Louvre. Inv. 7520.
Historique :
Absent des livres de comptes ; peint vers 1695 ; coll. Rigaud 1703, « états de mes tableaux sur le prix ordinaire » [Paris, archives Nationales, minutier central des notaires parisiens, étude XCV/31, estimé 600 livres] ; IAD Rigaud 1744, n° 253 (fol. 36) : « Item Premièrement les deux portraits en profil de la feüe Dame mère dud sieur Rigaud l’un à droite l’autre à gauche peints dans le même tableau par led Sieur Rigaud son fils, et les trois portraits de la famille du sieur Rigaud peints aussy par luy même dans un même tableau qui fait pendant & celuy cy dessus désigné avec lesd bordures de ces deux tableaux qui sont ovales, tous deux numérotés sous le memme numéro Premier, prisés ensemble la somme de trois mil livres » ; legs au roi ; ancienne collection ; appartement du comte d’Angivilliers à la surintendance des Bâtiments à versailles ; saisie révolutionnaire en 1793, n°156 ; dépôt au Louvre en 1888.
Bibliographie :
Hourticq, 1913, II, p. 103-111 ; Gallenkamp, 1956, p. 91 ; Colomer, 1973, p. 55-57, 133 ; Valaison, 1993, p. 287 ; Perreau, 2004, p. 26, 27 ; Perreau, 2005, p. 48 ; James-Sarazin, 2009/1, n° 58, p. 126, 130, 135 ; James-Sarazin, 2009/2, p. 72-73, 108, 130 ; Perreau, cat. P.443, p. 118-119 ; James-Sarazin, 2016, II, cat. P.473, p. 158 (2003/2, cat. I, n°1217).
Œuvres en rapport :
- 1. Huile sur toile. H. 60 ; L. 50. Portrait de Clara Rigau seule. Paris, vente Cornette de Saint Cyr, 2 mars 2017, lot. 19 (« École française du XIXème siècle. Portrait de femme de ¾ à la robe bleue ») ; Paris, collection privée.
- 2. Roman signalait en 1919 une « excellente réplique » chez Monsieur le docteur Hugues, à Anduze.
Descriptif :
C’est à l’occasion de son voyage à Perpignan que Rigaud représente sa sœur, accompagnée de son époux, bailli royal de Perpignan et de leur première fille. On retrouve la trace de ce portrait de famille dans la liste des biens d’Hyacinthe Rigaud, annexée au contrat de mariage finalement avorté d’avec Catherine de Chastillon, daté du 17 mai 1703 : « Portrait de Mademoiselle Rigaud, de sa fille et de son mary » évalué 600 livres.
Louis Hourticq considérait déjà ce portrait comme de « l’excellente peinture […]. La technique est souple, légère, le pinceau se joue parmi les reflets des étoffes et les cassures des velours ; les robes sont peintes avec une légèreté transparente […], la lumière rayonne de ces figures fraîches, peintes à la flamande, avec des demi-teintes bleutés, sur un fond de paysage suffisant pour les mettre dans l’air, assez sombre pour leur laisser tout leur éclat […]. Une brune grassouillette, sa figure ronde casquée d’un beau chignon de cheveux noirs […], nous lorgne de côté, la prunelle brillante et mobile, la lèvre prête à rire, la chair prête à fleurir en fossettes ».
Quant à la jeune fille qui tend son bras vers l’extérieur du tableau, au visage tout de fraîcheur et de vivacité toujours selon Hourticq, elle fait écho à l’effigie de Jean Lafitte dont « l’œil brillant de gaîté, sa lèvre mince, sans doute plissée souvent par la malice, lui donnent une expression de finesse intelligente. L’aspect parfois esquissé de ce très beau tableau (notamment sur l’épaule de Claire, à grands traits) prouve que Rigaud a peint avec son cœur, avec impulsion et qu’il s’est fait plaisir ».
L’esquisse en contrepartie de ce portrait apparaît sur un rouleau de papier dans la gravure d’Édelinck de l’autoportrait de Rigaud dit « au manteau rouge » .