P.828
Huile sur toile
H. 142 ; L. 111.
Versailles, musée national du château. MV4399
Historique :
Absent des livres de comptes ; peint vers 1700-1705 ; ancienne collection Crawford sous le titre de Portrait d’Adrien-Maurice, duc de Noailles, Maréchal de France selon Constans ; acquis à une vente publique en 1842 ; réattribué comme étant Louis-Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse puis comme James Fitz-James Stuart, 1er duc de Berwick (1670-1734).
Bibliographie :
Soulié, 1861, III, n° 4399, p. 365 ; Nolhac et Pératé 1896, p. 132 ; Lane et Browne, 1906, p. 1453 ; Dumont-Wilden/1, 1909, p. 243 ; Roman, 1919, p. 22, 137 ; Lauts, 1971, p. 24 ; Constans, 1980, n° 3882, p. 113 ; Rosenfeld, 1981, p. 295-297 ; Constans, 1995, II, p. 763, n° 7302 ; Corp, 1995, p. 59 ; Perreau, 2004, p. 205 ; Delaplanche, 2006, cat. PP.16, p. 225 ; Marcheteau de Quincay, 2006, p. 18 ; Perreau, 2013, cat. P.828, p. 181 ; James-Sarazin, 2016, II, cat. P.952, p. 323 (2003/2, cat. I, n°533).
Œuvres en rapport :
- 1. Huile sur toile d’après Rigaud. H. 145 ; L. 112. Château de Breteuil. Toujours resté dans la famille, avec inscription apocryphe à même la toile : « M[ONSIEU]R. LE COMTE DE BULKELEY CH[EVALIE]R DES ORDRES DU ROY. LIEUt GENl DES / ARMEES COLONEL. D’UN REGIMENT IRLANDAIS DE SON NOM. »
- 2. Huile sur toile d’après Rigaud. H. 135 ; L. 112. Anciennement dans la galerie Achkar Charrière en 1990 (voir Corp, 1995, p. 55).
- 3. Huile sur toile, cintrée dans la partie supérieure. H. 120 ; L. 102. Vente Paris, hôtel Drouot du 26 juin 1996, lot. 8. Ill. p. 11 du catalogue.
Descriptif :
Plusieurs identités furent très tôt proposées pour cette effigie de militaire représenté à mi-corps, figuré devant une bataille, en fond de tableau et brandissant un bâton fleudelysé de maréchal de France sur le modèle réputé du portrait du Grand Dauphin (PC.528). La première fut celle du comte de Toulouse, campé devant ce que devait être la prise de la forteresse de Nice en 1706. Mais la variété de l'iconographie de ce modèle empêche de conserver cette hypothèse.
La seconde, privilégiait James Fitz-James Stuart, 1er duc de Berwick (1670-1734), en faisant concorder la finesse des traits dans un visage oblong avec la charge de maréchal obtenue par ce modèle en 1703. Le choc militaire peint à gauche du modèle, est en grande partie identique à celle peinte par Parrocel en 1697 pour le portrait du fils de Louis XIV (soit le combat de Philippsburg en 1688), excepté la représentation de la cité en tout fond du plan, ici bel et bien Nice. La question alors se pose : Si de nombreux militaires européens ayant servi sous les ordres du Grand Dauphin avaient réutilisé la posture de Rigaud en guise d'hommage, pourquoi Berwick, qui ne combatit pour les Français qu'à partir de 1691, aurait-il fait représenter une bataille à laquelle il n'aurait pas participé ?
Si nous avions suivi la tradition ayant toujours cours dans notre catalogue de 2013, la comparaison des traits de ce personnage avec l’iconographie connue du duc de Berwick n'est pas, à notre avis, tout à fait convaincante ce qui nous pousse à rendre provisoirement le tableau dans l'anonymat. Ainsi, on renverra d'ailleurs le lecteur vers le portrait attesté du modèle présummé, peint par Alexis Simon Belle et conservé dans les collections de la duchesse d'Albe à Madrid (palais Lira). Le fait que Berwick ait été nommé maréchal de France en 1703, ne fait pas pour autant de lui un candidat évident ici ni son élévation au titre de chevalier de la Toison d’or espagnole (1704), en même temps que le comte de Toulouse. Contrairement à une hypothèse apparue récemment, selon laquelle Berwick aurait choisi Rigaud pour redorer son image quelque peu écornée auprès du roi, nous ne croyons pas notamment que le modèle ait voulu se plier au stratagème d' « entretenir volontairement le doute sur l'identité réelle de l'insigne qu'il porte dans le tableau » [toison d'or ou ordre de Saint Louis]. Comme l'a démontré par ailleurs M. Marcheteau de Quinçay, la version conservée par le musée de Versailles présente une fleur de lys sur la fixation du nasal du casque au premier plan, appanage des princes du sang. Ce détail, que l'on n'imagine pas être une étourderie de la part de l'auteur du tableau, sème à lui seul le doute raisonnable...
Dans la version du château de Breteuil, de belle qualité mais nettement d’atelier, le bâton est celui d’un lieutenant général (non fleurdelisé) et le cordon rouge de la toison d’or a été repeint en bleu en guise de cordon du Saint-Esprit. La légende apocryphe rajoutée au XIXe siècle en haut de la composition, identifie le modèle comme François, comte de Bulkeley (1686-1756), au service de la France dès 1700, aide de camp du maréchal de Berwick, chevalier de l’ordre militaire de Saint-Louis (1715), brigadier (1719), maréchal de camp (1734), lieutenant général (1738), chevalier du Saint-Esprit (2 février 1748), gouverneur de Saint-Jean-Pied-de-Port (1751), beau-frère de Berwick par les secondes noces de celui-ci (1700) avec Anne Bulkeley. Cette interprétation est fortement à mettre en doute car tous les portraits de la collection de Breteuil furent rebaptisés souvent par erreur au XIXe siècle.