P.136
Âge du mdoèle : 71 ans
Huile sur toile
H. 75 ; L. 60.
Collection privée.
Historique :
Paiement inscrit aux livres de comptes en 1688 pour 111 livres et 5 sols (ms. 624, f° 4 : « Mons[ieu]r le marquis de Chaseron [rajout : Chazeron] ») ; Anciennement au château de Chazeron ; vente Paris, hôtel Drouot, Millon et associés, 27 juin 2013, lot. 163 (décrit comme suiveur de Rigaud) ; Paris, galerie Charvet en 2013.
Bibliographie :
Roman, 1919, p. 15 [f] ; Cochon, 1971, p. 33 ; Perreau, 2013, cat. *P.136, p. 79 ; James-Sarazin, 2016, II, cat. P. 140, p. 55-56.
Œuvres en rapport :
- 1. Huile sur toile d'après Rigaud. H. 22 ; L. 18 cm. Ancienne collection Beaufeu ; Hôtel de Noailles à Saint-Germain-en-Laye. Armes rajoutées en haut à gauche et inscription dans un bandeau au bas de la toile : « FRANÇ[OIS]. DE MONESTAY M[AR]Q[UI]S. DE / CHAZERON L[IEUTENAN]T DES ARME[E]S DU ROY ». Bibl. : James-Sarazin, 2016, II, cat. P. 140, p. 56.
- 2. Huile sur toile ovale (rentoilée). H. 80 : L. 64 cm. Inscription apocryphe au milieu, à droite, identifiant le modèle : « FA de MONESTAY Mis de CHAZERON / LIEUTENANT GENERAL ». Anciennement au château de Sancerre. Vente Sancerre, Rois et Vaupré, 20 mai 2023, lot. 169. Variantes dans l'armure, le drapé rouge et la dentelle de la cravate*.
Descriptif :
Roman pensa voir dans cette mention « Henri de la Rochefoucault, marquis de Chaseron, du chef de sa grand’mère Claude-Frangoise de Polignac, dont la mère était Anne, dame de Chaseron-Fontanille, né en 1650, mort en 1698 ». En réalité il s’agissait probablement d’un premier portrait de François de Monestay (1617-1697), marquis de Chazeron, baron de Chars, fils de Gilbert de Monestay et de Claude de Chazeron. Le tableau de 1688, aurait pu être celui illustré dans l’ouvrage de Cochon, mais l'exemplaire récemment passé en vente publique, montre une perruque tout à fait caractéristique des années 1688-1690.
Selon le dictionnaire de la noblesse Monestay fut « lieutenant-Général des Armées du Roi en la Province de Roussillon & pays adjacents, Commandant en chef les troupes desdits lieux, Gouverneur de Brest, Chevalier des Ordres du Roi, à la promotion du 31 Décembre 1688, & mourut à Agen au mois de Décembre 1697. II avoit épousé, par contrat du 16 décembre 1646, Anne de Murat, fille de Jacques, Baron de Rollat, Seigneur de la Fond, & de Marguerite de Neuvreze »[1]. Jean-Baptiste Bouillet, dans son Nobiliaire d’Auvergne, développe une biographie plus étendue :
« François de Monestay, marquis de Chazeron, fils de Gilbert de Monestay et de Claudine de Chazeron, issu d’une famille d'ancienne chevalerie du Bourbonnais, continua glorieusement la longue série de services rendus par ses ancêtres. Pendant la minorité de Louis XIV, il servit, comme volontaire, dans la cavalerie, d'où il passa par degrés à une compagnie de chevaux-légers, qui fut réformée après la paix des Pyrénées en 1661 ; sur la fin de 1663, il leva une nouvelle compagnie, avec laquelle il fit la campagne de Hongrie, et se signala à la bataille de Saint-Godart, ce qui lui valut une lieutenance dans les gardes du corps en 1667 ; il fit, la même année et les suivantes, plusieurs campagnes sous les yeux du roi, fut créé brigadier d’armée, et en cette qualité, commanda toute la maison du roi, à la bataille de Sénef, où il passa un ravin, à la vue de vingt escadrons ennemis qu’il défit complètement. L’année suivante, M. de Chazeron fut promu au grade de maréchal-de-camp, et à celui de lieutenant-général en 1677. Vers la fin de cette année, il commanda les troupes sur la Meuse avec tant de distinction que, dès lors, il fut considéré comme l’un des bons officiers généraux de l’armée. Le roi lui conféra l’ordre du Saint-Esprit le 1er janvier 1688. La guerre s’étant rallumée vers les Pyrénées en 1689, M. de Chazeron y commanda sous le maréchal de Noailles, investit Campredon, se distingua pendant toute la durée de ce siége, dirigea celui de Rose et se couvrit de gloire au combat de Berghe-du-Ter en 1694, où, à la tête des carabiniers, il franchit la rivière à la nage, dispersa les troupes qui se trouvaient sur l’autre bord, facilita le passage de toute l’armée, et prépara ainsi l’un des plus beaux succès des armes françaises en Espagne. Après cette victoire, où il avait eu une si grande part, M. de Chazeron força successivement Palamos, Gironne, remporta un brillant avantage à Massanet en 1696, assista, l’année suivante, au siége de Barcelone, où, en sa qualité de plus ancien lieutenant-général, il fit l’ouverture de la tranchée. Le roi récompensa tant et de si beaux services par la lieutenance générale du Roussillon et le gouvernement de Brest. Ce brave capitaine ne jouit pas longtemps de ses lauriers ; il mourut à Agen, dans un âge avancé, en 1697 »[2].
Son élévation au titre de chevalier de l’ordre du Saint-Esprit en cette année 1688 constitue un très bon prétexte au portrait même s’il ne fut reçu que le 1er janvier 1691. Son fils, François Amable, passera à son tour en 1696 devant le pinceau de Rigaud.
Notre modèle débuta sa carrière comme brigadier de gendarmerie et fit le siège de Maastricht le 24 juin 1673. Lieutenant des gardes du corps, il fut blessé à la bataille de Senef l’année suivante et devint lieutenant général en 1677. Chevalier des ordres du roi en 1691 il tint le siège de Roze en 1693 et fut fait chevalier de l’ordre de Saint Louis l’année suivante. Il se distingua à la bataille gagnée le 17 mai 1694 sur les Espagnols sur les bords du Ter, lorsqu’avec trois escadrons il en attaqua sept et les mit en déroute. « Les Mémoires du temps parlent de cette action comme une des plus brillantes qui se fassent à la guerre » nous avoue d’Aspect[3]. Il mourut en revenant de Catalogne à Agen en décembre et fut enterré aux Cordeliers dans le tombeau de son gendre, Charles de Montpezat, comte de Laugnac.
* mises à jour : 6 mai 2023
[1] La Chesnaye Desbois et Badier, Dictionnaire de la noblesse, X, Paris, 1775, p. 195
[2] Jean-Baptiste Bouillet, Nobiliaire d’Auvergne, II, Clermont-Ferrand, 1847, p. 195-196.
[3] Histoire de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, par M. d’Aspect, historiographe dudit ordre, t. I, Paris, chez la veuve Duchesne, 1780, p. 290.