P.1386b
Charles Sevin de La Penaye (et Rigaud ?)
Huile sur toile
H. 83 ; L. 67 cm
Collection privée
Au revers de la toile, inscription en partie illisible :
…tableau…/…par mon frère…/…
Restaurations anciennes
Historique :
Peint aux alentours de 1733 ; vente Argenteuil, 12 octobre 2010 [École française du XVIIIe, suiveur de Hyacinthe Rigaud, « Portrait d'homme élégant (Le Comte de Bouceris ?) »] ; Vente Tajan, 19 décembe 2017, lo. 25 (est. € 10,000-15,000 ; adj 33,800 €)
Bibliographie :
Perreau, Hyacinthe Rigaud online, 1er octobre 2016, P.1386b ; James-Sarazin, 2016, II, p. 505, n° 1447 (portrait d'homme inconnu).
Descriptif :
La présente effigie, celle d'un homme dont l'identité demeure inconnue, réutilise à l'identique la posture ainsi que la vêture, déjà vues dans l'éclatant portrait d'Eusèbe Chaspoux de Verneuil. Lorsque nous avions vu la toile, préalablement à la vente d'Argenteuil, nous n'avions pas été totalement convaincus de son attribution pleine et entière à la main de Rigaud tant la couche picturale était devenue illisible par sa grande saleté. Nous avions toutefois reconnu un type exemplaire « d'habillement répété » d'après des formules à succès du Catalan, mais, ici, réalisé avec moins d'éclat et une certaine manière scolaire. La récente restauration de l'œuvre, en vue de sa mise en vente, a confirmé ce fait, montrant en lieu et place de l'habituel fondu typique de Rigaud, une grand raideur dans le dessin.
Cette comparaison avec tous les originaux attestés du maître de cette période (ne serait-ce Chaspoux de Verneuil) est particulièrement cruelle, notamment dans le rendu des carnations et dans la manière de traiter les contours (yeux, bouche) ou d'ordonner les boucles de la perruque, ici singulièrement mécaniquement dénuées de tout naturel. On s'expliquerait en effet mal, comment, dans un même intervale de temps, Rigaud ait pu utiliser deux techniques si différentes.
Sans mésestimer les mérites de l'ex tableau d'Argenteuil, il nous semble très tentant de voir dans ce présumé Comte de Boucenis, une production typique de Charles Sevin de La Penaye, aide de confiance du maitre qui était parvenu à un tel degré de mimétisme dans ses copies d'après Rigaud, qu'il créait bien souvent l'illusion. On sait d'ailleurs que de nombreux commanditaires n'hésitèrent pas à solliciter La Penaye pour « faire du Rigaud » en toute impunité, recréant à moindre coût, comme pour le prince de Monaco, toute une galerie d'hommes illustres mais sans passer par le créateur initial à l'art bien trop honéreux.
Mais Rigaud, qui se faisait bien souvent complice de son aide, bien heureux de se délester en fin de carrière sur un élève précieux, des commandes qu'il jugeaient peut-être insuffisamment rémunératrices eu égard au temps passé, aurait très bien pu participer à la confection de la toile, retouchant quelques drapés, fondant quelque matière, adoucissant quelques liaisons des plis. Aussi, maintiendrons nous le tableau dans le corpus dans l'attente de nouveaux éléments de comparaisons de l'art de La Penaye.