P.1373
Âge du modèle : 50 ans
Huile sur toile
H. 81 ; L. 66.
Collection particulière.
Signé et daté au dos : « fait par Hyacinthe Rigaud, 1732 ».
Historique :
Paiement inscrit aux livres de comptes en 1732 pour 600 livres (ms. 624, f° 44 : « M[onsieu]r Mazade, fermier général [rajout :] Entièremt original ») ; vraisemblablement l’un des deux portraits cités sans nom d’auteur (le deuxième étant un pastel par Coypel) dans l’inventaire après décès de Laurent Mazade, dressé à partir du 15 octobre 1743, et mentionnés dans une chambre de son hôtel de la rue Notre-Dame-des-Victoires : n°62 : « le portrait du dit deffunt peint sur toile dans sa bordure de bois doré et l’autre le portrait en pastel de feu Madame de Mazade avec Madame de La Reynière sous glace aussy dans sa bordure de bois doré ils ont été prisés et tirés pour mémoire » (Arch. Nat., Minutier Central, ET/XCV/170) ; collection de sa fille, Marie-Madeleine Mazade, remariée à Charles de Masso, Marquis de La Ferriére (1717–1773), en sa demeure rue Neuve-des-Petits-Champs à Paris : « à l'égard d'un tableau reprèsentant un Mazade dans son cadre de bois doré » prisé comme étant portrait de famille prisé lors de l'inventaire après décès de la défunte (AN, ét. 35, liasse 775) ; Resté par héritage parmi les descendants du modèle ; Conservé dans la famille de Laurent Mazade depuis ses origines, château des environs de Rennes ; Vente Cheverny, Rouillac, 6 juin 1999, lot 19.
Bibliographie :
Roman, 1919, p. 208 ; Perreau, 2004, p. 179, repr. fig. 152 ; Perreau, 2013, cat. P.1373, p. 285 ; James-Sarazin, 2016, II, cat. P.1461, p. 512.
Descriptif :
Laurent Mazade (1673-1743) était à l’origine d’une illustre famille de fermiers généraux qui, par leurs alliances, firent fortune au cours du XVIIIe siècle. Son père, Étienne Mazade, Prieur de la Bourse du Consulat en 1694, premier Consul de Montpellier en 1709, était, depuis 1719, conseiller et secrétaire du roi ainsi que contrôleur en la chancellerie établie à la cour des comptes, aides et finances de sa ville. Mort le 20 octobre 1728 à l’âge vénérable de 87 ans, il avait eu une fille et deux fils de son mariage, contracté le 2 août 1665 avec Marthe de Sabatier : Guillaume (1668-1732), seigneur de Saint-Prest, conseiller et secrétaire du roi, Receveur Général des finances à Montpellier, Fermier Général en 1716, Laurent, notre modèle, et Marthe (1676)1.
Écuyer, fermier général, Laurent Mazade épousa le 5 août 1715, Thérèse des Queux. Cette dernière, était fille d’un avocat au Parlement, Pierre des Queux et de Renée Louis Clerck. Le contrat révèle que Laurent était déjà propriétaire de deux maisons à Paris, l’une située rue du Crucifix-Saint-Jacques, l’autre rue Saint-Germain-l’Auxerois. Trois enfants naquirent de son union dont, notamment, Marie-Madeleine Mazade (née le 29 mai 1716), portraiturée à la fois dans le portrait de Coypel quand elle était enfant, puis par Rigaud l’année suivante [P.1385].
En 1727, Laurent Mazade vendit les deux maisons dont il était propriétaire pour la somme de 32 000 livres et acquit l’année suivante de Pierre Dariague, trésorier du duc d’Orléans, une maison à Saint-Cloud pour la somme de 10 000 livres. Enfin, il était devenu suffisamment riche en 1736 pour acheter aux héritiers de Louis-Denis Seguin, ancien président de la chambre des comptes, une grande maison située rue Notre-Dame-des-Victoires pour la somme importante de 212 500 livres. La famille Mazade n’y emménagea pas avant avril 1737 et elle s’était installée entre-temps rue de Richelieu. Laurent mourut le 24 septembre 1743, dans son hôtel de la rue Notre-Dame-de-Victoires (Arch. Nat., Y/15606, scellé du 24 septembre 1743). L’inventaire, qui fut dressé à Paris, à Saint-Cloud et à Saint-Prest (près de Chartres) à partir du 15 octobre 1743, révèle, outre la fortune immobilière de Mazade, sa richesse en vaisselle d’argent et en bijoux. De simple commis qu’il étoit, il eut la direction générale de Marseille par son intelligence et son assiduité. […] C’étoit un fort habile homme. Il avoit conservé l’esprit du terroir, & au demeurant bon homme » nous avouera Mouffle d’Argenville (I, p. 265.).
La mention d'abillement original sous entend ici que le portrait de Laurent Mazade pourrait être considéré comme le terminus ante quem pour ce type de vêture.
1 Nous remercions Mme Catherine Jean pour ses précisions concernant la généalogie des Mazade.