BENZIADE D'AVARAY Claude Théophile de

Catégorie: Portraits
Année : 1716

 

PC.1250

Âge du modèle : 61 ans

Huile sur toile
H. 81 ; L. 65. 
Localisation actuelle inconnue.

Historique :

Paiement inscrit aux livres de comptes en 1716 pour 300 livres (ms. 624, f° 38 : « M[onsieu]r le Marquis Davaret [rajout :] lieutenant g[e]n[er]al ambassadeur en Suisse habillement répété ») ; anciennement à l'hôtel d'Avaray à Paris (jusqu'en 1914).

Bibliographie :

Roman, 1919, p. 181, 182, 183 ; Perreau, « Le marquis d’Avaray dévoilé par Hyacinthe Rigaud », [en ligne], 28 novembre 2011, www.hyacinthe-rigaud.over-blog.com ; James-Sarazin, 2016, II, cat. P.1317, p. 445

Œuvres en rapport :

  • 1. Huile sur toile, suiveur de Rigaud, H. 81 ; L. 65 cm. Collection particulière (vente Vaux-le-Vicomte, Jakobowicz et Associés, 20 novembre 2011, lot 142 [=éc. fr. XVIIIe]).

Copies et travaux :

  • 1715 : La Penaye reçoit 12 livres pour avoir « Habillé le buste du comte d’Avaret » (ms. 625, f° 32).
  • 1716 : La Penaye reçoit 6 livres pour « une armure d’après M[onsieu]r d’Avaret sur le buste du maréchal de Villeroy » (ms. 625, f° 32).

Descriptif :

La famille de Bésiade d’Avaray descendait de la famille (non noble) de La Voyrie, et possédait, dans un faubourg de Sauveterre de Béarn, la maison de Bésiade, dont elle prit le nom. Notre modèle Claude-Théophile de Bésiade (1655-1745), chevalier de l’ordre de Saint-Louis (3 mars 1700 ; D’Hozier, 1817, I, p. 181, 182), second marquis d’Avaray, était le fils de Jacques de Bésiade, dit Sauveterre, arrivé à Paris comme valet de garde-robe du roi. Combattant lors de la guerre franco-hollandaise de 1672-1679 ainsi qu’à la guerre des Réunions en 1679-1684, il est promu au grade de général de brigade (1694). Lorsqu’éclate la guerre d’Espagne (1702), il est promu maréchal de camp et envoyé commander les forces françaises à Naples. Général de division (1704), il est envoyé en Espagne où il montre sa valeur à Badajoz, à Barcelone et à Almanza (1707). Le marquis d’Avaray servit ensuite dans les Flandres, puis dans l’armée du Rhin, avant d’être nommé ambassadeur en Suisse de 1715 à 1726. Commandant l’armée des Flandres durant l’hiver 1733-1734, âgé de 78 ans, il se retira quelques temps plus tard du service actif. C’est lui qui fait construire l’hôtel de la rue de Grenelle, aujourd’hui consulat des Pays-Bas. Sa belle carrière militaire ne fut cependant pas récompensée du bâton de maréchal auquel, dit Saint Simon, il avait des prétentions et peut-être des droits, mais il fut nommé gouverneur de Flandre et du Hainaut, ce qui explique sans doute la présence dans la plupart des pièces de son hôtel, achevé vers 1723, de lourdes tapisseries de Bruxelles. À peine installé, le marquis loue l’hôtel d’Avaray à Horace Walpole, ambassadeur d’Angleterre en France de 1724 à 1727. En 1727, le marquis et la marquise d’Avaray s’installent définitivement à l’hôtel avec trois de leurs quatre enfants. La marquise, née Marguerite-Elisabeth Mégret d’Etigny, y meurt l’année suivante à l’âge de cinquante-cinq ans. Le marquis d’Avaray avait été chevalier de l’ordre du Saint-Esprit (1739). Son fils aîné, Jean-Théophile, succombe en Italie en 1735 à l’âge de trente-neuf ans des suites de blessures reçues à la bataille de Guastella à laquelle il avait pris part comme brigadier d’infanterie.

Une notice du Dictionnaire de la Noblesse (t. II, 2e édition, Paris, 1771, p. 484.), résume bien la carrière de notre modèle :

« Claude Théophile de Bésiade, marquis d’Avaray, Baron de Lussay, Seigneur de Létiou, Courbonson & la Brosse-Montmort, Chevalier des Ordres du Roi, & Lieutenant-Général de ses Armées, trouva la succession de son père dans le plus grand désordre. II ne voulut pas y renoncer, & fut obligé d’abandonner toutes ses terres de Béarn pour le payement des créanciers : elles pasterent dans la Maison de Gassion. Il fut d’abord page de Monsieur frère de Louis XIV, ensuite Cornette dans le Régiment de Cavalerie de Sourdis en 1671, & Capitaine dans le même Régiment en 1675. Il eut une commission du roi en 1688 pour lever un Régiment de Dragons, fut fait Brigadier en 1694, & Maréchal-de-Camp au mois de Janvier 1701. Le Roi le chargea au mois de Juillet suivant du commandement des troupes auxiliaires que Sa Majesté avoit envoyées dans le Royaume de Naples. Ayant été nommé Lieutenant-Général le 10 Février 1704, il fut employé-dans l’Armée d’Espagne, & eut le bonheur de décider en 1707 le gain de la fameuse bataille d’Almanza, qui assura la Couronne d’Espagne à Philippe V. Le Roi lui accorda le 10 Février 1708 une pension de 4000 liv. II fit ensuite toutes les campagnes de Flandres, fut employé & servit avec la plus grande distinction dans les guerres terminées par les traités de Nimegue, de Riswick & de Bade. Il fut envoyé en 1715 Ambassadeur en Suisse, où il resta jusqu’en 1723 ; obtint pendant cette Ambassade le Gouvernement & le grand Bailliage de Péronne, & la Lieutenance-Générale au Gouvernement des villes de Péronne, Montdidier & Roye, fut pourvu le 3 Juillet 1719 des provisions pour la sixième place de Grand-Croix de l’Ordre de Saint-Louis ; & le Roi voulant bien le dispenser, en considération de ses services & par distinction particulière, de passer par le grade de Commandeur, il eut permission par la même Lettre du Roi de prendre tout de suite le titre & les marques distinctives de cet Ordre, dont il obtint la pension de 6000 livres en 1711. Ayant été rappellé de son Ambassade en 1726, le Roi lui fit l’honneur de lui écrire, ’qu’étant satisfait de ses services, il avoit résolu de l’associer à son Ordre du Saint-Esprit dans la première promotion’ . Il eut au mois d’Octobre 1733 des pouvoirs pour commander dans toute l’étendue des Provinces de Flandres & de Hainault ; fut nommé Chevalier des Ordres le 2 Février 1739, reçu le jour de la Pentecôte suivant, & mourut le 6 Avril 1745. II avoit épousé le 6 novembre 1691 Demoiselle Catherine-Angélique Foucault, décédée le 28 Avril 1728, fille de Joseph Conseiller d’Etat, Secrétaire du Conseil, Directeur des Finances de Sa Majesté, & Intendant de Caen, & de Dame Marie de Metreseau. »

En 1716, lorsqu'il se présente aux portes de l’atelier de Rigaud, d'Avaray est tout auréolé de ses fonction d’ambassadeur en Suisse. Il ne commanda néanmoins qu’un buste, sur le principe de l’« habillement répêté », et dont seule une copie vendue le 20 novembre 2001 au château de Vaux-le-Vicomte par la maison Jakobowicz & Associés nous évoque le souvenir. Donné comme école de François de Troy et d'une qualité franchement médiocre, le prototype doit pourtant être rendu au vocabulaire du peintre catalan. En effet, la posture, réduction de celle employée pour le duc de Bourgogne (1703), correspond à celles produites par Rigaud dans les années 1712-1714 contre 200 livres. On en a de très bons exemples avec le portrait du comte Durazzo (Totona, musée Civico) ou celui du marquis du Luc (collection particulière). Si le marquis d’Avaray paya 100 livres de plus, c’est que son portrait devait avoir été réalisé avec une petite variante, ou cadré plus large, comme l’indique l’intitulé de la copie réalisée par La Penaye : « Une armure d’après Mr d’Avaret sur le buste du maréchal de Villeroy ». La présence du cordon bleu de l’ordre du Saint-Esprit, obtenu en 1739, pourrait faire penser à une adaptation du modèle primitif. Justement, si Villeroy brandissait un bâton de commandement dans son effigie de 1698 (et dans la planche d’Edelinck, réalisée en 1705), ceci à l'imitation du portrait du Grand Dauphin, l’estampe en contrepartie du graveur Lyonnais Antoine Leclerc, plus tardive, rejoignait la posture de la toile de Vaux.

Les travaux de La Penaye s’inspirent d’une posture illustrée par la gravure d’Antoine Leclerc du portrait du maréchal de Villeroy, très courante par ailleurs dans le répertoire de l'artiste à cette époque pour figurer les bustes en armure, le bras droit le long du corps vu jusqu'au coude. Le tableau figurait jusqu’en 1914 dans les salons du consulat des Pays-Bas à Paris, rue de Grenelle.

Quant à Saint Simon, il avouait en 1709 que « Béziade […] montra de la valeur et de l’aptitude, il eut des emplois à la guerre, […] il est devenu lieutenant général. Il a bien clabaudé de n’être pas maréchal de France et de voir ses cadets y être arrivés, et à la fin on l’a fait chevalier de l’ordre, qu’il n’a fait la grâce d’accepter qu’avec beaucoup de répugnance et de délais. Il avait été quelque temps ambassadeur en Suisse, et n’y avait point mal réussi ».

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Autoportrait de Hyacinthe Rigaud. Coll. musée d’art Hyacinthe Rigaud / Ville de Perpignan © Pascale Marchesan / Service photo ville de Perpignan