P.856
Âge du modèle : 64 ans
Huile sur toile
H. 66,7 ; L. 50,8.
Adare (Irlande), collection de la comtesse de Dunraven.
Historique :
Paiement inscrit aux livres de comptes en 1704 pour 150 livres (ms. 624, f° 23 : « M[onsieu]r le marquis de Puysieulx ») ; collection des comtes de Dunraven à Adare (Limerick, Irlande) ; vente Londres (Philips), 6 juillet 1996, lot. 108, illustré p. 127 du catalogue (non vendu) ; vente New-York, Christie's, 26 février 1997, lot. 87 (école de Rigaud).
Bibliographie :
Grandmaison, 1892, p. 28 ; Roman, 1919, p. 109 ; Colomer, 1973, p. 30 ; Perreau, 2004, p. 95 ; Perreau, 2013, cat. P.856, p 186-187 ; James-Sarazin, 2016, II, cat. P.902, p. 304 (2003/2, cat. I, n°743).
Descriptif :
Roger Brulart (1640-1719), Marquis de Sillery, Vicomte de Puisieux, Baron de Fontaine, Seigneur de Verzenay et de Lude, fut fait Chevalier du Saint-Esprit le 1er janvier 1705 ce qui explique probablement son passage chez Rigaud. Lieutenant général, le marquis avait pris comme son secrétaire Néricault Destouches (peint par Largillierre), alors qu’il officiait comme ambassadeur en Suisse. Le modèle était fils de Louis-Roger Brulart de Sillery (1619-1691) et de Marie-Catherine de La Rochefoucault (1622-1698).
Rigaud avait été mis en relation dès 1701 avec le marquis par l’entremise du célèbre collectionneur Roger de Gaignières (mort en 1716). La lettre qu’écrivit le catalan à Gaignières en janvier 1705 semble remette en question la date de 1704 inscrite aux livres de comptes puisque qu’elle témoigne d’un rendez-vous manqué entre Rigaud et son modèle :
« Je suis bien faché, Monsieur, de ne m’estre pas trouvé chez moi lorsque vous m’avez fait l’honneur d’y venir avec monsieur l’évêque de Soissons et monsieur le marquis de Pisieux. J’accepte l’heure que vous me mandez qu’il viendra chez moi pour commencer son portrait ; puisque le matin luy convient, je vous prie de luy dire que ce soit à neuf heures, affin que j’aye le temps de faire l’ébauche avant midy ; et s’il le faut, je ne m’engageray pas même la près midy de demain, parce que s’il estoit nécessaire je le continueray la même journée pour gagner du temps. Je suis ravy, Monsieur, que vous me procuriez l’honneur de peindre Monsieur le marquis de Pisieux […] »[1].
Il s’agit là d’un portrait en buste assez austère, cuirassé, sans les mains, d’où son prix modeste. Dans une autre lettre adressée par le marquis à De Gaignières, il confirme que le 17 janvier 1705 l’effigie n’est pas terminée :
« Ce samedi matin 17 janvier 1705. Je suis revenu de Versailles il y a trois jours, Monsieur, si cruellement enrhumé, que j’en ay eu la fièvre la nuit, et que je n’ay point sorti ces deux derniers jours. Je croy devoir vous informer que j’ay ceans le portrait de feu M. de Puyzieulx mon grand père que m’a prêté M. le M[arqu]is d’Estempes. Vous en ferez l’usage que vous jugerez à propos ou bien vous me manderez celuy que j’en dois faire. Je croy qu’il nous faudroit prendre jour à lundi pour aller chez M. Rigaud achever mon portrait ; mandez-moy s’il vous plait votre sentiment la dessus et me faites l’honneur de me croire toujours Monsieur très passionnément votre très humble et très obéissant serviteur Puyzieulx. Pour M. de Gaignières ».
L’année suivante Rigaud peindra le portrait de la fille du marquis [*PC.865], la marquise de Tibergeau par son mariage en 1675, avec Louis de Tibergeau, marquis de la Motte. Voir en 1698 le portrait du frère du modèle, l’évêque de Soissons [*P.532].
Un dessin, conservé à la Bibliothèque Nationale, reprend l'ordonnance du tableau dans un cadrage légèrement développé.
[1] Paris, Bibliothèque Nationale, ms. fr. 24.991.