ARNAULD DE POMPONNE Henri Charles

Catégorie: Portraits
Année : 1700

 

PC.679

Âge du modèle : 31 ans

Huile sur toile ovale
H. 82 ; L. 63 cm
Collection privée.

Historique :

Paiement inscrit aux livres de comptes en 1700 pour 150 livres (ms. 624, f° 17 v° : « M[onsieur]r l’abbé de Pomponne ») ; collection privée ; Vente Le Coudray, hôtel des ventes de Chartres, Maîtres Jean-Pierre Lelièvre - Pascal Maiche - Alain Paris et Galerie de Chartres, 29 octobre 2017, lot. 170 [« École XVIIIème - Portrait de Prélat »]

Bibliographie :

Roman, 1919, p. 79, 83 ; Perreau, 2013, cat. *PC.679, p. 157 [tableau non localisé] ; James-Sazarin, 2016, II, cat. *P.729 [tableau non localisé] ; Perreau, « Le portrait inédit de l'abbé de Ponponne par Hyacinthe Rigaud », http://hyacinthe-rigaud.over-blog.com, 21 octobre 2017; http://hyacinthe-rigaud.over-blog.com/2017/10/le-portrait-inedit-de-l-abbe-de-pomponne-par-hyacinthe-rigaud.html

Copies et travaux : 

  • 1700 : Viennot touche une somme non précisée pour avoir fait « l’habit de M[onsieu]r Labbé de Pompone » (ms. 625, f° 9 v°).

Descriptif :

Inédit sous le nom de son modèle jusqu'à la date de mise à jour de la présente notice, le portrait d'Henri-Charles Arnauld de Pomponne (1669-1756), fut peint par Rigaud dans un format classique inspiré de modèles déjà éprouvés. La mise en scène assez stricte, peinte avec l'aide de Charles Viennot pour le vêtement, n’est en effet pas sans rappeler celle dessinée d'un autre abbé, parfois identifié comme l'abbé Bignon (à tort selon nous). Notre modèle porte ici le vêtement sobre, mais au vibrant moiré de noir de sa fonction de prélât, arborant la ceinture caractéristique nouée autour du buste sous les bras, prétexte pour le peintre à montrer sa virtuosité dans les fondus. Le cordon bleu de l'ordre du Saint Esprit, quant à lui, ainsi que l'insigne brossé sur le manteau, furent rajoutés par la suite. On comparera utilement les traits du modèle, avec ceux, plus jeune, fixés par l'estampe réalisée par Étienne Picart : une face allongée, un menton fort, des beaux traits masculins, un nez aquillin, de gros yeux ronds enfoncés dans leurs orbites et, surtout, ces longs sourcils noirs formant un art de cercle cartactéristique. Ces signes distinctifs sont rappelés, dans une moindre mesure (puisque le modèle s'était empâté), dans l'estampe de Jean-Baptiste Van Loo (Versailles, musée national du château, Estampes, LP65-17).

Successivement abbé de Saint-Maixent (1684), abbé commendataire de Saint-Médard de Soissons (1693), Pomponne ne tarda pas à remplir la charge d'aumônier du Roi (1698) alors qu'il s'apprêtait à passer devant le pinceau de Rigaud. L'abbé n'était pas un inconnu du peintre : sa soeur Catherine Félicité [*P.772], qui avait épousé le marquis de Torcy [P.519], était déjà passé devant son pinceau. Quant à Nicolas Simon, il s’était uni à un autre modèle de Rigaud, Constance de Harville [*PC.751].

Alors qu'il attendait une Prelature, l'homme fut nommé Ambassadeur extraordinaire à Venise dès 1704. Conseiller d’État d’Église en 1711, il acheta ensuite 400 000 livres àson beau-frère, Colbert de Torcy, la charge honorifique de Chancelier et Garde des Sceaux de l’Ordre du Saint-Esprit, état qu'il soutiendra de 1716 à 1756. Selon Saint Simon, Torcy avait néanmoins gardé la avec permission de continuer à porter l'ordre, l'abbé de Pomponne, obtenant en même temps « un brevet de retenue de 300 000 livres dessus ».

Son Éloge parue dans le tome 27 de L'Histoire de l'Académie Royale des Inscriptions et Belles-Lettres, Paris, 1765, p. 254), résume non sans flatterie, la carrière de notre abbé. Nous la citetons in extenso :

« Henri-Charles Arnauld de Pomponne, troisième fils de Simon Arnauld de Pomponne & de Charlotte Ladvocat, naquit le 10 juillet 1669 ; sa famille, originaire de Provence, établie ensuite en Auvergne, où elle paroît avec distinction dès le xve siècle, fut célèbre dans l'épée, dans la robe, dans l'église, dans le ministère & jusque dans la retraite, par de grands emplois, de grands talens, de grandes vertus & de grandes querelles. Son père, Ambassadeur en Suède & auprès des États généraux, devant lesquels il soûtint dignement la préséance de nos Rois sur les rois d'Espagne, ensuite Ministre & Secrétaire d'État pour les affaires étrangères, étoit fils de Robert sieur d'Andilli, qui du fond de sa retraite a brillé par tant de beaux ouvrages ; petit-fils du fameux Antoine Arnauld, qui conserva par choix le simple titre d'Avocat au Parlement, pour avoir la satisfaction délicate d'y joindre tout le mérite des dignités qu'il refusa : neveu de Henri évêque d'Angers, & d'Antoine docteur de Sorbonne. Ce grand Ministre a rendu à l'Etat, dans sa personne & dans ses enfans, le lustre qu'il avoit reçû de ses pères : ses deux fils aînés, élevés par leur naissance & par leur courage aux premiers emplois du service, se sont signalés à Fleurus, à Stassarde, à Steinkerque, à Nervinde. Ses filles ne lui ont pas procuré moins d'honneur ; l'une par la piété éminente qu'elle a portée dans l'abbaye de Gif, où elle se fit Religieuse ; l'autre par son mariage avec M. le marquis de Torci, ce Ministre éclairé & vertueux, chéri de son maître, adoré de la France, respecté des Étrangers, dont les Mémoires, qui viennent de paroître dans ces dernières années, se ressèntent de la droiture de son ministère : de ce mariage sont sortis M. le marquis de Croissi, M. d'Ancezune & M. du Plessis-Châtillon; & pour multiplier les illustres alliances dans une famille si riche en honneur & en mérite, la fille de l'aîné des Pomponnes est entrée dans l'ancienne & noble maison de Gamache. Dès le moment que Henri-Charles de Pomponne vit le jour, il procura au desintéressèment de son père une occasion de triomphe.

Il naquit à la Haye, où M. le marquis de Pomonne étoit Ambassadeur; les États offrirent au père de tenir son fils sur les fonts de baptême : selon l'usage établi en Hollande, cet honneur apportoit à l'enfant une pension viagère de deux mille écus : M. de Pomponne, pour éviter dans ses négociations l'embarras de la reconnoisiance, remercia les États sa vertu redoutoit un bienfait qu'elle seroit obligée d'oublier ; résolu de ne rien rendre qu'à son maître, il ne vouloit rien devoir qu'à lui. Ce père éclairé mit auprès de son fils les meilleurs maîtres d'humanités & de philosophie ; & comme une vocation décidée appeloit ce fils au service de l'Église, il le confia, pour les études théologiques, à M. Ravechet, depuis Syndic de la Faculté de Théologie, avec lequel le jeune Abbé alla demeurer au collége de Laon.

Après avoir pendant trois ans fréquenté les écoles de Sorbonne, il étoit par son rang & par sa capacité, en état de faire honneur à la Faculté ; mais la porte ne s'ouvroit qu'à ceux qui vouloient bien souscrire à la condamnation de M. Arnauld son grand-oncle, il la regarda comme fermée pour lui : le Prince, qui respectoit les loix de la Nature & les égards de la bienséance, ne lui en sut pas mauvais gré ; il trouva bon qu'il étudiât en Droit & qu'il y prît ses Licences. Dès l'âge de quinze ans il avoit été pourvû de l'abbaye de St Maixent ; neuf ans après Sa Majesté l'ayant nommé à celle de St Médard, il remit la première ; il s'étoit prévenu de bonne heure contre la pluralité des bénéfices. Il tenoit encore de son éducation un autre préjugé presque aussi rare, sur l'obligation de la résidence : fidèle à ce principe, lorsque dans la suite M. le duc d'Orléans, régent du Royaume, lui offrit l'évêché de Rhodès, il n'eut pas l'adresse de concilier lioit à des parens qu'il chérissoit & dont il étoit chéri ; il s'avisa de balancer d'un côté les règles de l'Eglise & l'exemple de M. l'évêque d'Angers son grand-oncle, qui avoit renoncé à sa patrie pour s'en faire une de sa ville épiscopale, & de l'autre la douce société de sa famille ; ce dernier attrait l'emporta, il refusa l'évêché.

En 1694 il fit, avec M. Ravechet, le voyage de Rome ; il passa un an dans cette ville chez M. le cardinal Janson : le Docteur & l'élève s'y firent mutuellement honneur, l'un par le profond savoir dont il donna des preuves dans lès conférences Théologiques qu'il fit en présence de plusieurs Cardinaux ; l'autre par son application, par la régularité de ses mœurs & par la noblesse de ses procédés. Le cardinal Albani, depuis Pape sous le nom de Clément XI, les honora tous deux de son amitié. Revenu dans sa patrie il fut fait, en 1698, Aumônier de Sa Majesté, attaché à M. le duc de Bourgogne. Il éprouva l'année suivante le chagrin le plus sensible qu'il ait ressenti dans le cours d'une longue vie ; il perdit son père; la France perdit un Ministre plein de zèle, de lumières & d'intégrité : le Roi voulut bien soulager la douleur des Pomponnes en la partageant, & lorsque l'Abbé se présenta avec son frère aîné à Sa Majesté, ce grand Prince, dont tous les sèntimens rencontroient les expressions les plus nobles & les plus justes, leur dit : vous pleurez un père que vous retrouverez en moi; & moi je perds un ami que je ne retrouverai plus. Ce peu de paroles réunissoit pour le père les plus grands éloges, & pouvoit faire naître dans les fils les plus hautes espérances :

M. l'abbé de Pomponne ne s'en prévalut pas pour demander de nouvelles graces ; héritier de la modestie de son père, il laissa à la bonté du Roi & à son propre travail les soins de son avancement. 

C'étoit pour lui deux ressources assurées : le marquis de Torci, après la mort du marquis de Pomponne dont il étoit gendre, étoit devenu Ministre & Secrétaire d'Etat pour les affaires étrangères ; la bienveillance du Prince prévint la recommandation du Ministre, le Roi. lui ordonna d'ouvrir ses bureaux à son beau-frère, & de le former aux négociations ; il descendit même, en faveur de l'abbé de Pomponne, à des soins de détail; il daigna jeter les yeux sur son travail, & l'on sait que les regards du Prince ont sur les esprits une influence féconde, & que rien n'est plus puissant pour faire éclorre & mûrir par une douce chaleur les semences des talens naturels : le Roi s'informoit de ses progrès, il l'examina, il l'interrogea lui-même, & satisfait des lumières qu'il avoit acquises en ce genre d'étude, il le nomma à l'ambassade de Venise. Labbé de Pomponne partit au commencement de 1705 ; la gloire de nos armes se maintenoit en Italie; M. le duc de Vendôme faisoit le siége de Verrue : l'Ambassadeur lui porta les ordres du Roi ; il s'acquitta avec fidélité & intelligence de ceux dont il étoit chargé pour le prince de Vaudemont, gou verneur du Milanez, & pour M. le Grand-Prieur. L'année suivante la victoire remportée à Calcinato annonçoit la cam pagne la plus brillante, mais le rappel du duc de Vendôme, & la levée du siége de Turin, nous firent perdre le fruit des succès précédens. Dans ce désastre général, l'abbé de Pomponne signala son amour pour son pays; plein de courage, il lui eût volontiers donné sa vie ; borné à la gloire de la générosité, il exposa tout son bien & même toutes ses espérances: hors d'état de combattre l'ennemi, il combattit la fortune, le plus redou table ennemi que la France eut alors, Ce qu'il y avoit de troupes Françoises au-delà des monts alloit périr faute de subsistances ; il s'engagea jusqu'à la somme de quatre cents mille livres, & par ce noble sacrifice il sauva à son Prince douze mille hommes de pied & sept mille chevaux. La fermeté faisoit son caractère; il soûtint l'honneur de la France au milieu des malheurs comme au milieu des succès : la république de Venise faisoit profession d'une exacte neu tralité; dans les prospérités de la France, l'Abbé avoit montré toute la modestie qui sied si bien à la victoire ; dans les revers, l'Ambassadeur porta toute la fierté qui relève les disgraces. 

Le prince Hercolani, revêtu du même caractère de la part de l'Empereur, étoit vif & impétueux; il trouva dans l'am bassadeur de France une ame forte & vigoureuse, qui sut d'abord réprimer les mouvemens d'impatience qu'excitoient en lui les mauvais succès de son maître, & rabattre ensuite la hauteur que lui inspiroient les nouveaux avantages. La conduite toûjours ferme & toûjours respectueuse de l'Abbé de Pomponne lui conquit le cœur de nos ennemis, & l'em pereur Joseph lui fit dire qu'il étoit charmé de ses procédés, & qu'il ne pouvoit lui refuser dans son estime le rang que son père avoit tenu dans celle de l'empereur Léopold & de tous les Princes de l'Europe : le Pape le remercia, par un bref, de ce qu'il avoit fait pour l'Eglise, dans le temps où le différend au sujet de Comacchio mettoit en péril tout l'État Ecclésiastique. Mais la récompense seule capable de le flatter, sut la satisfaction que lui témoigna son Prince, en qui les services du fils réveillèrent le souvenir de tous ceux qu'il avoit reçûs du père. Peu après son retour il fut honoré d'un brevet de Conseiller d'Etat ordinaire, & sa longue vie lui a laissé le temps de devenir Doyen du Conseil il respectoit cette place importante; la haute idée qu'il en avoit portoit dans son ame le scrupule & l'inquiétude; les affaires des cliens devenoient les siennes, il s'en occupoit jour & nuit; il prenoit l'avis des plus célèbres Avocats; & persuadé que la justice perd jusqu'à son nom quand elle se traîne avec lenteur, il favorisoit & prévenoit même l'impatience des plaideurs par des Bureaux extraordinaires.

Il acheta en 1716, de M. le marquis de Torci, la charge de Commandeur-Chancelier-Garde des sceaux & Surintendant des finances des Ordres du Roi: cette charge & celle de Prevôt maître des cérémonies, dont est revêtu M. Bignon son cousin, sont les deux seules de l'Ordre qui exigent les mêmes preuves de noblesse qu'il faut faire pour être reçû Chevalier. Je dirois qu'il honora cette dignité, si cette dignité approchant de si près de l'éclat qui environne le trône de nos Rois, & plongée, pour ainsi dire, dans la source de la lumière, n'étoit pas faite Pour honorer tous ceux qui la possèdent. Il s'attacha à s'y rendre utile ; il fit rembourser, sous la Régence, dix-sept cents mille livres, pour lesquelles Louis XIV avoit aliéné la moitié des rentes de l'Ordre, dans le temps de la guerre pour la succession d'Espagne ; sa prudente économie a ménagé sur les épargnes de quoi fournir à l'État de très grandes sommes dans des besoins pressans, augmenter de beaucoup les revenus, & décorer avec magnificence le berceau & le dépôt de cet Ordre auguste ; je parle du couvent des grands Augustins : il a fait réparer l'église & les ornemens donnés par Henri III ; les salles où sont rassemblés les titres & les archives doivent à ses soins leurs embellissemens : mais ce qui fait sans doute les plus beaux titres de l'Ordre, ce sont plus de trois cents portraits de Chevaliers qu'il y a fait arranger [...] Non content de veiller à l'honneur des Chevaliers pendant leur vie, il a voulu les servir plus utilement encore jusque dans le tombeau ; dans cette vûe, noble & chrétienne, il a fait établir un service, qui se célèbre le 2 de janvier dans la chapelle de Versailles, où le Roi assiste avec tous les Chevaliers, pour le repos de l'ame de ceux qui sont morts dans le cours de l'année précédente.

En succédant, en 1743, à M. l'abbé Bignon dans la place de Doyen du Conseil, il fut en même temps élû pour le remplacer dans cette Académie : quoiqu'il fût dès-lors dans un âge avancé, il n'avoit pas renoncé au commerce des Muses ; il venoit avec plaisir se reposer ici dans le sein de la Littérature ; son assiduité, son zèle pour l'Académie, & ses procédés civils & obligeans à l'égard des Académiciens ont prouvé, jusqu'à la fin de sa vie, le goût qu'il avoit pour les connoissances littéraires & pour ceux qui les cultivent. - Nous n'avons considéré jusqu'ici M. l'abbé de Pomponne que dans des postes honorables, où il est beau de se soûtenir, mais où l'on trouve autour de soi des appuis qui supportent, qui élèvent même quelquefois.

[...] A ces deux sortes de maladies, M. l'abbé de Pomponne opposa l'espèce de vertu même qu'elles attaquoient l'une & l'autre ; dans l'opération de la taille, qu'il souffrit en 1729, il s'arma d'une constance à l'épreuve des douleurs les plus cruelles ; en 1746 étant tombé en apoplexie à la fin d'un Bureau qu'il tenoit chez lui, lorsqu'à force de remèdes on l'eût fait revenir, quoique paralitique d'une partie de son corps, il étonna par sa vivacité & par sa résolution Mr les Conseillers d'État qui n'avoient pas voulu l'abandonner : son ame parut libre & éveillée dans un corps dont les sens étoient assoupis & les mouvemens enchaînés ; il se réjouissoit de mourir, disoit-il, les armes à la main, & s'étant fait peu de juors après, & une seconde fois l'année suivante, transporter aux eaux de Bourbon & de Vichi, il suivit la lenteur fati gante des traitemens & des remèdes avec une patience qu'on n'avoit pas espérée de sa promptitude naturelle : il en fut ré compensé par le retour de sa santé. Sa dernière maladie acheva de montrer sa résignation à la volonté de Dieu & sa force chrétienne ; dans une longue infirmité, où il se voyoit insensiblement éteindre, il n'a témoigné d'autre impatience que de se réunir à son Créateur, & de recevoir les secours spirituels qui épurent l'ame & qui l'élèvent vers son origine. Ses bonnes œuvres l'avoient précédé dans l'autre vie ; entre les aumônes dont sa vertu aimoit à dérober jusqu'à la trace, nous savons qu'il faisoit beaucoup de rentes annuelles à d'anciens domestiques, à des gens qui n'avoient auprès de lui d'autre titre que leur indigence, & sur-tout à la pauvre Noblesse.

Il tenoit un rôle de ses pensionnaires, & ne s'en réservoit pas même la survivance : une somme une fois assignée, devenoit consacrée à Dieu & aliénée pour lui, ou plustôt c'étoit un fonds qu'il regardoit comme placé au plus haut intérêt : aussi-tôt qu'une pension étoit éteinte, il cherchoit à la remettre sur la tête d'un autre. Toutes les paroisses où il avoit domicile se sont ressenties de ses bienfaits; il donnoit tous les ans une somme à celle de S. Roch pour les pauvres honteux, une autre au Curé de Nogent-sur-Marne, une autre encore aux quatorze Curés de la châtellenie de Vic-sur-Aîne : il a fondé, dans ce bourg, des instructions pour les enfans & des soulagemens pour les malades. Zélé pour le service de Dieu, pénétré de sentimens & fidèle aux pratiques de religion, attaché, autant par inclination que par devoir, à la personne de son Prince, tendre pour sa famille, constant & sensible dans l'amitié, bienfaisant envers tous les hommes, il a terminé sa carrière le 26 juin de cette année, âgé de quatre-vingt-sept ans moins quatorze jours.»

*mise à jour : 18 octobre 2017

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Autoportrait de Hyacinthe Rigaud. Coll. musée d’art Hyacinthe Rigaud / Ville de Perpignan © Pascale Marchesan / Service photo ville de Perpignan