PC.1120
Huile sur toile
H. 131 ; L. 98 cm.
Potsdam, Neues Palais. Inv. N° gk i 4512.
Historique :
Peint vers 1710-1715 ; château de Potsdam, 1860.
Bibliographie :
Cat. Berlin, 1962, p.60, n° 102 ; Rosenberg et Mandrella, 2005, n° 965, p. 166-167 ; Perreau, 2013, cat. PC.1120, p.226 ; James-Sarazin, 2016, II, cat. P.1372, p. 468.
Œuvres en rapport :
- 1. Huile sur toile d'après Rigaud (atelier). H. 130 ; L. 98 cm. Vente Marseille, hôtel des ventes Prado-Borde-Sisgaw-Charriaud, 10 novembre 1990 (sans numéro) ; idem, 22 mars 1991 (sans numéro).
- 2. H. 127 ; L. 94 cm. Collection The Honorable Bryan Bellew and Captain J. Bellew, 1957 ; par descendance ; Collection privée (comme portrait de Michael de Roth (1661-1741). The Centre of Irish-Scottish Studies (Trinity College Dublin), p. 14. Exp. : 1957, Dublin, n°76 (Rigaud, portrait du lieutenant général Michael Rothez) ; Belfast, Ulser Museum, n°336 (idem mais attribué à Largillierre).
Descriptif :
Ce grand portrait de militaire appuyant ses deux mains sur un bâton de commandement s’inspire de la formule employée pour le portrait du maréchal de Vauban [PC.848] en 1704 et qui sera reprise pour quelques autres modèles venus après lui : c'est le cas notamment du maréchal Konrad de Rosen, du marquis d'Acigné et du maréchal de Montrevel. Pris « jusqu’aux genoux » sur le principe de « l’habillement répété », le modèle n'est pas représenté devant un fond de paysage mais dans un intérieur dont le mur de décor s'orne de quelques pilastres à droite et d'un rideau de velours retenu par ses cordelettes à gauche. Son bâton de commandement prend appui sur un socle de pierre, près d'un casque. Entièrement revêtu de son armure, l'homme porte en sautoir son épée ainsi que l’écharpe rouge de l’ordre espagnol de Calatrava que vient compléter le cordon orné de la croix qu'il porte autour du cou.
Il aurait donc été tentant d'effectuer un rapprochement entre ce tableau et le portrait de l'ambassadeur Patrick Lilesh, peint en 1721, modèle ayant été décoré de l'ordre de Calatrava. Cependant outre une iconographie comparative inexistante pour ce personnage, plusieurs éléments nous empêchent de conclure en ce sens. En effet, même en tenant compte d'une inflation logique des prix du peintre entre 1704 et 1721, on comprend difficilement pourquoi l'ambassadeur d'Espagne, venu négocier le mariage de son infante avec Louis XV, aurait été obligé de débourser 1000 livres pour une simple adaptation d'un modèle antérieur qui, jusqu'en 1711, ne valait que 500 livres. On aurait pu alors arguer que l'effigie de Peder Benzon Mylius, présenté jusqu'au genoux, avait coûté 1000 livres en cette année 1721 alors qu'elle empruntait, elle aussi, un modèle plus ancien. Mais c'était sans compter sur le portrait du marquis d'Acigné, confectionné « jusqu’aux genoux l’habillement répété d’après celui du maréchal de Montrevel » (c'est à dire de Vauban), et qui avait été payé 1500 livres à Rigaud, soit la même somme que celui de son épouse, « l'habillement répété d'après celui de Mad[ame] Le Bret représentée en Cérès ».
Il y a donc là une incohérence qu'aucun véritable argument ne peut expliquer, d'autant que l'effigie du militaire à l'ordre de Calatrava nécessita quelques arrangements par rapport à la composition originale, arrangements que Rigaud n'eût pas omis de facturer. Il n'est pas non plus crédible de prétendre que la substitution d'un fond de d'architecture en lieu et place d'un fond de paysage ait pu générer un rabais de 500 livres... On se gardera donc bien de conclure en l'absence d'une inoconographie de l'ambassadeur d'Espagne qui pourrait venir aider l'identification formelle de notre portrait.