P.1123
Autoportrait d’Hyacinthe Rigaud dit « au porte mine »
Âge du modèle : 52 ans
Huile sur toile
H. 81 ; L. 65 cm
Versailles, musée national du château. MV5825
Inscr. v° : « hyacinthe Rigaud. Ecuyer noble citoyen de Perpignan / Professeur de lacadémie Royalle de Peinture / Sculpture, peint par luy même / donné à son amy Mons[ieu]r Dassenet / le 10 juin 1711 »
Historique :
Absent des livres de comptes ; collection Rigaud ; collection Jean de Julienne ; don à l’Académie, 1766 ; Entré au Louvre, 1887 ; Dépôt à Versailles, 1920.
Bibliographie :
Hulst/3, p. 189 ; Mariette, 1740-1770, III, f°48 v°, n°94, VII, f°16 ; Lelong, 1775, p. 257, n°3 ; Huber, 1787, II, p. 670 ; Paignon-Dijonval, 1810 7364 ; Nagler, 1836, III, p. 47 ; Le Blanc, 1856, II, P. Dr., n°102 ; Firmin-Didot, 1876, P. Dr., n°112 ; Firmin-Didot, 1875-1877, P. Dr., n°478 ; Portalis et Béraldi, 1881, II, p. 20 n°45 ; Guiffrey,1884, p. 64 ; Mireur, 1910, II, p. 535, 538, 540-541 ; Thieme & Becker, 1913, IX, p. 559 ; Soulange-Bodin, 1914, pp. 6-49 ; Audin et Vial, 1919, p. 288 ; Brière, 1924, pp. 333 ; IFFXVIIIe 1951, VII, P. Dr., n°108 ; Lugt, 1938, 557 ; Weigert, 1961, t. IV, n°180, p. 54 ; Rosenfeld, 1981, p. 223, repr. fig. V ; Constans, 1995, II, n°4263, p. 755 ; Thieme & Becker-Saur, 2001, XXIX, p. 409 ; Perreau, 2004, p. 140-42, repr. p. 141, fig. 109 ; Levallois-Calvel, 2005, II, cat. P. Dr. n°118 ; James-Sarazin, 2009/1, n° 10, p. 98, 105 ; James-Sarazin, 2009/2, p. 75 ; Perreau, 2013, cat. P.1123, p. 227-228 ; James-Sarazin, 2016, II, cat. P.1195, p. 395-397.
Copies et travaux :
- 1716 : La Penaye reçoit 12 livres pour « un habillement d’après le portrait de M[onsieu]r Rigaud » par La Penaye pour 12 livres (ms. 625, f°31 v°).
Œuvres en rapport :
- 1. Huile sur toile d’après Rigaud Loc. inc. (anc. Londres, Légers et Sons, 1930). Il s’agit peut-être la version qui se trouvait dans l’état des tableaux vendus au marchand Pierre Villebois par Geneviève-Elisabeth Collet, veuve de Pierre Neuve : « deux copies de portraits de Mrs Rigaud et Largillierre »[1].
- 2. Huile sur toile, suiveur de Rigaud, H. 33 ; L. 26 cm (tronquée, le visage seulement). Prague, galerie nationale Inv. DO 4859.
- 3. Gravé en contrepartie par Pierre Drevet en 1721.
- 4. Huile sur toile d'après Rigaud (atelier). H. 52 ; L. 40 cm. Middlevury College Museum of Art (Etats-Unis), A. Johnson Memorial Gallery, inv. 1986.049. Don deLord Ivar Montbatten en 1986*.
Expositions :
Perpignan, 2009, cat. 10
Descriptif :
L’autoportrait fut offert le 10 juin 1711 à Louis Malpenée, écuyer et sieur d’Assenay, en pendant de l’autoportrait de Largillierre[2]. Collectionneur reconnu, Malpenée possédait selon Germain Brice « plusieurs pièces de maîtres modernes les plus habiles, d’un choix judicieux » dans son hôtel de la rue des Fontaines où l’on pouvait également admirer « des ouvrages de Rigault et de l’Argilliere d’une beauté particulière et qui font honneur à ces grands peintres »[3]. Un portrait présumé de Louis Malpenée de la main de Largillierre, aujourd’hui perdu mais dont nous connaissons une réplique de petit format[4], atteste de cette commande conjointe. Le modèle y soulève délicatement l’estampe de Drevet d’après l’autoportrait au porte-mine. Sous la gravure se devine celle de l’autoportrait de 1711 de Largillierre, réalisée par Chéreau en 1715, au premier plan et que l’on distingue plus nettement encore sur un dessin correspondant au portrait de Malpenée[5].
Le 31 mars 1744, alors qu’Oudry et Collin s’occupaient à l’arrangement des tableaux pour l’inventaire après décès de Rigaud, Malpenée comparut pour réclamer la planche ayant servi à la gravure de Drevet de 1721, « au bas de laquelle est une mention que lad. planche a été gravée par les soins dud. s. d’Assenet et à ses frais par reconnoissance et amitié pour led. s. Rigaud[6], auquel led. s. d’Assenet avaoit confié lad. planche pour en faire tirer quelques estampes dont led. s. Rigaud vouloit faire présent à ses amis ». Sauvageot, ancien domestique de Rigaud affirme que la planche est entre ses mains et en être parfaitement instruit. Notons que la main gauche de Rigaud, avec l’auriculaire relevé, est identique à celle d’Antoine Anselme dans son portrait de 1713 [P.1183].
On signalera plusieurs attitudes calquée sur cet autoportrait qui firent recette : l’effigie dite d’un écrivain et attribuée Largillierre[7] ; un autoportrait présumé du peintre André Bouys[8] et un autoportrait ébauché dit d’un artiste[9]. Enfin, notons que le graveur Johann Christoph Sysang (1703-1757) produisit une estampe représentant le graveur de l'électeur de Saxe Martin Berningeroth (1670-1733) dans une attitude calquée sur l'autoportrait au porte-mine de Rigaud. Berningeroth et son Johann Martin (1713-1767) singèrent à l'envie les créations du catalan dans leurs œuvres pour que l'on doute que l'image n'ait été qu'arrangée sans que la toile n'existe.
[1] Contrat de mariage de Pierre Villebois, Paris, archives Nationales, minutier central des notaires parisiens, étude IV, 565, 3 février 1750. Cité par Rambaud, 1971, p. 946.
[2] Versailles, musée national du château. MV3681.
[3] Brice, 1698, p. 78 et Brice, 1725, p. 76.
[4] Huile sur toile, H. 65,5 ; L. 54,5, v. 1715.
[5] Pierre noire et rehauts de blanc sur papier bleu, collection particulière, illustré dans Perreau, 2004, p. 140-142.
[6] « hyacinthus rigaud Eques in Regia Picturæ / Academia Professor. / Tabulam in qua se ipse pinxit, amico dedit ludovico. / Dassenet ; grati animi amicus cælari curavit ».
[7] Huile sur toile, H. 50 ; L. 37. Ancienne collection La Caze, déposé au musée de Bourges par le Louvre. Inv. MI 1387. Voir Faroult, 2007, p. 1181-1182.
[8] Huile sur toile, H. 65 ; L. 53. Versailles, musée National du château. Inv. MV3709. Dépôt au musée d’art et d’histoire de Provence à Grasse. La toile, de très mauvaise facture ne nous semble pas imputable à l'art de Bouys et son identification doit être fortement remise en doute.
[9] Huile sur toile, H. 27,9 ; L. 22,9. Boston, Museum of Fine Arts. Inv. 74.16.
* mise à jour 11 juin 2020