*P.147
Âge du modèle : 48 ans
Huile sur toile
H. 130 ; L. 97,5.
Localisation actuelle inconnue
Historique :
Paiement inscrit aux livres de comptes en 1688 pour 540 livres [à mi-corps] (ms. 624, f° 4 v° : « Mons[ieu]r frère unique du Roy »).
Bibliographie :
Rigaud, 1716, p. 115 ; Hulst/2, p. 148 ; Roman, 1919, p. 16 ; Colomer, 1973, p. 17 ; Perreau, 2004, p. 33, note 47, p. 227 ; Perreau, 2013, cat. *P.147, p. 79 ; James-Sarazin, 2016, II, cat. *P.151, p. 57 (2003/2, cat. I, n°128).
Descriptif :
Bien que l’iconographie de Philippe 1er d’Orléans (1640-1701), nommé Monsieur et frère de Louis XIV soit relativement abondante, le portrait qu’en fit Rigaud reste à ce jour non localisé. Il est cependant probable que le duc d’Orléans ait souhaité se faire représenter en armure, à l’instar de la plupart de ses portraits connus. Une sorte de pied de nez à la volonté du Roi de le cantonner dans un rôle purement de parade à la cour, sans tenir compte de sa vaillance au combat. Nous pensons que cette effigie inaugure les portraits de militaires brandissant un bâton de commandement avec une bataille en arrière fond du type. En effet, une note inédite des comptes des Bâtiments du roi en 1720 répertorie le paiement de 70 livres à François Albert Stiémart, le plus important copiste du cabinet du roi, pour une « copie d’après Rigaut, Monsieur frère du Roy, en cuirasse jusqu’aux genoux et une bataille dans le fond du tableau : 4 pieds ½ sur 3 pieds de long »[1].
Le succès de la toile généra pour le peintre quantité de commandes prestigieuses à commencer par son fils, le futur Régent, alors duc de Chartres en 1689 puis sa seconde femme, la princesse Palatine en 1713.. Un grand nombre de personnages liés à la famille d’Orléans passèrent alors dans l’atelier, du simple trésorier, au marquis le plus influent. Le prix élevé de notre portrait n’impliquait pas obligatoirement une effigie en pied. En effet, l’identité même du modèle, suffisait à elle seule pour justifier 540 livres. Le portrait peu flatteur que fit du personnage, le caustique Saint-Simon, achèvera peut-être de nous donner une idée de Monsieur, second fils de Louis XIII et d’Anne d’Autriche, alors que le prince était âgé d’une cinquantaine d’années : « Petit, ventru, monté sur des échasses, tant ses souliers étaient hauts, toujours paré comme une femme, plein de bagues, de bracelets, des pierreries partout, avec une longue perruque toute établie au-devant, noire et poudrée, et des rubans partout où il en pouvait mettre, plein de toutes sortes de parfums, et, en toutes choses, la propreté même » (Mémoires, 1701, III, 9).
[1] Bâtiments du roi, État des ouvrages de peinture faite pour le roy depuis 1716 jusques et compris 1729, Paris, Arch. nat. O1 1921a.