*P.321
Âge du modèle : 55 ans
Huile sur toile
dimensions inconnues [à mi-corps]
Localisation actuelle inconnue
Historique :
Paiement inscrit aux livres de comptes en 1693 pour 367 livres et 10 sols (ms. 624, f° 8 v° (« Mons[ieu]r et mad[am]e de Château neuf »).
Bibliographie :
Roman, 1919, p. 34 [f] ; Gallenkamp, 1959, p. 50 ; Perreau, 2013, cat. *P.321, p. 103 ; James-Sarazin, 2016, II, cat. *P.355, p. 124-125 [un portrait de deux figures].
Descriptif :
Le prix de 367 livres et 10 sols valant dans les années 1693 ordinairement pour un portrait en pied1, on pouvait légitimement penser que Rigaud eut à peindre ensemble les effigies du couple formé par Balthasar Phélypeaux, marquis de Châteauneuf (1638-1700) et de Marguerite-Marie de Fourcy (1653-1711).
Fils de Louis I Phélypeaux (1599-1681), chevalier, seigneur de La Vrillière, marquis de Châteauneuf et de Tanlay-sur-Loire, baron d’Hervy et de Marie Particelli1, Balthasar est d'habord destiné à la carrière ecclésiastique. Aumonier du roi, abbé de l'Absi et de Quincy, docteur en théologie (1661), conseiller clerc au parlement de Paris le 29 août 1664, il fut reçu en 1669 secrétaire d'État de la Religion prétendue réformée en survivance de son père et sur démission de son frère aîné, Louis II (1636-1699), exerçant cette charge de 1676 à sa mort.
Il est rapidement pourvu de la charge de secrétaire des Ordres du Saint Esprit, par commission du 3 mars 1671 avant d'en devenir secrétaire en titre dès le 27 avril 1689. Selon Saint Simon, Châteauneuf était peu considéré à la cour, simple faiseur de tâches : « Châteauneuf était un homme d'une prodigieuse grosseur ainsi que sa femme, fort peu de chose, bon homme et servant bien ses amis. Il avait le talent de rapporter les affaires au conseil de dépêches mieux qu'aucun magistrat, du reste la cinquième roue d'un chariot, parce qu'il n'avait aucun autre département que ses provinces, depuis qu'il n'y avait plus de huguenots. Sa considération était donc fort légère, et sa femme, la meilleure femme du monde, n'était pas pour lui en donner. Peu de gens avaient affaire à lui, et l'herbe croissait chez eux. »
« Châteauneuf, secrétaire d'État, fort affligé du refus de sa survivance, et fort tombé de santé, s'en alla prendre les eaux de Bourbon, et pria le roi de trouver bon que Barbezieux signât pour lui en son absence. [...] En passant chez lui à Châteauneuf, en revenant de Bourbon, dont il avait fait un des plus beaux lieux de France, il y mourut presque subitement. »
« Mme de Châteauneuf mourut quelques semaines après, à cinquante-cinq ans, à Versailles où elle n'avait presque bougé de sa chambre, et y avait passé sa vie fort seule. Elle était d'une prodigieuse grosseur, la meilleure femme du monde, et veuve depuis onze ans du secrétaire d'État, et mère de La Vrillière. Elle était fille de Fourcy, conseiller au grand conseil, et d'une sœur d'un premier lit d'Armenonville, depuis garde des sceaux, qui avait plus de vingt ans plus que lui, et qui se remaria à Pelletier, depuis ministre d'État et contrôleur général des finances, qui fit la fortune d'Armenonville. »
La proposition de Roman ne pouvait être soutenue car son candidat, Pierre-Antoine Clément de Castagnère (1643-1728), marquis de Châteauneuf-en-Savoie, était ambassadeur près la Porte ottomane depuis 1689. Notons dans une vente parisienne non illustrée, datée du 13 mai 1904, un portrait présumé du marquis de Châteauneuf issu de la collection Monbrison (Huile sur toile, H. 88 ; L. 66 cm).
1.Tels les portraits du chevalier de Croissy ou du prince de Dannemark.
2. Elle était la fille de Michel Particelli, seigneur d’Emery et de Thoré, Surintendant des Finances de France, et d’Anne Le Camus.