COULANGES Emmanuel-Philippe de

Catégorie: Portraits
Année : 1682

 

P.26

Âge du modèle : 49 ans

Huile sur toile ovale
H. 75 ; H. 59 cm
Vitré, château des Rochers-Sévigné

Historique :

Paiement inscrit aux livres de comptes en 1682 pour 33 livres (ms. 624, f° 1 v° : « Mons[ieu]r Coullange [rajout : Coulange] ») ; par descendance, collection comte Amaury de Ternat.

Bibliographie :

Roman, 1919, p. 3 ; catalogue de l’exposition « Madame de Sévigné », Paris, Musée Carnavalet, 1996-1997, n° 29, p. 50 [=école française du XVIIe siècle] ; Perreau, 2013, cat. P.26, p. 66 ; James-Sarazin, 2016, II, cat. P.32, p. 27.

Descriptif :

Maître des requêtes (1701), conseiller au Parlement de Paris, chansonnier, « le petit-Coulange » (1633-1716), fut l’ami et cousin de Marie de Rabutin-Chantal (1626-1696), marquise de Sévigné. Cette dernière était en effet la fille de Celse Bénigne de Rabutin, baron de Chantal (1596-1627) et de Marie de Coulanges (1603-1633). Ses oncles, Christophe de Coulanges (1607-1687), abbé de Livry, « le bien bon » et Philippe II de La Tour de Coulanges, Conseiller du Roi, membre de la Cour des Comptes (qui possédait un château à Sucy-en-Brie près de Paris), élèveront l’épistolière. Les Coulanges étaient bourgeois, gens de finances et s’étaient conjointement enrichis dans les fermes des impôts et les fournitures aux armées. La marquise de Coulanges, Marie Angélique du Gué (1641-1723), épouse de notre modèle, était d’ailleurs l’une des favorites de madame de Maintenon.

Mme de Créquy évoque ainsi la marquise dans ses Souvenirs : « Dans le grand nombre des personnes à qui je fus présentée, je distinguai particulièrement la célèbre Mme de Coulanges qui venait de perdre le sien, (c’est le mari dont je parle), et dont la vivacité d’esprit avait bien de la peine à se laisser comprimer par ses habits de veuve et par le poids des années. Je ne saurais vous exprimer tout le plaisir qu’on prenait à sa conversation […] ».

Quant à Saint-Simon, il  en dressa un portrait qui semble assez réaliste :

« C'était un très petit homme, gros, à face réjouie, de ces esprits faciles, gais, agréables, qui ne produisent que de jolies bagatelles, mais qui en produisent toujours et de nouvelles et sur-le-champ, léger, frivole, à qui rien ne coûtait que la contrainte et l'étude, et dont tout était naturel. Aussi se fit-il justice de fort bonne heure. Il se défit d'une charge de maître des requêtes, renonça aux avantages que lui promettaient sa proche parenté avec M. de Louvois, et ses alliances avec la meilleure magistrature, uniquement pour mener une vie oisive, libre, volontaire, avec la meilleure compagnie de la ville, même de la cour, où il avait le bon esprit de ne se montrer que rarement, et jamais ailleurs que chez ses amis particuliers. La gentillesse, la bonne mais naturelle plaisanterie, le ton de la bonne compagnie, le savoir-vivre et se tenir à sa place sans se laisser gâter, le tour aisé, les chansons à tous moments qui jamais n'intéressèrent personne, et que chacun croyait avoir faites, les charmes de la table sans la moindre ivrognerie ni aucune autre débauche, l'enjouement des parties dont il faisait tout le plaisir, l'agrément des voyages, surtout la sûreté du commerce, et la bonté d'une âme incapable de mal, mais qui n'aimait guère aussi que pour son plaisir, le firent rechercher toute sa vie, et lui donnèrent plus de considération qu'il n'en devait attendre de sa futilité. Il alla plus d'une fois en Bretagne, même à Rome, avec le duc de Chaulnes, et fit d'autres voyages avec ses amis ; jamais ne dit mal ni ne fit mal à personne ; et fut avec estime et amitié l'amusement et les délices de l'élite de son temps, jusqu'à quatre-vingt-deux ans, dans une santé parfaite de tête et de corps, qu'il mourut assez promptement. Sa femme, qui avait plus d'esprit que lui, et qui l'avait plus solide, eut aussi quantité d'amis à la ville et à la cour, où elle ne mettait jamais le pied. Ils vivaient ensemble dans une grande union, mais avec des dissonances qui en faisaient le sel et qui réjouissaient toutes leurs sociétés. Ils n'eurent point d'enfants. Elle l'a survécu bien des années. Elle avait été fort jolie, mais toujours sage et considérée. Coulange était un petit homme fort gras, de physionomie joviale et spirituelle, fort égal et fort doux, dont le total était du premier coup passablement ridicule ; et lui-même se chantait et en plaisantait le premier » (Mémoires, 1716, XIII, 15).

Localisation de l´œuvre :

Vitré, château des Rochers-Sévigné, France

Autoportrait de Hyacinthe Rigaud. Coll. musée d’art Hyacinthe Rigaud / Ville de Perpignan © Pascale Marchesan / Service photo ville de Perpignan