*P.1391
Âge du modèle : 45 ans
Huile sur toile
Dimensions inconnues [à mi-corps]
Localisation actuelle inconnue.
Historique :
Paiement inscrit aux livres de comptes en 1734 pour 3000 livres (ms. 624, f° 44 v° : « M[onsieu]r le controlleur g[é]n[ér]al Philibert Orry. Id[em] » [entièrement original]).
Bibliographie :
Hulst/3, p. 198 ; Roman, 1919, p. 211 ; Portalis et Béraldi, 1880-1882, II, p. 660, 666 (n° 38) ; Constans, 1995, II, p. 761 (n° 4293), p. 763 (n° 4305) ; Perreau, 2004, p. 80-81 ; Perreau, « Philibert Orry chez Piasa », [en ligne], 6 décembre 2010, www.hyacinthe-rigaud.over-blog.com. ; Perreau, « Rigaud et les ministres : le portrait de Philibert Orry », 13 octobre 2013, www.hyacinthe-rigaud.over-blog.com. ; Perreau, 2013, cat. *P.1391, p. 290 ; James-Sarazin, 2016, II, cat. *P.1474, p. 517-518.
Œuvres en rapport :
- 1. Huile sur toile d’après Rigaud, H. 143 ; L. 114. Avec cordon de l’Ordre du Saint-Esprit. Porte une étiquette de vente en bas à gauche, n°13. Collection particulière (coll. Comtesse de La Ferronays ; sa vente, Paris, 12 avril 1897, lot 15 ; vente Paris, Charles Lévesque, 27 mars 1914, lot 13 ; vente Paris, hôtel Drouot, 31 mars 1965, lot 54 ; Paris, coll. Nordmann ; vente Paris, hôtel Drouot, Piasa, 22 juin 2007, lot 73 ; vente Paris, hôtel Drouot, Piasa, 17 décembre 2008, lot 71 ; vente Drouot, Piasa, 17 décembre, 2010, lot 221).
- 2. Huile sur toile d’après Rigaud. H. 146 ; L. 112. Versailles, musée national du château. Inv. 7561, MV3767, B 2211. Voir Constans, 1995, II, p. 761, n°4293.
- 3. Huile sur toile d’après Rigaud (avec cordon de l’Ordre du Saint-Esprit). H. 137 ; L. 111. Versailles, musée national du château. Inv. 7562, MV4408, B 2148. Voir Constans, 1995, II, p. 763, n°4305. En dépôt au Conseil d’État.
- 4. Huile sur toile ovale d’après Rigaud. H. 62 ; L. 49. Vente Paris, Hôtel Dassault (Artcurial), 11 décembre 2007, lot 568 ; vente Paris, hôtel Drouot (étude Rieunier), 11 juin 2008, lot 29, repr. p. 16 du catalogue.
- 5. Gravé par Bernard Lépicié en 1737, « grande et belle estampe exécutée avec goût » (selon Portalis) sans la croix de l’ordre du Saint-Esprit. Il existe deux états dont un, avant toute lettre. Un exemplaire conservé dans une collection privée porte la lettre écrite à la main de même que le billet « Au Roy » que tient le modèle. Les armes ont été également dessinées à la plume. De part et d’autre d’une composition aux armes : « Messire Philbert – Orry Ministre et / Conseiller d’Etat, Contrôleur – General des Finances, / et Directeur General des – Batiments du Roy ». Sous le trait carré, respectivement à gauche et à droite : « Peint par Hyacinthe Rigaud Ecuyer Chevalier de l’Ordre de St. Michel. – Gravé par Lépicié 1737 ». H. 52 ; L. 38 .
- 6. Huile sur toile d'après Rigaud et Lapenaye, H. 69 ; L. 51. Vente Paris, Artemisia Auction, 6 novembre 2013, lot. 122.
Descriptif :
Les liens qui unirent Rigaud au ministre Philibert Orry, né à Troyes le 22 janvier 1689, sont attestés par la production de ce splendide portrait et par l’aide financière d’Orry envers un peintre vieillissant. Fils de Jean Orry (1652-1719), seigneur de Vignory et de Jeanne Esmonin, Philibert est l’héritier d’une fortune familiale assez considérable. Cornette d’un régiment de cavalerie dans sa jeunesse, il devient conseiller au Parlement de Paris, maître des requêtes (en 1715), intendant à Soissons (1722), puis à Perpignan (1727) et enfin à Lille (1730).
Le 20 mars de cette même année 1730, il accède au Contrôle général sur recommandation du cardinal de Fleury, succédant à Le Pelletier des Forts. Orry accède ensuite au rang de ministre d’État le 11 novembre 1736 et entre au Conseil d’en haut. Un an plus tard, en 1737, il est nommé directeur des Bâtiments, des Arts et des Manufactures du roi. Grâce à ce poste, il ajoute une aile au château de Versailles, rétablit au Louvre les expositions annuelles de peinture et de sculpture, suspendues par Louis XIV dès 1704, et protège activement le peintre Charles-Joseph Natoire (1700-1777), qu’il nomme directeur de l’Académie de France à Rome. Le 5 décembre 1745, Orry doit démissionner sous l’influence de la marquise de Pompadour. Il se retira sans enfants, près de Méry-sur-Seine (Aube), dans son château de La Chapelle, où il mourut deux ans plus tard, le 9 novembre 1747.
Alors que Rigaud exposa son portrait d’Orry au salon de 1738, Maurice Quentin de La Tour exposait le sien en 1745[1]. Les deux œuvres, si elles restent de techniques différentes, ne sont pas si éloignées l’une de l’autre. En effet, fidèle à lui-même, Rigaud présente Orry dans un environnement palatial, le sourire aux lèvres, fier de sa position, les mains appuyées sur un livre, lui-même posé sur une table d’une grande richesse. Si La Tour opte pour une position plus décontractée, il représente néanmoins Orry à l’ancienne, vêtu d’un habit passé de mode et d’une perruque plus en rapport avec le début du règne de Louis XV. On retrouve ici le livre, les drapés savants, le rideau de fond, le fauteuil… autant d’éléments récurent de l’art de Rigaud. Mais cet exemple n’est pas le seul lien qui liait La Tour à Rigaud ; le jeune pastelliste sachant le cas échéant s’inspirer des prototypes de son aîné et lui rendre ainsi hommage. Peut-être même Orry a-t-il guidé La Tour dans son choix de représentation…
Le 22 mars 1743, Rigaud écrira à Orry une longue lettre dans laquelle il expose ses doléances financières[2] : « Toutes les preuves de bonté que j’ay reçu de vous me portent à vous demander la grâce de les augmenter s’il est possible, par celle que je vous supplie d’y mettre par surcroît. Le sujet qui m’y porte est le malheur qui vient de m’accabler par la perte que je viens de faire de ma femme, parce qu’en la perdant, je perd seize cent livres de rentes viagères que j’avois mis sur sa tête au ca qu’elle me survécut […] ». Orry inscrira sur le haut de la lettre qu’eu égard aux circonstances présentes seulement 1000 livres de pensions lui sont accordées[3]
[1] Pastel sur papier marouflé sur toile. H. 124,5 ; L. 98. Paris, musée du Louvre, inv. 27.613.
[2] Mercure de France, XLIX, 1904.
[3] Boislisle, 1875.