P.1385
Âge du modèle : 17 ans
Huile sur toile
H. 81 ; L. 66.
Collection particulière
Sign. v° : « fait par Hyacinthe Rigaud 1734 ».
Historique :
Paiement inscrit aux livres de comptes en 1733 pour 600 livres (ms. 624, f° 44 v° : « M[ada]me de la Régnière [rajout :] buste avec une main attitude répétée ») ; collection Mazade-Grimod de La Reynière ; collection Charles de Masso, Marquis de La Ferriére (1717–1773), second époux de la modèle, en sa demeure rue Neuve-des-Petits-Champs à Paris, Peut-être le portrait « reprèsentant Mad[am]e Mazade peint sur toile dans sa chambre de bois doré » prisé dans la chambre à coucher du marquis comme étant portrait de famille prisé lors de l'inventaire après décès de la défunte (AN, ét. 35, liasse 775, fol. 63 r°) ; par descendance ; vente Cheverny, Rouillac, 6 juin 1999, lot 21 ; vente New York, Christie’s, 27 janvier 2000, lot 66 ; Londres, collection particulière ; vente Londres, Sotheby's, 27 juin 2024, lot. 208.
Bibliographie :
Roman, 1919, p. 209 ; Perreau, 2004, p. 177 ; Salmon, 2004, p. 162-163 ; Perreau, 2013, cat. P.1385, p. 288-289 ; James-Sarazin, 2016, II, cat. P.1468, p. 514.
Descriptif :
Marie-Madeleine Mazade (1716-1773), fille de Laurent Mazade [P.1377] et de Thérèse Des Queux est représentée ici à l’âge de 18 ans, un an après son mariage avec Jean-Antoine-Gaspard Grimod de la Régnière [*P.1390]. Ce dernier, en 1722, prit la charge de fermier général qu’il avait rachetée à son beau-frère Jean Le Juge. La sœur de celui-ci, Marguerite Le Juge, mère de Gaspard, disparut au terme d’une très longue vie, à 104 ans. Gaspard s’était marié en premières noces à Marie-Anne-Jeanne Labbé, qui mourut en 1730. À la mort de Laurent Mazade, Gaspard et son épouse avaient encore hérité de biens d’une valeur équivalente à 630 000 livres. Ainsi, en 1740, ils achetèrent la propriété, terre et seigneurie de Clichy-la-Garenne pour 240 000 livres. Six ans plus tard, c’est le fief de Monceaux et celui de Liancourt qu’ils acquirent pour 14 000 livres. Enfin, en 1747, ils devinrent propriétaires d’un hôtel et de ses dépendances situés rue des Petits-Champs, vis-à-vis de la rue des Bons-Enfants, le tout pour 300 000 livres. Gaspard mourut en 1754 à la tête d’une immense fortune, avec une masse successorale d’une valeur de 14 millions de livres. Parmi les objets précieux de son inventaire, on note bijoux et porcelaines de Saxe.
Le pastelliste Jean Valade est requis alors pour faire la prisée des quelque dix tableaux que possédait le défunt : à la différence de son fils et de son frère Grimod du Fort, qui commanda à Natoire une série de peintures d’histoire, Gaspard n’attachait que peu d’intérêt à cet art. Ajoutons que Marie-Madeleine et son époux s’étaient fait portraiturer par Maurice Quentin de La Tour (1704-1788) et que leurs effigies furent présentées au Salon de 1751[1]. Elle avait également été figurée aux côtés de sa mère dans un très joli pastel peint par Charles Antoine Coypel, et proposé à la vente en même temps que son portrait par Rigaud2.
Marie-Madeleine Mazade se remariera avec Charles de Masso, marquis de La Ferrière, le 25 février 1756. À la mort de son épouse, le 23 février 1773, le marquis de La ferrière était qualifié de lieutenant général des armées du roi, ancien lieutenant des gardes du corps du roi, sénéchal de Lyon et de la province du Lyonnois. Il pourra à son tour quelques mois plus tard, le 23 mai de la même année.
Le musée d’Orléans possède dans ses collections un dessin singeant l’attitude de ce portrait, avec quelques variantes fantaisistes (mine de plomb, pierre noire, gouache sur papier bleu, suiveur de Rigaud, H. 30,2 L. 25. Inscr. : « Rigaud ». Orléans, musée des Beaux-arts. Inv. 1063.2B. Anc. coll. Fourché. Voir catalogue des dessins du musée, Orléans, 1953, n° 100, p. 34). Par ailleurs, la vente de la collection Dezallier d’Argenville en 1779 mentionne au numéro 410 un dessin : « portrait de femme tenant un masque », sans doute une posture similaire.
[1] Aujourd’hui dans une collection particulière, une version du portrait de Gaspard au musée Antoine-Lecuyer à Saint-Quentin ; voir A. Besnard et G. Wildenstein, Quentin de La Tour, Paris, 1928, nos 171 à 176, fig. 31-33.
2. Pastel H. 12,5 ; L. 88,5. Vente Rouillac, Cheverny, 6 juin 1999, lot. 20. Voir Thierry Lefrançois, Charles Coypel, Paris, 1994, n° 155-156