HÉRAULT DE GOURVILLE Jean

Catégorie: Portraits
Année : 1703

 

PC.797

Âge du modèle : 78 ans

Huile sur toile
H. 92 ; L. 73,5.
Collection particulière.

Historique :

Paiement inscrit aux livres de comptes en 1703 pour 300 livres (ms. 624, f° 21 : « M[onsieu]r de Gourville de m[onsieu]r Le Prince [rajout :] habillem[en]t copié retouché ») ; Roman signalait l’original en 1850 dans les collections du général d’Espinoy [n°854 du catalogue de la vente du comte, p. 362, H. 90 ; L. 73. : « Habile financier. Le costume, d'un ton riche, fait parfaitement valoir la physionnomie animée et souriante de ce personnage »] ; vente Paris, hôtel Drouot, Ferri, 28 mai 1982, lot 265 [=Guillaume de Lamoignon âgé] ; vente Paris, hôtel Drouot, Ferri, 3-4 novembre 1983, lot. 80 ; château de Courson, 1991.

Bibliographie :

Hulst/3, p. 183 ; Roman, 1919, p. 101 [loc. inc.], 104, 106, 112 ; Weigert, IV, 1961, n° 323, p. 57 ; Perreau, 2013, cat. PC.797, p. 178 (tableau en collection particulière) ; James-Sarazin, 2016, cat. *P.822, p. 279. (2003/2, cat. I, n°685, localisation du tableau inconnue).

Œuvres en rapport :

  • 1. Gravé par Gérard Edelinck en 1705 (annotation manuscrite au bas de l’estampe), « buste sans mains, grandeur d’un volume in-8° ». Sous l’ovale de pierre, de part et d’autre d’une composition aux armes : « Peint par Hiac. Rigaud - Gravé par le chevalier Edelinck. Dans le socle, la lettre suivante : Jean Hérauld / Seign[eu]r. De Gourville Con[seill]er. D’Estat etc. ».

Copies et travaux :

  • 1703 : « Une [copie] de Mons[ieu]r De Gourville de m[onsieu]r Le Prince » pour 75 livres (ms. 624, f°22). Sans doute celle faite par Leprieur la même année.
  • 1703 : Leprieur est rétribué 20 livres pour une « copie de m[onsieu]r de gourville » (ms. 1625, f°15). Il reçoit également 10 livres pour avoir fait « Lhabit de m[onsieu]r de gourville » (ms. 625, f°15 v°).
  • 1704 : Delaunay reçoit 5 livres pour « un habit de m[onsieu]r de gourville » (ms. 625, f°17 v°).

Descriptif :

La vie rocambolesque de Jean Hérault (1625-1703), Seigneur de Gourville, baron de Saint-Maur (1678), conseiller d’Etat, attaché à la maison de Condé est assez bien connue. Fils d’un marchand, il devient dès 1643, valet de chambre de l’abbé de La Rochefoucauld, puis secrétaire de François VI (1613-1680), duc de La Rochefoucauld, prince de Marcillac, gouverneur du Poitou, le futur auteur des Maximes. Passé dans le giron de la maison du roi, il est nommé intendant de l’armée de Catalogne que commande le prince de Conti (1655), déplaît à Mazarin (ce qui le mène à la Bastille pour six mois) et se rapproche de l’intendant Fouquet. Très avisé, il acquiert le petit hôtel de Guénégaud (1655) ainsi que la terre de Gourville (1660). Entraîné dans la chute de Fouquet, il se réfugie en Bourgogne, et le 7 avril 1663, se voit condamné à la pendaison et à la confiscation de ses biens par contumace pour péculat et concussion. S’exilant pour cinq ans à Bruxelles, il est chargé de missions officielles auprès des ducs de Brunswick et de Hanovre (1668), rentre secrètement à Paris, passe chez le prince de Condé à Chantilly, et intrigue pour obtenir les faveurs de Colbert. Ses talents diplomatiques lui font finalement rentrer en grâce dès le 30 janvier 1694. Immensément riche, il est un familier de l’hôtel de Condé à Paris et, alors qu’il s’apprête à rendre visite à Rigaud, entame la rédaction de ses célèbres Mémoires (1702). Après avoir été l’un ses soupirants de la belle Ninon de Lenclos (1620-1705), il épouse secrètement, vers 1680, Marie-Catherine de La Rochefoucauld (1637-1711), fille de l’auteur des Maximes et d’Andrée de Vivonne, dame de La Châtaigneraie. Saint-Simon nous livre un portrait fort réaliste de notre modèle[1] :

« Gourville, par son esprit, son grand sens, les amis considérables qu’il s’était faits, était devenu un personnage ; l’intimité des ministres l’y maintint, celle de M. Foucquet l’enrichit à l’excès. L’autorité qu’il acquit et qu’il se conserva à l’hôtel de Condé, où il était plus maître de tout que les deux princes de Condé qui eurent en lui toute leur confiance, tout cela ensemble le soutint toujours dans une véritable considération. Il n’oublia pas en aucun temps qu’il devait tout à M. de La Rochefoucauld, ni ce qu’il avait été en sa jeunesse, et quoique naturellement assez brutal, il ne se méconnut jamais ; quoique mêlé toute sa vie avec la plus illustre compagnie. Le roi même le traitait toujours avec distinction. Ce qui est prodigieux, il avait secrètement épousé une des trois sœurs de M. de La Rochefoucauld ; il était continuellement chez elle à l’hôtel de La Rochefoucauld, mais toujours, et avec elle-même, en ancien domestique de la maison. M. de La Rochefoucauld et toute sa famille le savaient, et presque tout le monde ; mais, à les voir, on ne s’en serait jamais aperçu […]. C’était un fort grand et gros homme qui avait été bien fait et qui conserva sa bonne mine, une santé parfaite, sa tête entière jusqu’à la fin ».

Les 300 livres exigées par Rigaud pour le portrait de Gourville sous-entendent une représentation à mi-corps dont la gravure d’Edelinck ne nous donne qu’une idée tronquée. Le portrait était, jusqu'en 2013, non identifié et non localisé.


[1] Mémoires, II, p. 334.

 

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Autoportrait de Hyacinthe Rigaud. Coll. musée d’art Hyacinthe Rigaud / Ville de Perpignan © Pascale Marchesan / Service photo ville de Perpignan