P.264
Âge du modèle : 55 ans
Huile sur toile
H. 116 ; L. 91.
Berlin, Schloss Charlottenburg. Inv. GKI 2625
Historique :
Mention rajoutée aux livres de comptes par Hulst mais sans prix (ms. 624, f° 7 : « M[onsieur] de la Fosse ») ; salon de 1704 (« M. de La Fosse, ancien directeur et recteur ») ; Inventaire après décès de La Fosse (« Et à l’égard du portrait dudit deffunt sieur de La Fosse estant dans la salle de l’appartement de ladite dame peint par le sieur Rigault, il n’a pas esté inventorié ») ; ancienne collection Charlottenburg dès 1773.
Expositions :
Berlin, 1962, p. 35f, n°82.
Bibliographie :
Hulst/2, p. 153 ; Hulst/3, p. 173 ; Guiffrey, 1869, p. 40 ; Roman, 1919, p. 28 ; O’Neill 1984/1, p. 678, 681 ; Brême, 2000, n° 39-40, p. 66-67 ; James-Sarazin, 2003/1, p. 304-305 ; Perreau, 2004, p. 18 ; Rosenberg et Mandrella, 2005, n° 952, p. 164-165 ; Delaplanche, 2006, note 117, p. 38 ; Gustin-Gomez, 2006, I, p. 87 et II, cat. I.3, p. 347, cat. I.6, p. 348, cat. I.9, 10, 11, p. 349 ; Perreau, « Quand Hyacinthe Rigaud peint son ami Charles de La Fosse » [en ligne], 8 juin 2011, www.hyacinthe-rigaud.over-blog.com ; Brême & Lanoe, 2013, p. 81 ; Perreau, 2013, cat. P.264, p. 94-95 ; James-Sarazin, 2016, cat. P.265, p. 93-94 (2003, cat. I, n°26) ; Perreau, « Monsieur de La Fosse peintre du roi dessiné par Monsieur Rigaud », [en ligne], 26 février 2016, http://hyacinthe-rigaud.over-blog.com/2017/02/charles-de-la-fosse-un-nouveau-dessin-inedit-d-hyacinthe-rigaud.html ; James-Sarazin, 2016, II, cat. P.265, p. 93 (2003/2, cat. I, n°26).
Œuvres en rapport :
- 1. Huile sur toile, suiveur de Rigaud (var.), H. 99 ; L. 81. Collection particulière. Vente Paris, hôtel Drouot (Tajan), lot. 35 (non reproduit) ; vente château de Neuville (Joron-Derem), 21 septembre 2008, lot 171 (H. 97 ; L. 80.), repr. Reprise de la toile de Berlin, avec quelques variantes. La toile sur le chevalet a disparu au profit d’une colonne annelée. Le visage accuse certaines maladresses, notamment dans le rendu du menton.
- 2. Sanguine, H. 25,7 ; L. 20,3 ; H. 21,3 cm (irrégulier). Signé en bas à gauche : « Rigaud ». Stuttgart, Staatsgalerie, Graphische Sammlung. Inv. 1888 (fonds ancien) ; Voir O’Neill, 1984/1, p. 681, repr. p. 678, fig. 22 ; James-Sarasin, 1997, p. 184 ; Brême, 2000, p. 10, cat. 39, p. 66 ; James-Sarazin (1999) 2003, p. 304, note 21, repr. p. 305, fig. 3 ; Clémentine Gustin-Gomez, 2007, I, p. 87 repr. & II, cat. I. 6, p. 348. Exp. : Stuttgart 1984, cat. p. 259, repr. p. 274.
- 3a. Gravé par Gaspard Duchange en 1707 pour sa réception à l’Académie, buste sans mains « mais accomodé de goût par Rigaud pour être mis en estampe, avec une palette et des pinceaux sur le rebord d’architecture qui forme une espèce de fenêtre. Les qualités qui, en cette inscription, sont données à la Fosse sont celles qu’il possédoit en 1707 ». Avec la lettre suivante : « CHARLES DE LA FOSSE / Peintre ordinaire du Roy, Ancien Directeur et Recteur en son / Académie Royale / Peint par Hyacinthe Rigaud – Gravé par Duchange pour sa Réception à l’Académie en 1707. » Deux états connus. H. 35,5 ; L. 25. Voir Gustin-Gomez, 2006, II, cat. I.9, p. 349.
- 3b. Gravé par Dominique Sornique en 1738 selon Hulst, dans un ovale de pierre surmontant un cartouche, « buste comme le précédent, mais où l’on a retranché les accompagnements extérieurs. L’estampe de la grandeur de celles de la collection d’Odieuvre dont elle fait partie » : « CHARLES DE LA FOSSE / DE L’ACADEMIE DE PEINTURE / Né à Paris, mort le xbre 1716. Agé de près de 80 ans. » Sous le modèle, respectivement à gauche et à droite : « H. Rigaud Pinx - D. Sornique Sculp. » H. 8 ; L. 6,5. Voir Gustin-Gomez, 2006, II, cat. I.10, p. 349.
- 4. Gravé par Anthony Walker (1726-1765) dans le même sens que le tableau. « CHARLES DE LA FOSSE – A. Walker sculpt. » H. 17,7 ; L. 11,9. Voir Gustin-Gomez, 2006, II, cat. I.11, p. 349.
- 5. Pierre noire, lavis, estompe et rehauts de craie blanche sur papier bistre. H. 37 ; L. 28,5. Inscription au bas de la feuille dans un encart, sous le trait carré : « Portrait de M[onsieu]r de la Fosse Peintre du Roy dessiné par M[onsieu]r Rigaud et sur lequel il a / été gravé par Drevet [sic] ». Ancienne collection du peintre Noël Hallé (1711-1781) ; sa veuve, Genevièvre Lorry (1733-1807) ; donné à son fils, le médecin Jean Noel Hallé (1754-1822) ; décrit dans son contrat son contrat mariage daté du 7 avril 1785 (Arch. Nat. Minutier Central, 882) auquel est annexé un Etat des tableaux donnés par Madame Hallé à M. son fils, lequel état sera annexé à la minute du contrat de mariage de M. Hallé et de Mlle Marchand. Il y est décrit comme « un dessin superbe encadré. C’est le portrait de M. Delafosse, peintre ». Collection privée ; Vente Paris, Daguerre, 21 mars 2017, lot. 19. Gustin-Gomez émettait l'hypothèse que la sanguine de Stuttgart aurait pu correspondre au dessin de la collection Hallé mais la réapparition de la feuille vendue en 2017 contredit désormais cette thèse.
Descriptif :
Cette nouvelle effigie du peintre Charles de La Fosse (1636-1716), dont Rigaud avait peint un buste ovale dès 1682 [P.32], compte parmi les plus importante du peintre catalan, mentionné dans l’inventaire après décès du modèle. On ne rappellera pas ici l’amitié qui unissait les deux artistes au point que, selon Huslt, Rigaud fit présent de son portrait au modèle. Par son exposition au salon de 1704, le tableau éclipsa rapidement le premier, plus ancien, et plus conventionnel. Ici, Rigaud se fait fin psychologue, artiste délié, souple et virtuose. L’effigie de Berlin présente le peintre à mi-corps, dans une pose décontractée, vêtu d’un ample manteau sombre, le visage tourné vers la droite et le regard perdu à l’extérieur de la composition.
Le dessin est sans doute préparatoire à la gravure de Gaspard Duchange (1682-1757), que ce dernier présenta comme pièce de réception le 30 mai 1707 à l’Académie. Brême suggère que la feuille est un témoignage des premières idées de l’artiste, jetées sur le papier d’après le portrait de Berlin. Pour sa part, Mme James-Sarazin voit ici « l’ajustement du portrait de Charles de La Fosse pour la gravure » ; travail que Rigaud aurait rapidement brossé d’après la toile actuellement conservée à Berlin mais en simulant l’ovale de l’estampe, en modifiant le manteau terminé ici par un drapé sortant du cadre et en esquissant la palette qui apparaît en bas à gauche. Pour notre part, compte tenu de l’aspect un peu gauche du drapé et des effets de lumière peu dignes du degré de perfection habituel du maître dans ses feuilles connues, il nous semble plus logique d’imaginer que ce travail fut réalisé par Duchange lui-même soit d’après la toile ou, plus probablement, d’après un dessin beaucoup plus achevé de Rigaud. Il reste encore difficile aujourd’hui d’attribuer de manière irréfutable au catalan ces rares témoignages de portraits brossés à l’esquisse, tant leurs exemples sont peu nombreux. La description du dessin de l'ancienne collection Hallé semble attester de l'existence d'un autre dessin, bien plus abouti mais qui n'a pas encore été retrouvé.
Hulst décrit l’estampe de Duchange comme un buste sans mains « mais accomodé de goût par Rigaud pour être mis en estampe, avec une palette et des pinceaux sur le rebord d’architecture qui forme une espèce de fenêtre. Les qualités qui, en cette inscription, sont données à la Fosse sont celles qu’il possédoit en 1707 ». Dans un ovale de pierre surmontant un cartouche, Sornique a gravé un « buste comme le précédent, mais où l’on a retranché les accompagnements extérieurs. L’estampe de la grandeur de celles de la collection d’Odieuvre dont elle fait partie ».