DESJARDINS Martin van den Bogaert dit

Année : 1686

 

P.sup. 7

Âge du modèle : 49 ans

Huile sur toile
H. 118 ; L. 92
Collection particulière

Historique :

Paiement absent des livres de comptes ; confectionné vers 1686 et resté inachevé ; collection Hyacinthe Rigaud en 1743 ; Peut-être le portrait de Mr Des Jardains que Rigaud décrit dans l’inventaire de sa collection collection personnalle en 1703 et qu’il estime à 500 livres [1] ; Peut-être le même décrit que l'artiste lègue dans son testament de 1715 au fils de son modèle, Jacques Desjardins (v.. 1664-1716), alors contrôleur des Bâtiments du roi à Marly. L'œuvre est décrite un portrait en grand à deux mains, dans sa bordure, appuyé sur une tête d’esclave, de M. Desjardins, son père, célèbre sculpteur et son ancien amy, duquel ledit sieur Rigaud avoit fait ce portrait, dont il croit ne pouvoir faire un meilleur usage que de le faire remettre audit sieur son fils qui doit être le dépositaire du gage de la sincère amitié qui étoit entre’eux, le priant de donner ses soins à ce que ce portrait ne passe point en main étrangère [2] ; tableau resté en la propriété de Rigaud par la mort de Jacaues Desjardins en 1716 ; IAD Rigaud, n° 390 (« un grand tableau, peint sur toile, Portrait de M. Desjardins, sculteur du roy, dans sa bordure dorée, numéroté cent trente deux, prisé la somme de quarante livres ») ; Peut-être le portrait appartenant au marchand orfère parisien Pierre Neuve, et de son épouse Geneviève Élisabeth Collet, peintre de l’Académie de Saint-Luc. Devenue veuve, elle vendit le tableau à son confrère Pierre Villebois, maître peintre, lequel apparait en annexe du contrat de mariage de Villebois avec Geneviève Hamoche en 1750 (« portrait de M. Desjardins, par M. Rigaud » [3] ; Vente Versailles, hôtel des Chevau-Légers, Paul Martin, 10 mars 1963, lot 41, repr. (attribué à Rigaud, Portrait d'Antoine Coysevox) ; Suisse, collection particulière, 1963-2017 ; Paris, Galerie Didier Aaron en 2018 ; collection particulière.

Bibliographie :

Perreau, 2013, cat. P.47, p. 67-68 et partie du cat. P. 655, p. 154 ; James-Sarazin, Hyacinthe Rigaud (1659-1743), Dijon, Editions Faton, 2016, tome II : Le catalogue raisonné, catalogué sous le n° P.52, p. 31, repr. ; James-Sarazin, « Au meilleur des amis, Martin Desjardins : un nouveau chef-d'œuvre du jeune Rigaud », en ligne,  5 mars 2018, www.hyacinthe-rigaud.fr, consulé le 6 mars 2018.

Descriptif :

Pour la biographie et la carrière du sculpteur français Martin van den Bogaert, dit Desjardins (1637-1694), client privilégié de Rigaud et surtout l’un de ses proches amis, on renverra le lecteur à la notice de son premier portrait connu, peint en 1683

On savait Desjardins peint à trois reprises par Rigaud : en 1683 donc, en 1692 [P.306] puis en 1700 [P.655]. Dans chacun de ses morceaux, Desjardins met en scène l'un de ses chantiers les plus glorieux : la statue et les décors de gloupe sculpté destiné à orner le centre de la place des Victoires à Paris. En 1683,encore assez intimiste, le portrait privilégiait les tons sombres et un éclairage diffus hérité des peintres nordiques que l'artiste admirait tant. La composition présente le modèle devant le monument commémorant la paix de Nimègue et qui fut érigé place des Victoires à Paris ; le sculpteur posant ostansiblement la main sur la tête d’un des captifs de bronze qui ornaient le piédestal du monument (Paris, musée du Louvre).

La réapparition du présent portrait, resté inachevé, est un véritable apport à la connaissance des techniques de l'artiste dans les dernières années du XVIIe siècle. L'utilisation des couleurs lie de vin pour le rideau, des camaïeu de noir à larges plis pour le manteau, attestent des artifices dont aimait RIgaud à parer ses portraits. Mais la principale différence se remarque dans le groupe sculpté qui apparaît en fond du tableau, à droite, comme l'indique Ariane James-Sarazin dans son article de 2018 :

« On peut [...] observer que, contrairement au tableau de 1683, l’espace séparant deux figures de captifs dans le monument de la place des Victoires     est ici occupé par des trophées d’armes et que le piédestal comporte en son centre un tondo sommé de festons de lauriers qui retombent de chaque côté. Or trophées et tondi ne faisaient pas partie du programme initial (1682-1683) confié par le duc de La Feuillade, courtisan éperdu d’admiration pour son roi, au sculpteur Martin Desjardins, mais firent l’objet d’une commande spécifique en 1685. En outre, tandis que Rigaud situe en 1683 la statue de Louis XIV dans une sorte de terrain vague arboré, seulement dominé par une colonnade monumentale de pure fantaisie, il l’entoure ici d’un écrin d’architecture, traitée d’un pinceau moins appuyé que le monument lui-même, ce qui lui donne l’aspect d’un décor de fond de scène. Or l’on sait par le récit de Donneau de Vizé paru dans Le Mercure galant qu’au jour de l’inauguration officielle de la place, le 28 mars 1686, seuls la statue de Desjardins et l’un des quatre fanaux de Jean Bérain avaient été érigés, les hôtels tout autour, non encore achevés, ayant été suggérés par des façades feintes. Notons d’ailleurs que Rigaud, toujours exact dans ses évocations, retranscrit assez fidèlement l’élévation conçue en 1685 par Hardouin-Mansart faite d’un soubassement de grandes arcades en plein-cintre abritant des baies couvertes en segment d’arc et posées sur une haute allège, dans un léger renfoncement, puis de deux étages réunis par un ordre colossal, mais n’adopte pas le comble brisé à lucarnes qui sera finalement choisi, sans que l’on puisse dire si cette différence de parti était conforme aux façades feintes mises en place pour l’inauguration ou si elle est le fruit de l’imagination du peintre. »

 


 1. Paris, Arch. nat., ét. XCV, liasse 51, 17 mai 1703, contrat de mariage entre Hyacinthe Rigaud et Marie Catherine Chastillon, Tableaux de mes ouvrages sur le pied du prix ordinaire, document édité par Jules Guiffrey, « Contrat de mariage et testament du peintre Hyacinthe Rigaud…», Nouvelles archives de l’art français, 1891, t. 7, p. 50-74.

2. Paris, Arch. nat., ét. XCV, liasse 63, 28 juillet 1715, testament de Hyacinthe Rigaud, document édité par Jules Guiffrey, « Contrat de mariage et testament du peintre Hyacinthe Rigaud…», Nouvelles archives de l’art français, 1891, t. 7, p. 50-74). 

3. Paris, Arch. nat., ét. IV, liasse 565, 3 février 1750, Voir Mireille Rambaud, Documents du Minutier central concernant l’histoire de l’art (1700-1750), Paris, 1971, p. 398-399 et p. 945-947).

Localisation de l´œuvre :

Versailles, musée du château

Autoportrait de Hyacinthe Rigaud. Coll. musée d’art Hyacinthe Rigaud / Ville de Perpignan © Pascale Marchesan / Service photo ville de Perpignan