LAMOIGNON DE BLANCMESNIL Guillaume de

Catégorie: Portraits
Année : 1716

 

P.1254

Âge du modèle : 33 ans

Huile sur toile.
H. 137 ; L. 111 cm.
Collection particulière.

Historique :

Paiement inscrit aux livres de comptes en 1716 pour 1000 livres (ms. 624, f° 38 (« M[onsieu]r de Blancmeny [rajout : Mesnil] de la moignon ») ; anc. château de Malesherbes ; Paris, collection Nicolaÿ.

Bibliographie :

Roman, 1919, p. 181 ; Trope, 1993, p. 103-107, 166 ; Deschodt, 1990, p. 99 ; Perreau, 2004, p. 190 ; Perreau, 2013, cat. P.1254, p. 252-253 ; James-Sarazin, 2016, II, cat. P.1322, p. 446-447.

Œuvres en rapport :

  • 1. Huile sur toile d’après Rigaud, H. 135 ; L. 106 cm. Château de Combourg (coll. Lamoignon-Chateaubriand ; coll. Comtesse de la Tour du Pin).
  • 2. Huile sur toile, suiveur de Rigaud, H. 140 ; L. 106 cm. Château de Méry-sur-Oise. (ancienne collection Lamoignon-Ségur).
  • 3. Huile sur toile, suiveur de Rigaud, H. 58 ; L. 47 cm. Collection particulière (vente Paris, hôtel Drouot, Libert, 4 décembre 2002, lot 49).
  • 4. Gravé en buste, en contrepartie par un anonyme. Dans la bordure de l’ovale : « Guillielmus Christianus de Lamoignon. Galliae Cancellarius ».

Descriptif :

Guillaume de Lamoignon de Blancmesnil (1683-1772), seigneur de Malesherbes, fut premier président à la cour des Aydes de 1746 à 1749, puis chancelier de France du 9 décembre 1750 au 14 septembre 1768. Il avait épousé en premières noces (1711), Marie-Louise d’Aligre, qui devait mourir trois ans plus tard, lui ayant donné deux enfants, le premier mort-né, le second décédé en 1719, à l’âge de sept ans, un an après l’achat du château de Malesherbes. Lamoignon se remarie en 1715 avec Anne-Élisabeth Roujault dont Rigaud peint l’effigie en 1730. Le couple aura sept enfants et notamment le célèbre membre de l’Académie des Sciences, Chrétien-Guillaume (1721-1794). Notre modèle fut avocat général au Parlement de Paris ce que confirme le vêtement qu’il arbore dans son portrait. Le 20 décembre 1723, il devenait président à mortier. Ce haut magistrat avait, dit l’abbé Michel Gand, « des manières graves et lentes qui déplurent à la cour. Il était dévot et, dans un siècle où l’incroyance tenait le haut du pavé au sein des milieux éclairés, ce caractère attirait plutôt l’inimitié ». Blancmesnil, juge d’Argenson dans son Journal, « est un bon magistrat, peu éclairé et de courtes lumières, gros ventre, grand appétit, très ami des Jésuites. Il ne s’est point attiré d’ennemis dans les places qu’il a remplies, et s’est fait plusieurs amis tout rondement, comme il est rond lui-même ». Besenval en écrit quant à lui : « Blancmesnil est d’une figure agréable, d’un maintien, d’un abord ouvert et facile, d’une affabilité prévenante ; il parle avec aisance d’une manière claire et concise. Son caractère est ferme et sans dureté. Il a toujours mené la vie d’un magistrat, se renfermant dans le sein de sa famille et dans les devoirs de son état dont il connaît à fond l’esprit et le régime ».Son intégrité fit dire à Louis XIV, lorsqu’il le nomma président : « Si j’avais connu un plus homme de bien que vous et un plus digne sujet, je l’aurai choisi ». Il habita l’hôtel d’Angoulême (actuelle bibliothèque historique de la Ville de Paris, rue des Francs-Bourgeois) jusqu’à sa nomination pour la Chancellerie.

La somme de 1000 livres correspond bien à la composition assez classique imaginée par Rigaud dans laquelle il figure le haut magistrat dans toute la pompe de sa fonction, ici celle d’avocat général. Déjà, dans les années 1709, Hyacinthe Rigaud avait donné toute la mesure de son talent à peindre ce type d’hommes de loi à l’instar du portrait d’Arnaud de Labriffe, du conseiller d’El Paso ou du président à mortier, Pierre de Bérulle. Si Lamoignon est également représenté assis, tenant un livre et des gants, dans un intérieur relativement sobre, son habillement est très proche de la petite étude vendue chez Christie’s en 1998. La belle version, anciennement au château de Malesherbes, semble avoir appartenu à la sœur de notre modèle, Françoise-Élisabeth, mariée au marquis de Goussainville, Jean-Aymar de Nicolay, autre modèle de Rigaud. Celle du château de Combourg, demeure des Chateaubriand, provient très probablement de l’arrière petite-fille de Guillaume de Lamoignon, Aline Thérèse (1771-1794) qui épousa Jean-Baptiste de Chateaubriand (1759-1794). Comme pour le portrait d’Henri-François d’Aguesseau par Robert Levrac de Tournières, le peintre Jean Valade (1710-1787) copia sans vergogne les traits de Lamoignon fixés par Rigaud pour son propre portrait du chancelier (localisation inconnue, connu par la gravure de Nicolas-Gabriel Dupuis). D'ailleurs, la version du château de Méry, dans la galerie de portraits décorée par les Ségur est présentée en face de la version Blancmesnil faite par Jean Valade d’après Rigaud. On mentionnera un portrait d’avocat général très proche de la vêture de Lamoignon, mais nettement d’un suiveur de Rigaud (Huile sur toile, H. 40 ; L. 30 cm. Ancienne collection T. Aubanel ; vente Monaco, Christie’s, 12 décembre 1998, lot 36. Voir Perreau, 2004, p. 95).

Les Lamoignon, par leurs alliances, furent des clients privilégiés de Rigaud. Rappelons que l’artiste peignit également Laurent Mazade, rattaché par mariage au fils de Guillaume, mais aussi certains membres de la famille de Broglie qui entrèrent dans la famille grâce à la tante de Guillaume, Marie (1645-1733), laquelle avait épousé Victor-Maurice de Broglie, frère du comte de Revel et futur père de François-Marie.

Poser une question à propos de cette oeuvre
Autoportrait de Hyacinthe Rigaud. Coll. musée d’art Hyacinthe Rigaud / Ville de Perpignan © Pascale Marchesan / Service photo ville de Perpignan