P.594
Autoportrait dit « au turban »
Âge du modèle : 39 ans
Huile sur toile
H. 83 ; L. 66.
Perpignan, musée Hyacinthe Rigaud. Inv. D. 53.1.1.
Historique :
Absent des livres de comptes de l’artiste ; salon de 1704 (« Son portrait par lui ») ; probablement collection Rigaud ; legs par l’artiste à l’Académie Royale de peinture et de sculpture en 1743 ; collection duchesse de Berry ; attribution à la Direction des musées de France par la commission de choix des œuvres d’art de la récupération artistique en 1949 ; dépôt de l’Etat au musée de Perpignan en 1953.
Bibliographie :
Hulst/2, p. 167 (« M. Rigaud lui-même ») ; Hulst/3, p. 180 ; Mariette, 1740-1770, III, f°48 v°, n°93, VII, f°9 ; Dezallier d’Argenville, 1745, II, p. 405-415 ; Basan, 1767, p. 174 ; Lelong, 1775, p. 257, n°2 ; Huber, 1787, II, p. 670 ; Huber & Rost, 1797, VIII, p. 3 ; Paignon-Dijonval, 1810, 7362 ; Joubert, 1821, I, p. 435 ; Nagler, 1836, III, p. 475 ; Michaud, 1843-1857, XXXV, p. 25-26 ; Le Blanc, 1856, II, P. Dr., n°101 ; Villot, 1860, n°1971 ; Firmin-Didot, 1876, P. Dr., n°111 ; Firmin-Didot, 1875-1877, P. Dr., n°477 ; Pradel (Du), 1692-1878, II, p. 95 ; Montaiglon, 1878, III, p. 377 ; Portalis & Béraldi, 1880-1882, II, p. 20, n°44 ; Bellier & Auvray, 1882, I, p. 446 ; Bryan, 1893, I, p. 425 ; Fontaine, 1910, p. 247, 2400-9 ; Mireur, 1910, II, p. 534-537, 539, 541 ; Soulange-Bodin, 1914, p. 6-49 ; Roman, 1919, p. 83, 84, 90, 112, 119, 129, 148, 182 ; Thieme & Becker 1913, IX, p. 559 ; Audin & Vial, 1919, p. 288 ; Angoulevent, 1933, n°2270 ; IFFXVIIIe 1951, VII, P. Dr., n°107 ; Mesuret, 1957, p. 17 ; Valaison, 1980, p. 220-221 ; Hardouin, 2000, p. 118, repr. fig. 16b ; Thieme & Becker-Saur, 2001, XXIX, p. 410 ; Perreau, 2004, p. 138, repr. p.139, fig. 106 ; Levallois-Clavel, 2005, II, cat. P. Dr. n°117 ; cat. Exp. Rigaud intime, La Célestina, 2009, n°6, p. 96, ill. p. 102 ; Brême & Lanoe, 2013, p. 80, cat. 55, p. 196 (pour P.594-1) ; Perreau, 2013, cat. P.594, p. 142-143.
Expositions :
Paris, 1704 [Coignard 1704], p. 30 ; Toulouse, 1956 ; Pau 1973 ; Montréal, Rennes, Montpellier 1992-1993, n°127, repr., p. 358 ; Tours-Toulouse 2000, p. 118, repr. Fig. 16 ; Lyon 2001, p. 71, 260, n°5 ; Perpignan, 2009, cat. 6.
Œuvres en rapport :
- 1. Huile sur toile d’après Rigaud, 1706, H. 81,5 ; L. 65,5. Inscr. v° : « Hyacinthe Rigaud, noble citoyen de Perpignan, Peintre du roi, professeur de son académie peint par lui-même et donné à son ami monsieur Dazy en 1706 ». Paris, Collection particulière (coll. Dazy [*P.251]) ; coll. Damrémont ; vente Paris, hôtel Drouot, Robert et Baille, 16 juin 2007, lot 153 [le manteau était anciennement pourpre]).
- 2. Huile sur toile, suiveur de Rigaud, H. 82 ; L. 68 cm. Kassel, Staatliche museen, Gemälde Galerie. Inv. GK 474. Taf. 366. Entrée au musée en 1749. Inv. 1749ff. Nr 171 (comme autoportrait de Rigaud) ; identique à Inv. P. 1816ff. Nr 223 (copie d’après Rigaud). Robert, Cat. 1819, n°556 (comme Rigaud) ; Eisenmann, cat. 1888, p. 422, n°437a (comme copie d’après Rigaud) ; Rosenberg & Mandrella, 2005, n°987, p. 168, repr.
- 3. Huile sur toile ~R, H. 81 ; L. 63 cm. Collection particulière (vente Münich, Neumeister, 30 octobre 2005, lot 745).
- 4. Huile sur toile d’après Rigaud et Drevet, 1712, H. 42 ; L. 32,3 cm. Inscr. : « Donné à Monsieur d’Argenson Conseiller / d’état Lieutenant Général de Police [*P.360], par son / très humble serviteur Rigaud / Cytoyen de Perpignon [sic] Peintre / et Professeur de l’Academ [ie] / de Peinture et Sculpture, peint par / Luy même, 1712 ». Collection particulière (vente Londres, Christie’s, 7 juillet 2000, lot 174). Version sans doute d’atelier peinte d’après la gravure de Drevet. Elle reprend exactement la posture de l’original mais en sens inverse avec toute l’architecture ajoutée à la gravure avec la date de 1712. Des variantes dans l'agencement du bonnet et le rajout d'un nœud de soie bleue derrière la tête apporte quelques petites différences qui ne permettent toutefois pas de considérer la toile comme un nouveau prototype d'autoportrait.
- 4a. Huile sur toile ovale d'après Rigaud. Marseille, galerie Azopardi (juin 2016) ; France, collection privée.
- 4b. Huile sur toile d'après Rigaud. H. 81 ; L. 65,4. Philadelphie, Philadelphia museum of art. Inv. Cat. 777. Don John G. Johnson Collection en 1917.
- 5 Pierre noire sur lavis de sépia avec rehauts de gouache blanche sur papier vergé gris d’après Rigaud (Viennot), 1701, H. 28,3 ; L. 22,9 cm. Inscr. v° : « Portrait de Hyacinthe Rigaud designé par lui-même, 1701 ». Aix-en-Provence, musée Granet. Inv. 903-1-76 (anc coll. Collin de Blamont ; IAD inédit du 19 février 1760 [« Item un dessein au crayon représentant Mr Rigault peint par luy meme dans sa bordure de bois doré prisé et estimé à la somme de vingt quatre livres cy »]) [Versailles, ADY, 3E 45/129].
- 6a. Gravé par Pierre Drevet.
- 6b. Gravé par un anonyme italien.
- 6c. Gravé par Johann Adam Delsenbach.
- 6d. Gravé par Johann Jacob Kleinschmidt et Jeremias Wolff.
Copies et travaux :
- 1700 : Charles Viénot réalise plusieurs travaux dont on ne connaît pas la rémunération : « deux desseins de mon portrait » (ms. 625, f° 9v°), « un dessein de mon portrait », « autre dessein de mon portrait », « une copie de mon portrait » (ms. 625, f° 10).
- 1701 : Leprieur touche 30 livres pour « deux copies de mon portrait, [sur toile de] 32lt » (ms. 625, f°10 v°).
- 1701 : Leclerc touche 36 livres pour « trois copies de mon portrait » (ms. 625, f°11).1704 : Fontaine reçoit 24 livres pour avoir « retouché 5 de mes portraits » et 56 autres pour « quatre de mé portraits » (ms. 625, f°16 v°).
- 1705 : Leprieur touche 24 livres pour « une copie de mon portrait » (ms. 625, f°18 v°).
- 1706 : Monmorency touche 5 livres pour « Une Coppie de m[onsieu]r Rigaud » (ms. 625, f°21).
- 1709 : Leprieur touche 24 livres pour « une copie de M[onsieu]r Rigaud en petit » (ms. 625, f°25 v°).
Descriptif :
L'autoportrait dit « au turban », sans aucun doute le plus célèbre de l’artiste, véritable plaidoyer envers la peinture hollandaise qui inspira tant Rigaud, n’est pas mentionné tel quel dans les livres de comptes alors qu’il est intégré au catalogue de Henri Van Hulst pour l’année 1698. Les diverses sources manuscrites ne nous permettent d'ailleurs pas véritablement de préciser avec certitude à quel autoportrait se réfèrent les travaux que l’on y relève. Ainsi, de 1695 à 1709, près de 10 copies sont exécutées par l’atelier. Coiffé d’un bonnet de velours rouge éteint doublé de brocard, un faisceau de pinceaux à la main, à l’aube de la quarantaine, Rigaud imite sans équivoque la manière de Rembrandt. D’ailleurs, outre les deux copies du maître que Rigaud exécuta (« un Rembran et sa fille, en ovalle et une paysanne »), sa collection renfermait en 1703 sept originaux ou réputés tels : deux autoportraits, un homme en armure, une femme tenant une fleur à la main, deux têtes anonymes et un chef de Saint-Jean ; ajoutons un portefeuille des célèbres eaux-fortes. L’autoportrait au turban remporta un immense succès.
Drevet en réalisa la gravure deux ans plus tard comme pour témoigner des liens d’amitié qui existaient entre eux : « Hyacinthe Rigaud […] Pierre Drevet de Lyon, graveur du roi, a gravé ce portrait de Rigaud d’après lui-même : souvenir durable d’un cœur reconnaissant, en échange de l’aide que celui-ci lui apporta dans l’apprentissage de son art par ses sages conseils, année 1700 ». Cette traduction de la dédicace en latin présente au bas du burin a d’ailleurs souvent été versée au crédit d’une forte influence de Rigaud sur la formation de Drevet. À son tour, Rigaud fit rajouter son autoportrait en fond du portrait qu’il peignit de Pierre Drevet. Le peintre fera tirer cent exemplaires de l’estampe qu’il distribuera aux membres de l’Académie lors d’une séance du 29 décembre 1703[1]. Charles Viénot, collaborateur de l’atelier, réalisa quatre dessins (dont peut-être l’exemplaire d’Aix-en-Provence) se substituant à la peinture lorsqu’elle était jugée trop onéreuse. D’ailleurs, l’autoportrait à la palette reprend sensiblement la même attitude avec des adaptations en 1716.
Suite à l’exposition de 2009, des analyses ont été faites sur la version perpignanaise et sur celle de Dazy montrant un ancien état, remplaçant une couleur pourpre par l’actuel noir du manteau. Dezallier d’Argenville possédait également un dessin représentant Rigaud « au turban », vendu lors d’une vente publique le 18 janvier 1779 : « n°409. Le portrait de Rigaud lui-même ayant un bonnet sur sa tête, idem au précédent [portrait de Jérôme de Gouy] » (38 livres à Langlois)[2].
[1] Montaiglon, 1878, III, p. 377.
[2] Catalogue d’une collection de dessins choisis des maîtres célèbres des écoles Italienne, flamande et française, tant en feuille que sous verre ; & d‘un Recueil d’Estampes de feu M. d’Argenville, conseiller du roi en ses conseils [...], Paris, Rémy, p. 59.