Les aides d'atelier

 

Michel Hubert-Descours, Autoportrait, 1770. Collection particulière

 

Michel Hubert-Descours

Bernay, 12 septembre 1707[1] – Bernay, 16 novembre 1775[2]

C’est à l’abbé Adolphe André Porée (1848-1939), que l’on doit en 1889 la première étude sur le peintre Hubert-Descours, élève sur le tard, dit-on, d'Hyacinthe Rigaud[3]. L’auteur s’appuyait sur sa connaissance d'une certaine quatité d'œuvres de l'artiste auxquelles il avait eu accès ainsi que sur des manuscrits et des archives inédites. Ainsi, selon une Généalogie de la famille des Hubert, faite le 17 février 1767 par Maurice Hubert-Descours, qu’il put consulter, il attestait que les Hubert étaient une famille « des plus notables et surtout des plus anciennes de Bernay. Vers le milieu du dix-septième siècle, elle se partagea ainsi en trois branches : l'aînée, les Hubert-La Famille ; la deuxième, les Hubert de la Huberdière ; la troisième, les Hubert-Descours. Ces surnoms tout locaux, ils les avaient pris ou on les leur avait donnés, suivant l'usage, pour distinguer les trois branches »[4].

Fils de Michel (mort avant 1772), marchand et de Françoise Devaux (morte avant 1724) notre peintre épousa le 15 octobre 1737, en l’église Saint Paul à Paris, Marie Jacqueline Fabre (Paris, 1717 - Bernay, 24 novembre 1797[5]), fille de Jean Fabre, maître chirurgien (mort le 18 octobre 1735) et de Jacqueline Caille.

Quatre enfants naquirent de cette union (Borée ne référence que les trois premiers) :

1°. Marie-Jacqueline née à Paris, le 26 aout 1738, baptisée à Saint-Paul, « le parrain Michel Hubert, son grand-père bourgeois de Bernay et la marraine, Jacqueline Caille, veuve de Jean Fabre, sa grand-mère, bourgeoise de Paris ».

2°. Henriette Geneviève, née à Paris, le 3 janvier 1740, baptisée le même jour à Saint-Paul ; son parrain Jacques Armand Mullot, marchand épicier et bourgeois de Paris et sa marraine, Jacqueline Henriette Fabre, sa tante, de la paroisse Saint Paul de Paris (voir ci-dessous). Selon le manuscrit de son père, elle fut mise en nourrice le 4 janvier suivant chez Marie Sainier, femme de François Jonard, de la paroisse Saint Aubin sur Aillon, diocèse d’Evreux.

3°. Michel-Pierre, née le 27 février 1741 et baptisé le lendemain à Saint-Germain-l’Auxerrois, « son parraint Pierre Hubert, son cousin, abbé de la paroisse de Sainte-Croix de Bernay en Normandie et sa marraine demoiselle Caille, sa tante, épouse de Simon Caille, marchand épicier, bourgeois de Paris, son oncle maternel, de la paroisse Saint-Jacques-du-Haut-Pas ». Peintre lui aussi, il mourut à Bernay le 19 mai 1814.

4°. Marie-Jeanne (née en 1747 sur la paroisse Saint-Germain-l’Auxerrois à Paris)

Le chef de famille, Jean, maître chirurgien, mourut en 1735 comme l’atteste le passage de son épouse au Châtelet de Paris afin de certifier l’inventaire après décès qui fut alors réalisé le 14 octobre de cette année là[6]ceci, après qu’un acte de tutelle ait été passé la veille devant d’Argouges[7] :

« Du 19 octobre 1735. Est comparue Jacqueline Caille veuve de Jean Fabre, m[aitr]e chirurgien à Paris, y demeurant rue de la mortellerie, paroisse Saint Paul, tant en son nom a cause de la communauté de biens qui a été entre elle et ledit deffunt son mary qu’elle se réserve d’accepter ou y renoncer, ainsy qu’elle avisera par conseil que comme tutrice de Jacques, Jacqueline Henriette, Marie Jacqueline et Louis François Fabre, mineurs, enfants dudit deffunt et d’elle, laquelle a affirmé véritable l’inventaire fait à sa requeste par [Claude] Berruyer et [Louis] Hargenvilliers, nottaires au Chatelet de Paris le jour d’hier [sic] en la présence de Hypolite Louis Guerin, marchand libraire à Paris, demeurant rue Saint Jacques, paroisse Saint Séverin, subrogé tuteur desdits mineurs et en tenu pour clos »[8].

Les deux archives parisiennes (la tutelle et l'inventaire après décès), restées inédites jusqu'à la présente mention, nous apprennent que les enfants du couple étaient au nombre de quatre. Outre la future épouse du peintre Michel Hubert, on retrouve son aînée, Jacqueline Henriette, née en 1716 et qui sera la marraine d’un des enfants du peintre et dont l'artiste parle dans son manuscrit. Alors que l'artiste ne parle que d'un garçon, ils étaient en réalité deux. Chacun allaient d'ailleurs embrasser une carrière artistique.

Jacques, né en 1713, entra le 2 mai 1736, à l’âge de 23 ans en apprentissage pour cinq ans dans l’atelier du peintre Étienne Lecœur, logé et nourri par son maître, moyennant 200 livres[9].

Le second garçon, Louis François Fabre (1720-1771[10]), fut, selon le fichier Laborde de la bibliothèque Nationale[11], marchand d’estampes et graveur en tailles douces et épousa, le 7 juillet 1749, Geneviève Lucet (morte le 24 juin 1784, rue de la Tixeranderie, cul de sac Saint-Faron[12]), fille d’un marchand tapissier. À sa mort, rue de la Tixeranderie, au cul-de-sac Saint Faron, sa collection de gravures, dont une très belle série de portraits d’après Rigaud, fut dispersée par et chez François Basan, rue Serpente, le 2 mai 1771[13]. En préambule au catalogue, le rédacteur pris soin de préciser que Fabre « étoit très difficile sur le choix des épreuves lorsqu’il pouvoit le faire ; aussi dans tout ce qui s’appelle Estampes modernes il n’y a rien a désirer, tant pour la beauté des épreuves, que pour la conservation ». Il poursuit en notant que Fabre avait rassemblé « depuis un nombre d’années tous les portraits qui ont été gravés d’après le célèbre Hyacinthe Rigaud, Chevalier de l’Ordre de S. Michel, & le plus habile en ce genre qu’ai produit l’École françoise. J’ai cru ne devoit pas partager un tel œuvre, qui ne peut que faire plaisir aux Curieux, & qu’il seroit difficile de rassembler dans le présent Catalogue au n°649, les épreuves en sont parfaites, & une grande partie avec différences, qui en caractérisent la primauté des Epreuves, soit avant la lettre ou autrement ».

Dès la première vacation, le jeudi 2 mai 1771, le lot 3 proposait ainsi, « quatre portraits dessinés par H. Rigaud »[14]). Au numéro 47, on voyait sept autres [petits portrait gravés] par Drevet & Daullé, dont. Mad. D’Orléans, M. du Fay, le C. de Polignac, & ». Au lot suivant « huit beaux portraits d’après Rigaud, dont le Mar. De Luxembourg, M. de Villeroy, le C. de Revel. M. d’Hozier, delaunay, etc », puis « douze autres, idem, le Duc de Bourgogne, le grand Dauphin, Philippe V, Mignard par Schmidt, Rigaud peignant sa femme, par Daullé,& anciennes & belles épreuves » (n°49), « douze autres, idem de Prélats, dont M. Delamet, l’abbé Pucelle, etc » (n°50), « huit portraits de femmes d’après le même, dont Mad. De Neumours, la Duchesse d’Orléans, Mad. Rigaud, par Wille, Mesd. La Ravoye & Pecoile, en Flore & en Pomone, &, très-belles épreuves » (n°51), « huit prélats, du même, dont MM ; de Fourcy, Bignon, de Béthune, Secousse, & idem, prem. Epreuves » (n°52). Sous le 55e lot étaient réunis « vingt-sept portraits d’artistes, d’après Rigaud, & autres, par différens graveurs ». Au lot 110 on notait un Louis XIV en pied par Drevet « belle épreuve » (un autre au lot 289), et ensuite, les portraits de Boileau, Mignard, Rigaud et Silva.

Lors de la seconde vacation, on vendait « deux dessins par H. Rigaud, représentant deux maréchaux de France en guerriers vus jusqu'aux genoux » (n°121, p. 13)[15]). Les numéros 292, 293 et 294 voyaient dispersés plusieurs gravures dont un Dangeau, « le C. de Toulouse ganté », « MM. Dadun & Detleu, & le C. d’Evreux », La fosse, Coustou, « trois Rigaud différens, par Drevet & Edelinck », six autres « Keller, Leonard, de Cotte, Rigaud, par Drevet », toutes de « belles ou anciennes épreuves », parfois avant la lettre. A la huitième vacation, le 11 mai, on proposa « vingt-quatre dessins divers, dont plusieurs animaux d'Oudry, des études de H. Rigaud, & » (n°423, p. 36)[16]) Au gré des autres pages, toutes les grandes pièces du portraitiste étaient également représentées avant qu’au lot 649 soit vendu « l’Œuvre d’Hyacinthe Rigaud, composé de plus de 300 Portraits d’Hommes & Femmes illustres & célèbres en tous genres, dont plus de 200 différents, le surplus est en premières épreuves avant la lettre, ou quelques autres différences qui en qualifient la primauté des épreuves ; de plus il s’y trouve aussi 50 de ces mêmes Portraits qui ont été copiés par Odieuvre et autres en petit ; ce qui fait en totalité plus de 300 pièces ; sçavoir, plusieurs Portraits différens de Rigaud, gravés par Drevet, Edelinck & Daullé, dont tous en épreuves doubles ou triples, avec des différences & avant la lettre ; Madame d’Orléans en grand, par Simonneau ; la même en petit, chef-d’œuvre de P. Drevet ; Mesdames de Nemours,d e Caylus, de la Ravoye, de la Brife, Pecoile, les Mere & femme de Rigaud, & en prélats divers, M. Bossuet en pied & en buste, les Cardinaux de Fleury, Dubois, d’Auvergne, de Noailles, de Polignac, de Rohan, Bouillon ; les Archevêques & Evêques de Paris, Cambray, Metz, Rheims, Narbonne, Soissons, Valence, & en artistes, La Fontaine, Boileau, Desjardins, Mignad, Boulongne, Silva, Gendron, Fagon, Léonard, dHozier, Delaunay, & En Ministres & Gens de Robe, MM. De Boulongne par Wille, Samuel Bernard, Sinzendorf, Dodun, Orry, Dangeau, du Metz, Gillet, Titon, d’Argenson, &. Rois & grands Guerriers, Louis XIV & Louis XV, en pieds & en buste, le Roi de Pologne par Balechou, Philippe V. Roi d’Espagne, le grand Dauphin, le Duc de Bourgogne, les Comtes de Toulouse, d’Evreux & de Revel, les Maréchaux de Villars, de Luxembourg, de Villeroy, de Saxe, de Belle Isle, &. »

Quelques œuvres de Michel Hubert-Descours :

 

  • Portraits de Michel Gabriel de Chanu du Beaubenard et de sa femme, Catherine Fouques Dasnie du Beaubenard. Huiles sur toiles, 80 x 64 cm. ignés et dats l'un en bas à gauche Descours, pinx. 1750 et l'autre en bas à droite peint par Descours, en 1750. Au revers du portait d'homme : Mr Michel gabriel De Chanu Seigneur / Du Beau Benard Cerqueux Au revers du portrait de femme : CATHERINE FOVQUES DASNIE / DAME DV BEAUBENARD / Fille d'alexis fouque / 1750. Hist : Paris, collection particulière ; vente Paris, espace Tajan, 26 juin 2008, lot. 88 ; Vente Vienne, Dorotheum, 6 octobre 2009, lo. 293 ; vente Paris, Tajan, 25 mars 2009, lot. 138.
  • Portrait de François-Alexandre-Pierre de Garsault (1693-1778), seigneur de Mignères, capitaine des haras de France et membre de l'Académie des sciences. 231 x 165 cm, 1745, vente Londres, Sotheby's, 9 juillet 1998, lot. 221. Gravé en buste par Jacques Nicolas tardieu en Frontispice de l'édition de 1746 du Nouveau parfait maréchal, ou La connaissance générale et universelle du cheval (1741), Paris, chez  François Mathey, 1746.  Leipzig, Universitätsbibliothek Leipzig, Porträtstichsammlung, Inv. Nr. 17/40. 20 x 15,3 cm.
  • Femme en Diane, 87 x 49 cm, signée et datée 1743. Paris, vente couturier Nicolay, 29 mars 2000, lot. 48.
  • Autoportrait, 58,9 x 49,5 cm. Signée 1746, vente Paris, Tajan, 26 juin 1990, lot. 184.
  • Portrait de Marie Jacqueline Descours avec un chien et un serviteur, 146 x 113 cm, 1746. Inscr au revers : Marie Josèphe Fabre, agée de cingt-huit ans, a été peinte à Paris, par Michel Hubert Descours, son époux en l'an 1746. Vente Paris, Drouot, coll. Baron Davilier, 13-15 avril 1995, lot. 193.
  • Portrait d'Anne Darzac de Ticheville, fondatrice de l'hospice de Bernay, 81 x 65 cm. Signée et datée en bas à gauche : par Descours / père en 1747. Bernay, musée des beaux-arts, inv. 2005.2.1.
  • Portrait dit d'un juriste, 81 x 64 cm. Signée et datée, 1747. Vente Sala de Subastas Retirao, 5 octobre 2010, lot. 228.
  • Portrait de femme, 78 x 63 cm. Signée et datée 1749. Vente Schuler Auktionen, 18 juin 2004, lot. 4267.
  • Portrait de Cécile de Belzunce de Castelmoron (1719-1787), avant-dernière abesse de la Trinité de Caen de 1754 à 1787, huile sur toile, 100 x 81 cm. Caen, musée des beaux-arts, inv. 8311.
  • Portrait de femme en Diane, 80 x 64 cm. Datée 1755. Vente Leslie Hindman Auctionneers, 22 mai 1996, lot. 326a ; vente New-York, Christie's, 2 octobre 1996, lot. 5.
  • Portrait de Dame à l'éventail et à la chatelaine, huile sur toile 80 x 64 cm. Datée et signée 1760. Vente Bourg-en-Bresse, Kohn, 11 mars 1990, lot. 141.
  • Portrait de femme à la guitare, huile sur toile, 83,1 x 65,5 cm. Signée et datée au dos : par Descours / 1767. Vente Paris, Tajan, 25 octrobre 2001, lot. 121.
  • Portrait de Monsieur du Sausay, huile sur toile, 81 x 65 cm. Signée et datée 1767. Vente Paris, Piasa, 16 juin 2000, lot. 89.
  • Portrait de M. Pillon de Giverville, curé de Bray, prieur du parc d'Harcourt, huile sur toile, 81 x 64 cm. Inscr. au dos : Hubert Descours né à Bernay. Bernay, musée des beaux-arts, inv. 868.1.1.
  • Portrait d'un officier, huile sur toile, 80 x 65 cm. Signée et datée : par Descours père en 1770. Vente Amsterdam, Christie's, 11 mai 1994, lot. 132 ; vente Heilbronn, Jürgen Fischer, 28 mars 2014, lot. 207.
  • Portrait de Michel Robert Lehure, huile sur toile, 139 x 77 cm. Signée et datée : par Descours père, 1771. Bernay, musée des Beaux-arts, inv. 963.3.1.
  • Portrait de Madame Lehure, huile sur toile, 139 x 77 cm. Bernay, musée des Beaux-arts, inv. 963.3.2. 
  • Portrait de monsieur Viel, marchand de frocs à Orbiel, huile sur toile, 81 x 64 cm. Datée 1755. Bernay, musée des beaux-arts, inv. 2000.1.1.
  • Portrait de madame Viel. huile sur toile, 81 x 64 cm. Datée 1755. Bernay, musée des beaux-arts, inv. 2000.1.2.
  • Portrait de Joachim de La Flèche, chirurgien et lieutenant du Premier chirurgien du roi à Bernay, huile sur toile, 72 x 60 cm. Bernay, musée des beaux-arts, inv. 935.2.1.
  • Portrait de Victor François (1718-1804), duc de Broglie, maréchal de France, (attr. à), huile sur toile, 210 x 132 cm. Château de Bourdeilles.
  • Portrait de François Charles de Broglie (1719-1781), marquis de Ruffec, huile sur toile, 210 x 130 cm. Signée et datée 1762. Château de Bourdeilles. Inv. MH PM24000076.
  • Portrait de François Marie (1671-1745), duc de Broglie (d'après Ranc), huile sur toile, 210 x 130 cm. Signée et datée 1764. Château de Bourdeilles. Inv. MH PM24000075.
  • Portrait de François Marie Broglia (1611-1656), marquis de Senonches, huile sur toile, 210 x 130 cm. signature date (en bas à gauche) : Descours/176?. Château de Bourdeilles. Inv. MH PM24000074.
  • Portrait de femme tenant un panier de fleurs, huile sur toile, 79 x 61 cm. Vienne, Dorotheum, 21 avril 2010, lot. 286.
  • Portrait d'homme à la veste rouge (attribué à Hubert-Descours), huile sur toile, 67,1 x 55,6 cm. Vente Paris, Tajan 31 mars 1995, lot. 135 ; idem. 28 juin 1996, lot. 117 ; idem. 23 juin 1997, 154.
  • Portrait de femme tenant une houlette (attribué à Hubert-Descours), huile sur toile, 54 x 46 cm. Vente Paris, Ader-Tajan, 26 juin 1990, lot. 185.
  • Portrait de chanoine. Collection particulière.

 

 


[1] « Le quatorze a été baptizé Michel Hubert, fils de Michel et de Françoise Devaux du douze et en légitime mariage, son parrain honête personne Jean Hubert, sa maraine honête fille Marguerite de Vaux ».

[2] Il décède chez lui, rue aux Juifs, paroisse Sainte Croix et fut enterré le 17 novembre, dans la chapelle du cimetière (Eure, archives départementales, 8 Mi 414, f°7).

[3] Un peintre bernayen : Michel Hubert-Descours, 1707-1775, par M. l'abbé Porée, Bernay, 1889, 21 pages.

[4] Le colonel Goujon, Notice biographique sur le colonel Pierre-Robert Hubert de la Huberdière, Bernay, 1885, p. 7. Cité par Boré, p. 834.

[5] Bernay, paroisse Sainte Croix, 4 frimaire An VI, archives départementales, 8Mi418 f°409.

[6] Paris, AN, MC, ét., LXXII, liasse 268Certaines sources le donnaient décédé en 1738.

[7] Paris, AN, Y 4520, f°341.

[8] AN, Y5271, f°240.

[9] Paris, AN, MC, ét., XXXVIII, liasse 286b.

[10] Il mourut à Bernay, paroisse Sainte-Croix le 3 février 1771 et fut enterré dans la nef (8Mi414, f°222). L’inventaire après décès fut réalisé le 20 mars 1771 (Paris, AN, MC, ét., C, liasse 713) par Charles Marchand et son confrère, notaires à Paris. La veuve devint tutrice de ses enfants mineurs, Geneviève Catherine, Louis Denis et Jean-Baptiste Louis (ibid. Y5328).

[11] Fiche 26067.

[12] Paris, archives nationales, Y 13693.

[13] Catalogue des estampes, dessins et planches gravées, trouvés au décès de M. Fabre, marchand d'estampes à Paris, par F. Basan, graveur, dont la vente se fera rue et Hotel Serpente, en la manière accoutumée, au plus offrant & dernier enchérisseur, de relevée, le 2 mai 1771 et jours suivants. Il y a beaucoup d’Estampes encadrées, & quelques tableaux, qui seront vendus dans la dernière vaccation, A Paris, chez le sieur Basan, 1771.

[14] Cité dans James-Sarazin, 2026, II, cat. DM175 à 178, p. 627.

[15] Ibid. cat. DM179 et 180, p. 627.

[16] Ibid. DM181, p. 627.

Parce qu’il fut formé en Languedoc et à Lyon, ou qu’il y reçut des appuis précieux pour son installation à Paris, Rigaud favorisa en premier lieu les artistes issus de ces régions : Charles Viennot (1674-1706), notamment, fils d’Hubert, ancien ami lyonnais, fut un temps hébergé dans l’atelier de Rigaud, en 1705[1]. C’est là, le 24 Juin, qu’il dicte son testament, déclarant demeurer « dans la maison du sieur Rigaud, à l’entrée de la rue Neuve des petits Champs, paroisse Saint Eustache, trouvé au lit malade de corps en une chambre au quatrieme estage ayant vue sur la rue des petits Champs, dépendante de ladite maison où il demeure […] »

 

Signature de Charles Viennot au bas de son testament de 1705. Paris, archives nationales © photo Stéphan Perreau

 

Si Viennot ne nous a pas laissé de nombreux témoignages de son œuvre personnelle Louis-René Vialy (1680-1770) et Joseph-André Cellony (1696-1746) furent plus prolifiques. Natifs d’Aix-en-Provence, où le Catalan avait des clients réguliers, ils se spécialisèrent pour le premier dans le pastel et, pour le second, dans des toiles toutes empruntes de l’esprit de son professeur qu’il fit perdurer dans la capitale aixoise.

Le père de Joseph-André, Joseph Cellony (1662-1731), était déjà connu comme « le peintre en portrait le plus distingué qu’il y eut dans cette ville. La ressemblance qu’il saisissait au point qu’on ne pouvait s’y méprendre, la correction de son dessin et la touche hardie de son pinceau dans le genre de Fauchier, lui donnèrent de la célébrité ». Ses portraits de Pierre de Coriolis de Villeneuve, marquis d’Espinouse, de Philippe Mayronnet ou de Léon Alphonse de Valbelle, respectivement gravés par Coelemans pour les deux premiers et par Cundier pour le troisième, montrent déjà une certaine dette envers Hyacinthe Rigaud.

Il est donc tout naturel que le Catalan ait fait appel au fils pour transcrire à Paris, sur papier, le portrait du marquis de Gueidan avant que de l’envoyer au modèle qui piaffait d’impatience à Aix [PC.1271-1]. Cellony « le jeune » sembla ainsi surpasser son père. On jugeait d’ailleurs que sa touche était plus douce que celle de son père et que les étoffes qu’il peignait imitaient mieux la nature, surtout celles de soie, par le transparent et le glacis qu’il y employait. Nul doute que ce portrait de jeune femme (ci-dessous  à gauche), au port de tête fièrement campé et directement inspiré de l’effigie de Madame Le Gendre par Rigaud [PC.709], confirme à lui seul ces appréciations[2]. C'est aussi le cas de cet autre ovale (ci-dessous à droite), à la construction simple mais tout aussi efficace[3].

 

 

Joseph ou Joseph-André Cellony : portraits de femmes. Coll. priv. © photo service de presse

 

Malheureusement, le style pourtant bien tranché selon nous de Joseph Cellony, passe encore inaperçu dans les ventes. Pour preuve cette belle paire de portraits, malheureusement en assez mauvais état de surface, proposés à Avignon le 21 décembre 2014 comme écoles françaises du XVIIIe siècle mais qui doivent sans conteste être redonnés à Cellony fils.

 

Joseph ou Joseph-André André Cellony : portraits d'un couple, v. 1705. Coll. priv. © service de Presse

 

Fils de Jacques Vialy, peintre sicilien né à Trapani et établi en Provence, Louis-René Vialy débute sa carrière comme décorateur de chaises à porteur ainsi que l’atteste Mariette : « c’étoit un goût très répandu en Province d’avoir des chaises ornées »[4].  Son père avait été naturalisé français par des lettres enregistrées à la cour des comptes d’Aix-en-Provence en 1720[5] et mourut à Aix le 25 décembre 1745, à l'âge de 95 ans. Il fut enseveli le lendemain dans l'ancienne église paroissiale de La Madeleine, auprès de Jean-Baptiste van Loo qui était mort le 29 septembre de la même année.

Louis-René fut tout d’abord élève de son père et fréquenta très tôt les Vernet dont Antoine, peintre décorateur, était un familier de Jacques de Vialy. On prête généralement à Louis-René l’honneur d’avoir formé le jeune peintre de marines Claude Joseph Vernet[6] mais c’est à Jacques que revient en réalité cette formation[7]. Louis-René peindra en 1752 le portrait au pastel de Vernet (Paris, musée de la Marine) et possèdera quelques toiles du paysagiste[8]. Mariette lui attribue également l’orientation professionnelle du graveur Jean-Joseph Balechou. Vialy semble s’être installé à Paris dans les années 1750, rue d’Argenteuil, derrière l’Église Saint-Roch. On trouve sa trace comme peintre de portraits aux salons de l’Académie Royale de Saint-Luc où il expose en 1752, 1753 et 1756 sous le titre de « peintre du Roi » et de membre de l’Académie de Saint-Luc.

Mais auparavant, il avait activement travaillé sous Rigaud dans l’atelier duquel on le retrouve dès 1712 puis en 1714 sous le nom de « Vial ». Il a alors tout juste 32 ans. Ce passage ne nous semble aujourd’hui pas anecdotique car on connaît les relations qu’a eu le peintre catalan avec la famille des Van Loo, lors de son passage lyonnais puis à Paris[9]. À son décès, Louis-René Vialy demeurait rue des Aveugles, sur la paroisse Saint Sulpice à Paris, au-dessus de la boutique d’un perruquier.

 

 

Louis-René Vialy : à gauche portrait d'un homme au manteau rouge prisant du tabac, v. 1730. Coll. priv. ; à droite, portrait de femme en Hébé, v. 1720, coll. priv. © d.r.

 

Il semble que Vialy ait surtout utilisé la technique du pastel, même si l’on connaît aujourd’hui quelques œuvres à l’huile. Dans son Dictionnaire des Pastellistes, Neil Jeffarès décrit les visages de l’artiste comme « facilement reconnaissables : peu expressifs comme ceux de Pierre Allais, ils se distinguent par une certaine douceur. […] Les yeux sont liquides avec la lumière de l’œil en point blanc assez haut à gauche. Il a un traitement caractéristique des tissus avec des plis serrés et des reflets ». La technique au pastel de Vialy correspond au goût de son siècle, héritant ses attitudes en buste de celles de ses contemporains et de Louis Vigée. Par contre, ses toiles adoptent des postures dont la dette est avouée à Rigaud, tel le portrait de femme en Hébé passé en vente en 2007, celui d’un homme en buste au manteau rouge[10] ou à d’autres artistes dont il singe les œuvres[11].

Deux pastels vendus à Châtellerault le 5 décembre 2010, sont venus témoigner plus encore de la dette avouée par Vialy à Rigaud[12]. L’un d’eux, le portrait masculin, s’avère une réduction en buste du portrait du maréchal de Belle-Isle, peint par le Catalan.

Enfin, et pour terminer ce tour d'horizon, on mentionnera les liens étroits qui unissaient le Catalan au graveur lyonnais Pierre Drevet (1664-1738), à son fils Pierre-Imbert (1697-1739) et à son neveu Claude (1697-1781). Selon d’Argenville, Rigaud « avoit un art particulier à faire valoir la gravure, en retouchant les épreuves avec une patience & une intelligence surprenantes ; on peut même dire qu’il a formé les graveurs de son tems ». La dédicace apposée par Drevet au bas de son estampe d’après l’autoportrait de Rigaud au turban [P.594-6-a] évoque clairement avec éloquence les liens qui existaient entre les deux hommes : « Pierre Drevet de Lyon, graveur du roi, a gravé dans le cuivre ce portrait de Rigaud d’après lui-même ; souvenir durable d’un cœur reconnaissant, en échange de l’aide que celui-ci lui apporta dans l’apprentissage de son art par ses sages conseils » (original en latin). On suppose avec raison que les deux hommes vinrent à Paris à peu d’intervalle l’un de l’autre, Drevet suivant Rigaud. Comme le rappelait récemment Gilberte Levallois-Clavel, et outre son fils et son neveu, le graveur formera à son tour trois autres élèves qui furent des transcripteurs privilégiés de l’œuvre du peintre : François Chéreau (1680-1729), Simon Vallée (1680-ap. 1730) et Michel Dossier (1684-1750). Trois autres burinistes fidèles à Rigaud bénéficièrent quant à eux des conseils de Drevet : Gaspard Duchange (1662-1757), Claude Duflos (1665-1727) et Jean Audran (1667-1756)[13].

Pour terminer, la présence en 1695 et 1696 aux côtés du Catalan de François Taraval (1665-1715), peintre et sculpteur, n’est pas le fruit du hasard. Encore méconnu car éclipsé par son fils qui acquit une notoriété à la cour du roi de Suède, Taraval était le fils d’un orfèvre perpignanais[14]. Rigaud se trouvait donc une fois de plus avec un compatriote à ses côtés…

 


[1] Paris, arch. nat., MC, ET/VII/250. Résumé en partie dans Rambaud, 1971, p. 398.

[2] Huile sur toile, H. 81 ; L. 66. Vente galerie Gilberto Zabert, Dipinti Antichi, Turin, 24 novembre - 23 décembre 1984, n°24 (attribué à Alexis Simon Belle). Un autre portrait de femme, attribué à l’école de Largillière, présente un habillement très similaire (huile sur toile, H. 81 ; L. 65. Vte Paris, hôtel Drouot, Kahn-Dumousset, « Mobilier du Château de la Haichois », 7 novembre 2012, lot. 80).

[3] Huile sur toile, H. 28,5 ; L. 22,5. Vente Tajan, 20 juin 2012, lot 86.

[4] Pierre-Jean Mariette, Abecedario de P.-J. Mariette et autres notes inédites de cet auteur…, ouvrage publié par Ph. de Chennevières et A. de Montaiglon, 6 vol., Paris, 1851-1860.

[5] Reg Papyrus, fol. 216. Cité dans Roux Alphéran, 1846, I, p. 86

[6] N. Jeffarès, 2006, p. 338.

[7] Lagrange, 1864, p. 5-6.

[8] Tel ces deux tableaux exposés au Salon de *1757 : « Deux tableaux de chacun de deux pieds six pouces sur deux pieds – n° 66. L’un représente une Mer par un temps d’orage ; N°67. L’autre un paysage avec une chute d’eau. Ces tableaux appartiennent à M. Viali. » cf. Lagrange, 1864, p. 464.

[9] Rigaud suggérera le nom de Louis-Michel Van Loo, en 1737, lorsqu’il s’agira de trouver un peintre officiel à la cour de Madrid.

[10] Huile sur toile, H. 82,5 ; L. 67. Vente, Paris, hôtel Drouot, Delorme-Collin du Bocage, 17 mars 2005, lot 41.

[11] C’est notamment le cas du portrait du Régent (Vente d’une grande collection princière et divers, Paris, Drouot Montaigne, Picard, 22 juin 1992, lot. 10 reproduit), repris d’après le tableau fait par Jean-Baptiste Santerre en 1717 et dont un exemplaire est actuellement conservé au musée du Prado à Madrid  (Voir le catalogue de l'exposition « L'Art européen à la Cour d'Espagne au XVIIIe siècle », Paris, 1979, n° 79 reproduit).

[12] H. 76 : L. 60 cm, lots 410-411. Stéphan Perreau, « Version Belle-Isle remaniée à Chatellerault », [en ligne], 12 décembre 2010, www.hyacinthe-rigaud.over-blog.com.

[13] G. Levallois-Clavel, « Pierre Drevet, graveur du roi interprète de Hyacinthe Rigaud », Nouvelles de l’estampe, juin 2008, n°218, p. 20.

[14] Voir le contrat de mariage du 19 juillet 1700 entre Taraval demeurant rue Saint-Victor à Paris, et Catherine Masson (Paris, arch. nat., MC, ET/I/215 ; cité par Rambaud, 1964, p. 387). Notons que par un curieux hasard, le peintre et petit-fils de François Taraval, Hugues (1729-1785), se trouva marié sept mois avant sa mort avec une nièce à la fois du peintre Luigi Domenico Soldini (1715-ap. 1775) et du secrétaire des postes Antoine Benoît Soldini, époux de la fille de Jean Ranc…

Parmi les aides de l’atelier de Hyacinthe Rigaud, Pierre Benevault (Paris, 1685 - Vienne, 1767)[1] est l’un des derniers à avoir suivi l’enseignement du maître. Né et baptisé sur la paroisse Saint Eustache à Paris, le 27 mars 1685, il était le fils de Jean Benevault, bourgeois de Paris demeurant rue Montmartre et de Catherine Delamotte. Son parrain fut Pierre Duclos, fermier des domaines du roi et sa marraine, Marie Delahire, épouse du sieur Dumontier. Quelques actes notariés et trop peu d’œuvres témoignent aujourd’hui de son activité. Ainsi, notre lecture inédite de l’inventaire après décès de l’épouse de Benevault, dressé le 19 mai 1740[2], est riche d’enseignements.

 

Signature autographe de Pierre Bennevault en 1738. Paris, arch. Nat., MC © photo Stéphan Perreau

 

Nous y apprenons que le 19 septembre 1706, devant maître Simon de Villaine[3], Benevault avait épousé Marie Madeleine Lemaigre de Lisy, jeune fille, sous tutorat de son oncle, l’entrepreneur des bâtiments, Jean Croquoison. La famille Lemaigre était originaire du Loiret. Ainsi le défunt père de la mariée, André Lemaigre de Lisy officiait comme inspecteur des Ponts et Chaussées de la Généralité d’Orléans. On apprend également que Benevault avait au moins un frère et une sœur, Jean et Geneviève. La jeune promise comptait également à son mariage sa propre sœur, Marie-Anne, future épouse Sarazin et deux de ses frères, Michel et Alexis. Tous demeuraient rue du faubourg Saint Honoré, sur la paroisse Sainte Madeleine de la Ville l’Evêque. Quant aux Croquoison, ils étaient membres d’une dynastie d’entrepreneurs en bâtiment et d’architectes.

« Furent présens sieur Jean Benevault, bourgeois de Paris et Catherine de Lamotte, sa femme, qu’il autorise pour l’effet des présentes, demeurant rue Montmartre, paroisse Saint Eustache, stipulant en cette partie pour sieur Pierre Benevault, leur fils, peintre à Paris, demeurant susdit rue et paroisse, pour ce présent, pour luy et en son nom et de son consentement, d’une part, et sieur Jean Croquoison, entrepreneur des bastimens, bourgeois de Paris, demeurant faubourg Saint Honoré, paroisse Saint Marie Madeleine de la Ville Levesque, au nom et comme tuteur de demoiselle Marie Madeleine Lemaigre de Lisy, fille mineure de deffunt sieur André Lemaigre de Lisy, inspecteur des Ponts et Chaussés de la Généralité d’Orléans, et de damoiselle Madeleine Croquoison, sa femme, ses père et mère, stipulant en cette partie pour ladite demoiselle pour se présente et de son consentement, demeurante susdite rue Montmartre, même paroisse Saint Eustache d’autre part, Lesquelles parties, en la présence et du consentement de leurs parens et amis cy après nommés, sçavoir, de la part du sieur Benevault de Jean Benevault, frère et demoiselle Catherine Antoinette Drimetz, sa femme, de Geneviève Benevault, sœur du futur, et Pierre Delamotte, bourgeois de Paris, cousin, maître Jean Boullard, huissier audiancier en la juridiction des Bastimens du Roy au pallais à Paris, amy, Claude Chevallier, bourgeois de Paris amy et de Nicolas de Meneuray, bourgeois de Paris, aussi amy, et de la part de la demoiselle de Lisy, demoiselle Marianne Lemaigre, sœur de ladite future, de Michel Lemaigre et Alexis Lemaigre, frères et Paul Lepot[4], ancien officier du Roy, grand oncle maternel à cause de demoiselle Marie Le Bouteaux, sa femme, de Bernard Croquoison, architecte, Jacques Croquoison, entrepreneur des bastimens, Barthelemy Bardon[5], maître chandelier et Nicolas Demetre ( ?), employé dans les bastimens du Roy, oncles maternel […] ».

On sait également, grâce aux livres de comptes de Rigaud, que Pierre Benevault, tout jeune membre de l’Académie de Saint Luc, ne travaille qu’un an pour l’atelier du maître : en 1716, date à laquelle il reçoit plusieurs paiements, plus ou moins rétroactifs. Ainsi, 48 livres lui sont attribuées pour avoir « habillé M[onsieu]r le May en grand »[6] puis deux fois 24 livres pour les bustes du président au parlement de Provence, Cardin Le Bret[7], et de son épouse, Marguerite-Henriette de Labriffe[8] pour le même prix. Une « tête » de Julie-Christine-Régine Gorge d’Entraigues, marquise d’Anceny[9] et l’habillement d’un buste de Marie-Anne Colbert, marquise de Montal[10] lui valent deux fois 12 livres. D’ailleurs on ne sait s’il s’agissait du paiement tardif des vêtements du portrait original peint deux ans auparavant… Même remarque concernant l’effigie de Charles XII de Suède[11] dont Benevault reçoit 12 livres pour l’habit « en grand (peut-être la copie destinée au baron de Spaar ?). On note enfin une copie du portrait de Louis XV pour 24 livres[12].

De 1717 à 1721, Benevault est, avec Micheux, aux Gobelins où il retouche des cartons de Charles Coypel[13] : « 8 juin 1713 – 30 janvier 1714 : aux nommés Micheux et Bennevault, pour 650 dessins du Cabinet du Roy qu’ils ont collez sur des cartes fines lissées et bordées de papier d’Hollande bronzé, pendant 1713….538# 10’ 6d ».

 

Pierre Benevault : La danse d'Euterpe. Commerce d'art © d. r.

 

En décembre 1733, le nom de Benevault réapparaît dans les criées de Paris[14] (p. 13). Il y est qualifié de « maître peintre » et de « professeur à l’académie de Saint Luc ». Un an plus tard, le 14 juin 1734, il est cité comme expert, avec Pierre Testard[15] lors « pour donner son avis sur la prisée[16] des tableaux, dessins, estampes et livres trouvés, tant dans l’appartement que le peintre Pierre Cavin occupait dans un atelier situé au troisième étage dépendant d’une maison à lui appartenant, sise rue Montmartre » 17.

Le 31 octobre 1739[18], chez le notaire Alexandre Fortier, la fille de Benevault, Marie Madeleine, épouse le graveur Jean Moyreau (Orléans, 1690 – Paris, 1762[19]). Les témoins de la mariée sont Marie-Catherine Benevault, sa tante, femme du sieur Aubray, employé dans les fermes du Roy, son oncle Michel Lemaigre de Lizy, sculpteur, Marie-Anne Lemaigre de Lisy, femme du sieur Jean Galand, huissier au Grand Conseil, les peintres Eloi Fontaine et Charles Sevin de La Penaye, deux artistes très prisés par Hyacinthe Rigaud et Charlotte Doeuillet, épouse du sieur Fontaine, bourgeois de Paris. Du côté de Moyreau, seuls deux amis sont présent : Chauveau, conseiller, secrétaire du Roy et Jérôme Lubin, bourgeois de Paris. Pierre Benevault constitue une dot à sa fille de 4500 livres (4000 en deniers comptants et 500 en meubles, linges et hardes) dont 3000 livres de deniers comptants et 500 en meubles la veille de noces et les milles restants en paiements égaux d’année en année dont la première commencera le jour de la bénédiction nuptiale, « de laquelle somme de quatre mille cinq cent livres il en entrera en ladite communauté celle de deux mille livres et le surplus sera et demeurera propre à ladite demoiselle future épouze […] ». Moyreau, quant à lui donne en préfixe à sa future de la somme de trois mille livres. On apprend également que les biens du graveur se montent à la somme de 36 745 livres, soit 2000 livres de rentes sur les aydes et gabelles provenant de la succession de Monsieur de Boulogne, 2 400 livres en un contrat sur Madame Choderlos de Laclos, une action intéressée en la Compagnie des Indes de 2 345 livres, 18000 livres pour les fonds de planches gravées de Wouvermans et 4 000 livres en estampes imprimées,  2000 livres en tableaux, 2 000 livres en meubles et argenterie et 4 000 livres en deniers comptants. Entreront dans la communauté, 2 000 livres de ces biens, le reste lui restant en propre. Enfin, le contrat précise que « pour l’amitié que ledit sieur et demoiselle future épouse ont dit se porter, ils se font par ces présentes donation entre vifs, égalle et réciproque et au survivant d’eux respectivement de tout, les biens meubles et immeubles, acquets, conquets, propres et au généralement quelconques qui se trouveront leur appartenir au jour du décès du premier mourant d’eux, pour en jouir par ledit survivant en l’usufruit seulement sa vie durant, pourvu touttes fois qu’il ny ait aucuns enfants venus du présent mariage […], a été expressément convenu que sur les biens dudit sieur futur époux qui composeront et entreront dans ladite donation, il en sera se trouver sur ledit usufruit la somme de cent cinquante livres par chacun un qui seront payées à compter du jour du décès dudit sieur Moyreau à demoiselle Michelle Moyreau, sa sœur, fille majeure et pendant sa vie, pour luy servir de pension alimentaire, […] ».

Le 24 juin 1741, Pierre Benevault passe en l’étude de Fortier pour faire son procurateur Philippe Pénel, conseiller du roi, contrôleur des rentes du Clergé. Benevault y était qualifié de « peintre, ancien adjoint professeur à l’académie de Saint Luc ». Il est très probable que l’artiste ait décidé de quitter Paris dès cette date et de charger un ami de ses affaires.

Grâce à l’inventaire de feue madame Benevault, on constate que la nomination à Vienne de l’artiste, comme peintre officiel en 1752, avait été précédée par des liens étroits avec la Lorraine et la Suisse, par l’intermédiaire du cardinal de Rohan, du prince de Pons ou de la princesse de Guéméné. Le passage du peintre dans l’atelier de Rigaud n’avait donc pas été sans une quelconque utilité puisqu’il y rencontra Eloi Fontaine (auteur du portrait de La Bourdonnaye, évêque de Léon connu par la gravure de Drevet[20]) mais aussi Charles Sevin de La Penaye, aide majeur de Rigaud[21]. On le voit peindre la belle mère d’un des fils du peintre Jean Ranc, Madame Morard de Galles.

Pierre Benevault : portrait des princesses de Saxe, château de Schönbrunn © d.r.

 

Le château de Schönbrunn conserve quelques œuvres de Benevault « des Mares », tel le double portrait de Jeanne-Gabrielle (1750-1762) et Marie-Josèphe de Saxe (1751-1767), peint en 1759, avant que les princesses ne meurent de la petite vérole. Le 2 décembre 2004 (lot. 1381), passait également en vente à Lindau (Hauktionshaus Zelle) une danse d’Euterpe (huile sur toile, H. 65 ; L. 47 cm). Certains pensent que Benevault était de retour à Paris en 1774, date à laquelle le Mercure de France[22] mentionne la parution d’une estampes faite par Maleuvre : « III. Anthiope, Reine des Amazones, estampe nouvelle, dédiée à S. A. S. Mgr. Louis, Prince de Salm -Salm. Cette estampe a 20 pouces de hauteur & 14 de largeur. Elle est gravée d'après le tableau de Bennevault, par M. P. Maleuvre. Anthiope est debout au milieu de ses femmes, en habit de guerrière & le casque en tête ; elle est suivie d’autres Amazones, dont l’une lui apporte son carquois. Cette composition est imposante, & exécutée par l’Artiste avec beaucoup de talent. Prix 4 liv. A Paris, chez M. Maleuvre, rue des Mathurins, à côté de celle des Maçons. » La planche est également mentionnée en 1788 par Karl Heinrich von Heinecken dans son Dictionnaire des artistes dont nous avons des estampes avec une notice détaillée de leurs ouvrages gravés[23] : « Bennevault. Peintre moderne d’histoire à Paris. On a de lui : Anthiope, reine des Amazones, grande pièce in-folio, gravée par P. Maloeuvre. »

La fille de Benevault, Marie Madeleine, aura deux filles de Moyreau, dont elle deviendra tutrice à la mort de ce dernier. Un acte passé au Châtelet, le 12 novembre 1762, témoigne de cette tution[24] :

« Par devant les notaires au Châtelet de Paris soussignés, furent présens les parents et amis de demoiselle Marie Anne Madeleine Moyreau, âgée de vingt ans ou environ et Marie Charlotte Moyreau, âgée d’environ quatorze ans, filles mineures de deffunt sieur Jean Moyreau, graveur du Roy et de Dame Marie Madeleine Moyreau, son épouse, à présent sa veuve, comparans par la Dame Veuve Moyreau, demeurant à Paris, rue des Mathurins, paroisse Saint Etienne du Mont ; Sieur Jacques Geffrier, maître Bonnelier à Paris, y demeurant rue Saint Honoré, paroisse Saint Eustache, cousin paternel ; Sieur Alexandre Sarazin, employé aux Fermes, demeurant cloître Saint Nicolas, paroisse Saint Germain l’Auxerrois, cousin maternel à cause de demoiselle Marie Anne Françoise Le Maigre de Lizy, sa femme ; sieur Louis Joseph Boullé, bourgeois de Paris, y demeurant rue du Roulle, paroisse Saint Germain l’Auxerrois, cousin maternel ; sieur Jacques Chéreau, marchand d’estampes, demeurant rue Saint Jacques, paroisse Saint Benoît, amy ; sieur Jacques Nicolas Tardieu, graveur ordinaire du roy, demeurant rue du Plastre, paroisse Saint Séverin, amy ; sieur Jacques Aliamet, graveur, demeurant rue des Mathurins, paroisse Saint Etienne du Mont, amy [né à Abbeville le 30 novembre 1726, mort à Paris en 1788, il était connu comme graveur à la pointe sèche] ; et maître Nicolas Etienne Audry, procureur au Parlement, demeurant susdite rue des Mathurins, paroisse Saint Etienne du Mont, amy. Lesquels ont, par ces présentes, fait et constitué pour leur procureur général et spécial, maître [Aubry], procureur au Châtelet de Paris, auquel ils donnent pouvoir de pour eux et en leurs noms, comparôitre en l’Hôtel et par devant messire le lieutenant civil audit Châtelet et la dire et déclarer pour lesdits constituants qu’ils sont d’avis que ladite Dame veuve Moyreau soit nommée et éllue tutrice des dites demoiselles ses filles, mineures, à l’effet de régir et gouverner leurs personnes et biens et que ledit sieur Geffrier soit pareillement nommé et élu subrogé tuteur des dites mineures, faire en conséquence le serment en tel cas requis et accoutumé et générallement faire pour l’homologation des présentes, tout ce qu’il conviendra, promettant, obligeant, fait et passé à Paris, en l’étude, l’an mil sept cent soixante deux, le douze novembre et ont signé, M. M. Bennevault [sic] – Geffrier – Sarazin – Audry – J. Chereau – Tardieu – Aliarmet – Boullé – Dunon - Fortier[25]. »

Madame veuve Moyreau peut ainsi faire réaliser au nom de ses filles, l’inventaire après décès de son défunt mari ; inventaire dans lequel on retrouve un certain nombre de papiers concernant Benevault et qui nous donne d’importantes données sur l’aspect modeste de l’appartement du graveur Moyreau. Son fond de gravure, par contre, constitue la majorité de sa fortune.


[1] Certaines sources ont affirmé que Bénevault était né à Dijon en 1702 et qu’il était mort à Paris, après 1783.

[2] A. N. Min. cent., et. XXI, 340 (Rabouine). Voir Stéphan Perreau, « Pierre Benevault (1685-1767) : à l'école de Rigaud », www.hyacinthe-rigaud.over-blog.com, et « L'inventaire après décès de « Madame Pierre Benevault » (1740-part I & II), www.hyacinthe-rigaud.over-blog.com.

[3] A. N., Min. Cent., et. LXI, 310. En exercice du 9 janvier 1687 au 19 août 1707 rue de la Comtesse-d’Artois sur la paroisse Saint Eustache (source Etanot).

[4] Paul Lepot mourut avant 1714, date à laquelle sa femme est témoin au contrat de mariage, devant maître Marchand le jeune et Vérain (23 décembre 1714) entre Robert Poquet, conseiller du roy, contrôleur général des rentes sur l’hôtel de ville et Catherine Boussingault.

[5] Bathélémy Bardon, maître chandelier avait épousé Catherine Croquoison. Voir A. N., Y5282, 19 juin 1719 : clôture de l’inventaire après décès de Barthélémy Bardon, commencé le 17 avril 1719. Le couple demeurait faubourg de Gloire, paroisse Saint Laurent.

[6] Roman, p. 183, faisant référence au portraits de « Mr et Made Maée, coner au parlemt », peints en 1712 (Roman, p. 164). Il s’agissait d’Étienne-Vincent Le Mée ou Le May, conseiller au parlement de Paris dès 1711).

[7] Original peint en 1712 (Roman, p. 164). Copie mentionnée p. 183.

[8] Ibid.

[9] Original peint en 1714 (Roman, p. 171). Travail mentionné p. 183.

[10] Ibid.

[11] Ibid.

[12] Original peint en 1714 (Roman, p. 178). Travail mentionné p. 183.

[13] Voir Jules Guiffrey, Comptes des bâtiments du roi sous le règne de Louis XIV, Paris, 1881-1901, tome 5, p. 699 et Thierry Lefrançois (Charles Coypel).

[14] « Noms d’artistes ou présumés tels, recueillis dans les extraits des criées certifiées au Châtelet de Paris. 1670-1786 », Paris, BNF, F. 14449, Bulletin de la Société de l’histoire de Paris et de l’Ile-de-France, Paris, Champion, 1874, p. 60.

[15] Testard, que l’on retrouvera en 1740 lors de l’inventaire après décès de Madame Benevault.

[16] Me François Prevost (et. XX).

[17] Testard habitait alors rue Neuve-des-Petits-Champs et Benevault rue Montmartre. Voir Jules Guiffrey, Scellés et inventaire d’artistes, N.A.A.F., 2e série, t. IV, 1883, pp. 326, 327.

[18] A. N., et. XXXI, 117.

[19] L’inventaire après décès est entamé le 15 novembre 1762 par Fortier (A. N., et. XXXI, 174).

[21] Il fut celui qui resta le plus longtemps dans l’atelier de Hyacinthe Rigaud, en fut le dernier et fut autorisé à signer avec son maître le grand portrait en pied de Bossuet, évêque de Meaux (Paris, musée du Louvre).

[22] Mars 1774, p. 165.

[23] Leipzig, 1788, Tome 2, p. 451.

[24] A. N., Y4846.

[25] Alexandre Fortier, notaire, et. XXXI, en exercice du 24 novembre 1728 au 26 janvier 1770, rue de Richelieu, au coin de la rue Neuve-des-Petits-Champs, paroisse Saint-Roch ou paroisse Saint-Eustache, quartier Montmartre ou quartier du Palais-Royal.

Dès 1701, Hyacinthe Rigaud s’entoura donc d’une nouvelle équipe, au sein de laquelle on note l’arrivée d’Éloy Fontaine (1678-ap.1747), maître peintre à l’académie de Saint-Luc, dont on ignorait à peu près tout jusqu’ici. Après de longues recherches en archives, nous avons pu reconstituer quelques bribes de son parcours au regard de documents inédits.

Neuvième rejeton du « hautelisseur » Pierre Fontaine (1661-1698) et de Marie Patte (1637-1712), il naquit sur la paroisse Saint-Firmin-le-Confesseur d’Amiens, le 4 juin 1678, dans la maison familiale de la rue du Hocquet. On ne sait à quelle date il s’installa à Paris et de qui il tira primitivement ses leçons, mais on sait qu’il travailla auprès de Rigaud de 1701 à 1705. Le 27 février 1708, par devant Maître Boucher, notaire de la capitale picarde, Éloy Fontaine « de Paris » épousait Marie Charlotte Doeuillet, jeune fille de 24 ans issue d’une famille de marchands originaire de Roye qui s’était établie sur la paroisse Saint-Martin d’Amiens[1]. Le couple vécut rue Contrescarpe, paroisse Saint-André-des-Arts où, le 16 février 1713, il touche le reliquat d’un legs de 3 000 livres stipulé par le testament mutuel de Pierre Fontaine et de Marie Patte, passé à Amiens 19 mars 1698[2]. Éloy Fontaine s’établit rue du Petit-Pont, effectue des expertises[3], place sa fille de 20 ans, Marie Andrée, en apprentissage chez Marie-Catherine Compagnon, maîtresse lingère au Cul-de-sac-Saint-Martial[4], avant de quitter Paris en donnant, le 25 février 1747, une procuration générale pour ses affaires à Pierre Mollandin, contrôleur des rentes de l’Hôtel de ville[5].

Fontaine se démarque des quelques peintres parisiens homonymes en signant « Eligs. Fontaine pinx » sur les planches gravées d’après ses œuvres. Celles-ci nous montrent un continuateur et repreneur de modèles de Rigaud, parvenu à un haut degré de mimétisme comme dans l’effigie de Jean-Louis Coyon de la Bourdonnaye, évêque de Léon en 1701, seulement connue par les gravures de Pierre Drevet (1709) et d'Étienne Grantel (1706). 


À gauche : Étienne Grantel d'après Fontaine, portrait de Louis de La Bourdonnaye © d.r.
À droite : Claude Duflos d'après Fontaine, portrait de François-Honorat Antoine de Beauvilliers de Saint-Aignan © d.r.

 

Celle réalisée par Claude Duflos (1665-1727) du portrait perdu de François-Honorat Antoine de Beauvilliers de Saint-Aignan, évêque de Beauvais, n’est pas sans rappeler les planches d’Edelinck [*P.491-4-b] et de Drevet [P.491-4-a] d’après le portrait peint par Rigaud en 1697 du cardinal de Noailles.

 

Eloy Fontaine, portrait de femme. colL. part. 1733

Éloy Fontaine, portrait de femme. 1735. Coll. priv. © galerie Wladimir Sokoloff

 

En 2017, un nouvel opus produit par Fontaine a réapparu. Daté et signé au verso « Fontaine 1735 » (et non 1733 comme indiqué par la notice de la galerie qui le vendait), ce portrait de femme est resté sur sa toile d'origine et sur son châssis ancien à traverses clouées.

Présenté en buste, habillé d'un ample manteau brun galonné d'or, le modèle porte une robe de velours verte dont l'échancrure décorée de broderies de palmes également d'or se termine vers le bas d'une broche en cabochon.

Cette mode vestimentaire et cet ordonnancement n'étaient pas sans rappeler les mises en scènes d'autres artiste à la même époque, guidés par une certaine mode. Si l'agencement assez nerveux des drapés n'est pas sans rappeler ceux d'un autre aide occasionnel de Rigaud, Robert le Vrac Tournières, l'enchâssement du modèle dans un grand carcan textile renvoyait à certains bustes féminins peints notamment par Jean Ranc. Le récent passage sur le marché de l'art du portrait d'une anonyme est en ce sens assez parlant, même si les drapés si caractéristiques de Ranc accusent un fini plus soigné[6].

Notons que Fontaine fut suffisamment lié avec Pierre Benevault (1685-1767), pour qu’il signe comme témoin au mariage de la fille de ce dernier avec le graveur Jean Moyreau (1690-1762), le 31 octobre 1739[6].

 

Travaux réalisés par Éloy Fontaine pour Hyacinthe Rigaud :

 

 Année      Nature du travail    Rémunération (en livres)
 1701 Une Copie de mr De La fontaine
L’habit de mr de baubrian
Une tête de mr de noailles
Une Copie de Mr le Chevaller de pousole
L’habit de loriginal

10
5
5
10
28 (et 16 sols)

1702

1703

Deux têtes du portrait du Roy
Un Roy d’espagne sur un toile de 4 francs
Trois buste du Roy d’Espagne  
Une tête de mr le marechal de ville Roys 
Une Copie de mr Adam
Une tête de mr le Duc de Bourgaugne
Un buste Du Roy d’Espagne
Une tête du Roy 
Une tête de Mr le Duc de Bourgongne
Deux têtes du Roy
Un buste de Mr le prince de Brunsvik 
Deux têtes du Roy
Une buste de Mr Du Casse
Une Cuirasse à Mr Carmant
Une tête de Mr le Mareschal de Noailles
Une cuirasse la perruque de Mr du Tirzenet   
Trois têtes du Roy 
Un beuste de Mr valier  
L’habit de Mr Du Casse 
Un beuste de Mr Mansart
Deux beustes du Roy 
Une grande Copie du Roy
Une tête de Mr le Duc de bourgogne 
Deux têtes de Mr levêque d’autun   
Une tête de Me Coustard    
Un buste de Mr Coustard
Une tête de Mr Coustard  
Habillé de Mr Mansart 
Une tete du Roy 
Un buste de Mr fontenelle
Un buste de Mr De Verû 
Autre de Mr Landois 
Un buste de Mlle Castillon
Une tête de Mr le bourgoune 
Autre du même 
Une du Roy la tête 
Deux têtes de Mr le marel de villeroy
Une Copp. de Mr le Conte de guiscar

10
20
30
5
10
5
3
14
18
10
10
10
5
5
6 14 sols
15
10
10
10
20
30
6
12
6
12
4
20
6
12
12
12
12
6
6
6
12
4

 1705

une tête de mr le marechal de ville Roy  
une tête de me pecoil
deux têtes du Roy
une tête de mr bertier 
Ebauché un portrait du Roy en pied
Habillé de mlle de vieux
Habillé de mlle merault
Copie de mr levêque de maux  
Un buste du Roy   
Portrait du Roy en ovalle    
Autre en grand  
Portrait du Roy d’Espagne
Une tête de mr le Comte de Linieres
Une tête de mr le marquis de marillac
Une tête de mr L’anday
Une tête de mongre le duc de bourgogne
Une de monseigneur
Autre de monsgr
Une de monsgr le duc de Bourgogne
Une tête de mr girardot

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[1] Paris, Arch. nat., MC, ET/XXIV/556, quittance du 16 février 1713 à Adrien Fontaine et Catherine Patte, subrogés par François Patte, prêtre, docteur en Sorbonne.

[2] Ibid.

[3] Ibid., ET/XXIII/521, 1er septembre 1742, inventaire après décès de Nicolas Grigé, avocat au Conseil, conseiller secrétaire du roi.

[4] Ibid., ET/XVI/707, 1er avril 1743.

[5] Ibid., ET/XXX/304.

[7] Ibid, ET/XXXI/117. 

La biographie d’Adrien Leprieur (v.1671-1732), souvent noté « Prieur » dans les livres de comptes de Rigaud et auteur de quelques œuvres parvenues jusqu’à nous[1], était jusque récemment assez obscure. Nos recherches aux Archives nationales ont pu dévoiler qu’il était né vers 1671 rue des Deux-Boules, sur la paroisse Saint-Germain-l’Auxerrois, d’Henry Leprieur (m. 1690)[2], marchand tapissier originaire par sa mère de Basse-Normandie, et de Jeanne Grandjean.

Adrien Leprieur : portrait de l'intendant Leblanc (à gauche). Dunkerque, musée des beaux-arts © DMBA / portrait de la famille Leblanc (à droite). Coll. priv. © d.r.

Orphelin de père alors qu’il n’avait pas encore 19 ans[3], Leprieur fut probablement mis en apprentissage chez un peintre de son quartier avant d’intégrer l’atelier de Rigaud, dès 1698, date à laquelle il reçoit 125 livres « pour deux quartiers sur les copies qu’il m’a fait » nous dit le maître[4]. Son talent semble avoir été rapidement apprécié pour toutes sortes de tâches[5]. En 1699, il « brode deux revers » et réalise « trois têtes d’un seigneur allemand ». En 1706, on lui confie « une tête d’abbé » et, en 1709, « un habillement d’un homme de robe ». Son activité est particulièrement intense entre 1700 et 1707, date à laquelle il reçoit 8 livres pour avoir « ébauché le portrait de M[onsieu]r de Villeroy en pied, deux journées », plus 16 livres supplémentaires pour avoir « finy la cuirasse, les mains, l’écharpe et le casque, quatre journées » et enfin 20 autres pour « avoir coppié une bataille d’après M[onsieu]r Paroussel [Parrocel], 5 journées ». Dès 1699, il est aux côtés de Jean Ranc à œuvrer sur des copies du portrait du duc de Vendôme. Cette année-là, il réalise une copie de la comtesse de Meslay [P.563-1] et est le seul collaborateur à habiller M[ademoise]lle Prudhomme [*PC.577] ou Madame de Milhaud [*PC.584].

Avec Viennot, Monmorency et Fontaine, Leprieur est l’un des duplicateurs de l’effigie de Rigaud lui-même [P.594], preuve de la sûreté de son talent. Mais la liste pourrait s’allonger à l’envi. Durant les quatorze ans qu’il passa aux côtés du Catalan, il se lia d’amitié avec d’autres aides à l’instar de Charles Viennot lequel, alors qu’il rédige son testament en 1705, fait de Leprieur son exécuteur testamentaire, « le connoissant homme véritable en qui il a toute confiance ». Il lui lègue d’ailleurs « tous ses dessins, estudes, estampes et autres ustensiles concernant la peinture » et le prie « de finir son portrait de la demoiselle Duplat et de la dame Dupré et du sieur Cottin ou de les faire finir par quelque personne capable ». Viennot distribue ses maigres biens notamment à son frère Claude resté à Lyon, lui enjoignant de fournir à Leprieur la somme de 800 livres pour les frais de maladie et l’exécution du testament. Partiront également pour Lyon « son portrait en grand, son crucifix, la magdeleine des anges et le saint Charles de Mr Lebrun estant dans une armoire dans la chambre qu’il occupe avec les deux portraits de deffunt le sieur leur père dont l’un peint par ledit sieur Rigault et l’autre par ledit sieur testateur, et son portrait de luy mesme fait par ledit sieur Leprieur[6]. »  

Signature d'Hyacinthe Rigaud au contrat de mariage d'Adrien Leprieur, 1712. Paris, arch. nat. © photo Stéphan Perreau

 

Avec Rigaud comme témoin et ami, Leprieur épousa avec contrat en date du 21 février 1712[7], Marie Catherine Bourjat, fille d’un marchand mercier quincaillier de la rue Saint-Germain-l’Auxerrois, lequel était remarié depuis 1706 à Catherine Leprieur, sœur aînée de l’artiste. Le même jour, le peintre fit établir les conditions d’une société de commerce et manufacture de cire d’Espagne, activités dont sa sœur avait hérité de son premier mari, François Louis Cognard. Ayant bénéficié de plusieurs héritages avantageux en 1681, 1688 et 1705, le jeune peintre participa avec ses associés à l’acquisition de la moitié de la maison de la rue des Déchargeurs dans laquelle il vivait déjà et s’émancipa dès lors de Rigaud[8]. Avant de décéder, le 5 mai 1732[9], Leprieur s’était acquis une clientèle fidèle qui le courtisait pour la qualité de ses œuvres[10].

 

Adrien Leprieur, portrait de Jérôme Créon, 1713. Coll. part. © photo d.r.

 

Si l’effigie qu’il fit du notaire Antoine II Belot ne nous est pas connue[11], son portrait de Jérôme Créon, peint en 1713 et récemment réapparu, offre de bons éléments de comparaison avec les œuvres de son professeur. L’ordonnance et la posture sont certes classiques, mais le traitement très fouillé des boucles de la perruque sur une préparation rouge sous-jacente évoque indéniablement le maître[12]. On reconnaît bien également la manière qu’a Leprieur de traiter les yeux en amande avec des cernes accentuées, indices que l’on retrouve dans l’effigie de Claude Le Blanc, intendant de Dunkerque. Fidèlement gravé en buste par Pierre Drevet et reproduit en buste dans un portrait de sa veuve peint par Leprieur en 1728[13], ce tableau avait longtemps trompé les spécialistes qui l’attribuèrent un peu rapidement à Rigaud[14].

À gauche : Pierre Drevet d'après Adrien Leprieur, portrait de François-Pierre de Calvairac. © d.r.

À droite : Adrien Leprieur, portrait d'ecclésiastique. Angers, musée © cliché documentation des peintures du Louvre

 

On perçoit de la même façon une profonde influence du Catalan dans le portrait peint par Leprieur de François-Pierre Calvairac (m. 1742), successeur à l’abbaye de Pontigny de Claude Oronce Fine de Brianville (1656-1708), dont Rigaud avait fixé les traits dès 1696. Si Pierre Drevet grava l’œuvre d’Hyacinthe en 1699 [P.487-1], c’est son neveu Claude qui transcrivit au burin l’œuvre de Leprieur. On connaît encore de lui un portrait du procureur François Le Tourneux, peint en 1715[15] et celui d’un ecclésiastique, peint en 1725[16],  très proche dans sa facture du portrait de l’abbé Pucelle, peint par Rigaud en 1721 [P.1290]. Le traitement diaphane du rochet blanc qui laisse transparaître la mozette rouge est particulièrement remarquable, de même que l’aspect libre des cheveux. L’inventaire après décès inédit d’Adrien Leprieur, établi le 26 août 1735 par sa veuve[17], soit trois ans après sa disparition, prouve l’aisance de l’artiste, détaillant dans une petite chambre au quatrième étage ayant vue sur la cour cinquante portraits « tant d’hommes que de femmes faits et non faits, sans bordure, le tout de l’œuvre dudit deffunt Leprieur et que les particuliers n’ont point retirés, de différentes grandeurs ».

Parmi eux, des membres de sa famille (Paul Alamargot, greffier en chef de l’élection de Montluçon) et quelques clients aisément reconnaissables : le duc d’Antin, peint par Rigaud en 1710 [P.1108], le marquis Charles de La Mothe-Houdancourt (m. 1728), lieutenant des armées du roi, Georges-Gaspard de Contades (1666-1735), lieutenant général[18], Louise-Madeleine Bernard, marquise de Basville, les abbés Bonaventure Racine (1708-1755) et Augustin Nadal (1659-1741), l’évêque d’Avranches, François-César Le Blanc (1672-1746), frère de l’intendant de Dunkerque vu plus haut, celui d’Agde, Philibert-Charles de Pas de Feuquières (1657-1726) et celui d’Angers, Michel Poncet de La Rivière (1671-1730), qui apparaît également dans notre catalogue en 1706 [*PC.950][19].

Encore très récemment, une production indépendante de Leprieur, c’est à dire un portrait peint pour sa propre clientèle, montrait à quel point Rigaud avait autorisé certains aides à utiliser pour eux même ses créations[20]. Le 24 juillet 2014 à Clermont Ferrand, la maison Vassy-Jalenques mettait en vente deux paires de portraits pensés en pendant issus, selon une ancienne tradition, d’une famille du Bourdonnais, les Chardon des Roys[21]. Si les trois premiers furent classés comme « écoles françaises du XIXe siècle, peut-être du fait de leur moindre qualité (deux sous le numéro 93 et un sous le 270)[22], le lot 378 semblait nettement se démarquer. Il montrait une jeune femme, représentée à mi-corps, sans mains, coiffée d’une courte perruque « à cruches » finissant par une longue boucle posée sur une épaule. Sa robe de brocard d’argent à large gorge, les manches relevées agrémentées de perles était complétée d’une large écharpe galonnée aux reflets de soie bleue. Tous ces éléments plaçaient d’emblée le portrait dans la première moitié du XVIIIe siècle.

 

Adrien Leprieur, portrait présumé de Madame Chardon des Roys. Coll. priv. © d.r.

 

Au delà de son évidente qualité, l’élégante effigie présentait un second intérêt en reprenant presqu’à la lettre une posture inventée par Hyacinthe Rigaud dès 1696 pour son portrait de la marquise de Sourches[23]. La méprise d’avec le Catalan eut été totale si, au dos de la toile d’origine, n'avait été conservée la signature d’Adrien Leprieur (v.1671-1736), accompagnée d’une date qu’il reste toutefois difficile d’identifier (1715 ou 1725 ?)[24].

 

Travaux réalisés par Adrien Leprieur pour Htacinthe Rigaud

 
 Année   Nature du travail 

   Rémunération

   (en livres) 

 1695    Une copie de Mr le marechal de bouflairs
   Trois copies en buste du même portrait 
   Habillé Mr De Romeny
   Habillé Mr Du Rufuge
   Une teste de Mr De bouflairs
   Une copie de Mr de vauré
   La draperie de Mr de St Remy                                   
   Celle de Mr De la touche                                           
   Cinq draperies a des copies de mon portrait               
   Une autre copie de Mr le Comte Jugne
   Deux copies de Mr Bégon
   Une de Mr munier                                                        
   Une de Mr de Bouflairs                                                

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[1] Stéphan Perreau, « L’abbé de Rancé et un Adrien Leprieur peu courant », édition numérique, www.hyacinthe-rigaud.over-blog.com, 11 novembre 2010.

[2] Voir son inventaire après décès du 21 février 1690 (Paris, Arch. nat., MC, ET/XXX/117).

[3] Tution d’Adrien Leprieur du 4 janvier 1690 (Paris, Arch. nat. Y4017a).

[4] Ms. 625, 1698, f° 5 v°.

[6] Testament de Charles Viennot, op. cit. (not. 57). Mireille Rambaud fit quelques erreurs dans la lecture de l’acte et dans l’énoncé des tableaux en attribuant un portrait de Hubert Viennot à Leprieur.

[7] Paris, Arch. nat, MC, ET/XXIX/552.

[8] Ibid. MC, ET/LIII/156, 21 novembre 1713 (cité par Wildenstein, 1966, p. 95).

[9] Voir notamment l’acte de tutorat de ses enfants, Louis Adrien né en 1713 et Louis Ambroise né en 1718, en date du 27 mai 1732 (Paris, Arch. nat. Y4479b).

[10] Leprieur avait visiblement signé et reproduit après son départ de l’atelier, un portrait de Louis XIV d’après Rigaud qu’il avait vendu à Jeanne-Marie-Charlotte de Barelier de Saint-Mesmin de Forteville (voir l’état des meubles dans son contrat de mariage avec Raphaël Sauvin, intéressé dans les fermes du roi du 24 juillet 1714, Paris, Arch. nat. MC, ET/XXXVI, 358, cité par Rambaud, 1964, p. 344).

[11] Rapport d’expert dressé par Pierre-Jacques Cazes, peintre ordinaire du roi et André Tremblain, maître peintre, du portrait du sieur Blot, ancien notaire, peint par le feu Leprieur […], 18 juin 1735 (Paris, Arch. nat. Y1900), publié par Wildenstein, 1921, p. 27-28.

[12] Huile sur toile ovale, H. 82 ; L. 65. Vente Paris, hôtel Drouot, Tajan, 20 octobre 2010, lot 95.

[13] Huile sur toile, H. 97 ; L. 73,5. Coll. part. (vte Sotheby’s Monaco, 21 juin 1991, lot 15).

[14] Huile sur toile, H. 145 ; L. 112,5. Dunkerque, musée des Beaux-Arts. Inv. P 522. Mariette, 1740-1770, III, f° 47 v°, n° 69 ; Lelong, 1775, p. 149 ; cat. Dunkerque, 1841, n° 68 (comme Rigaud représentant Vauban) ; cat. Dunkerque, 1854, n° 68 (id.) ; cat. Dunkerque, 1865, n° 68 (id.) ; cat. Dunkerque, 1870, n° 121 (id.) ; cat. Dunkerque, 1880, n° 121 (id.) ; cat. Dunkerque, 1905, n° 278 (id.) ; Vergnet-Ruiz & Laclotte, 1962, p. 250 ; cat. Dunkerque (G. Blazy), 1976, n° 430 (= Rigaud) ; Kuhnmünch, 1983, p. 7 (id.) ; Brême, 2000, p. 32 (id.) ; Levallois-Clavel, 2005, I, p. 31, 87, 210 ; Ibid. II, p. 321-322, cat. P.-I. Dr. n° 28 (= Leprieur).

[15] Revue historique, littéraire et archéologique de l’Anjou, t. XIX, décembre 1877, p. 304. Un autre portrait de jeune femme « à la robe brodée » est également récemment passé en vente publique (huile sur toile, H. 81 ; L. 64. Vte, Paris, hôtel Drouot, Tajan, 25 octobre 2002, lot 143).

[16] Huile sur toile, H. 81,4 ; L. 64,5. Angers, musée des Beaux-Arts. Inv. MBA J 112 (J1881) P. Voir P. Morant, « Peintures datées ou signées du musée des Beaux-Arts. xviiie siècle », Bulletin des musées d’Angers, n° 36, 1970, p. 1-23 (notes : p. 6, n° 112).

[17] Paris, Arch. nat. MC, ET/ XXIV/647.

[18] Huile sur toile, 145 x 111 cm. Château de Montgeoffroy. Reproduit dans cat. exp. Anjou-Sevilla. Tesoros de arte, Séville, Réal Monasterio de San Clemente, 25 juin–2 août 1992, p. 324-325. On l’aperçoit aussi sur une vue d’ensemble du grand salon du château, dans l’ouvrage de Dominique Letellier, « Le Château de Montgeoffroy. Architecture et mode de vie », Angers, Société des études angevines, 1991. On note également au château par Rigaud, une version du Louis XIV en costume de sacre et un portrait en buste du cardinal de Fleury dans sa seconde version.

[19] F° 3 v° : portraits « representant savoir l’un Mr de Contades, l’autre M. le marquis Dherville, un autre M. Fassier, un autre la tête de M. de Cambise, un autre de Chennes, un autre M. Dethoulouse en copie, un autre M. de Lamothe Oudancourt, un autre une copie de M. de Cambise, un autre Mr de Cambise, un autre Mr de la mothe Oudancourt, un autre la tête de Mde la marquise de Basseville, un autre la tete de Mr Degondrin, un autre la tete de M. l’abbé Racine, un autre la tete de M. de Derviller, quatre portrait de la famille de Mr le marquis de Diolere en original et six copies de portrait de la meme famille, la tete de Mr. Alamargot, la tete de Mr Delatour, le portrait du marquis de flavacourt, la mère St Paul feuillantine, deux copies de l’evesque d’avranches, une copie de Mr Riché, une copie de l’abbé Nadal, le portrait de Mr et de Mde Dermand, le portrait original de l’eveque d’Agde et six copies du meme portrait, deux copies de M. Levesque d’Angers, le portrait de Mr Daubigny, cinq portrait de la famille du sr Asselin, de tout lesquels portraits il n’a pu etre fait une juste prisée attendu l’impossibilité de scavoir s’ils seront retirés ou laissés et au cas qu’ils seront laissés, lesdit ouvrages ne seroient regardés que pour la valeur de la toile pour quoy ladite veuve s’estre chargée desdits cinquante portraits soit pour les représenter ou tenir compte de bonne foy ». On notait également dans l’antichambre ayant vue sur la rue (f° 2 v°) « deux petits tableaux représentant une crèche, l’un sur bois l’autre sur toile », prisés 6 livres et « deux tableaux peints sur toile dans leur bordure de bois doré dont l’un representant Louis quinze et l’autre le Roy d’Espagne », sans doute d’après Rigaud et prisés 12 livres.

[20] Perreau, « Adrien Leprieur, ami et bras droit d'Hyacinthe Rigaud », www.hyacinthe-rigaud.over-blog.com, 20 juillet 2015.

[21] D’après les inscriptions modernes rapportées sur les clés des chassis des tableaux. Cependant, les identifications de la vente donnant ces portraits à des modèles de la seconde moitié du XVIIIe siècle doit être revue, compte tenu du style vestimentaire des modèles proche des années 1690-1700.

[22] Ils furent acquis par la galerie Avignonaise Artmediacom et rétablis sous le vocable « école française du XVIIIe ».

[23] Stéphan Perreau, Catalogue raisonné des œuvres d’Hyacinthe Rigaud, Sète, 2013, cat. P.476, p. 124. La posture sera réemployée au moins jusqu’en 1710.

[24] Nous tenons à remercier le nouveau propriétaire de l’œuvre qui nous transmis ces informations suite à la restauration du tableau.

Autoportrait de Hyacinthe Rigaud. Coll. musée d’art Hyacinthe Rigaud / Ville de Perpignan © Pascale Marchesan / Service photo ville de Perpignan